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Elanco & Proplan

17 novembre 2023

Réaction anaphylactique : une coagulopathie est souvent associée aux atteintes graves chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

* différence significative. D'après Smith et al., J. Vet. Emerg. Crit. Care, 2023.
* différence significative. D'après Smith et al., J. Vet. Emerg. Crit. Care, 2023.
 

Chez l'homme, des troubles de l'hémostase sont observés chez des patients développant une réaction anaphylactique, suivant des mécanismes méconnus. Chez l'animal également, de telles associations ont été rapportées, mais de manière sporadique. Elles pourraient être fréquentes dans les cas de réaction sévère… ce qu'une étude prospective a évalué, et confirmé.

Bilan hémostatique dès l'admission

L'étude a été menée à l'école vétérinaire de Bâton-Rouge en Louisiane (États-Unis). Sur la période novembre 2018-janvier 2022, tous les cas de réaction anaphylactique présentés en urgence (hors référés) ont été recrutés. Les premiers signes devaient dater de moins de 6 heures. Une maladie concomitante, ou un traitement en cours ou récent, pouvant entraîner des altérations de l'hémostase était un critère d'exclusion. Évidemment, le propriétaire devait accepter de contribuer à l'étude (la prise en charge de son animal n'était pas retardée).

Car chez ces chiens, une prise de sang était réalisée dans l'heure suivant l'admission et avant tout traitement hormis une éventuelle fluidothérapie, afin de réaliser (entre autres) un bilan hématologique et hémostatique complet. Ce dernier comprenait temps de saignement, temps de Quick (taux de prothrombine), temps de céphaline activée, etc., et tests viscoélastiques réalisés au chevet de l'animal avec un appareil dédié. Une échographie au point d'intervention (POCUS) était également réalisée, permettant de détecter notamment un épanchement péritonéal suspect.

Gravité de la réaction : grade 1 à 3

Au final, l'étude a porté sur 27 cas. La gravité de la réaction anaphylactique était évaluée suivant les signes cliniques à l'admission du chien, selon les critères suivants.

  • Grade 1 (n=5) : signes cutanés (urticaire, érythème, prurit, œdème de Quincke), éventuellement associés à un épisode de vomissements/diarrhée.
  • Grade 2 (n=9) : signes digestifs (vomissements, diarrhée, douleur abdominale), cardiovasculaires (tachycardie, collapsus, pâleur des muqueuses), respiratoires (dyspnée, tachypnée).
  • Grade 3 (n=13) : signes cardiovasculaires (hypotension, arythmie, bradycardie, arrêt cardiaque) et respiratoires (cyanose, bradypnée, arrêt respiratoire).

Hypocoagulation significative lors de choc anaphylactique

Les résultats montrent la présence d'altération de l'hémostase chez ces chiens, à savoir une hypocoagulation, significativement plus marquée chez les chiens développant une réaction anaphylactique grave : grade 3 par comparaison aux grades 1 et 2 (voir figure en illustration principale, qui illustre l'allongement du temps de saignement). La différence entre les grades 1 et 2, en revanche, n'est pas significative.

Des conséquences cliniques à confirmer

Selon de précédentes observations, la coagulopathie était associée à un hémopéritoine spontané et/ou des saignements digestifs. Ici néanmoins, l'échographie POCUS a permis de mettre en évidence des épanchements péritonéaux (potentiellement hémorragiques) dans 13 cas (4 de grade 2 et 9 de grade 3), mais sans association significative avec la présence concomitante d'une coagulopathie.

Toutefois, parmi 11 chiens atteints de troubles de l'hémostase avérés, 7 ont présenté un épanchement péritonéal (tous de grade 3), lequel a été identifié comme hémorragique dans les 3 cas pour lesquels une analyse a été effectuée.

Cette étude montre ainsi que des troubles de l'hémostase (dans le sens d'une hypocoagulation) sont fréquents et significativement associés aux cas de réaction anaphylactique grave. Ils suggèrent un risque de saignements, notamment péritonéaux, ce qui amène à conseiller de réaliser un bilan hémostatique chez ces chiens, et de surveiller l'éventuelle survenue d'hémorragies chez tous.

Les mécanismes expliquant ces troubles restent également à explorer, afin de pouvoir les traiter plus spécifiquement. La cause de la réaction, une envenimation par exemple (piqûre d'abeille ou de guêpe), serait à prendre en compte, afin d'évaluer le rôle du venin inoculé.