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Elanco & Proplan

28 septembre 2023

Télémédecine : les propriétaires en perçoivent les avantages mais sans en profiter

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Contrairement à l'illustration, le vétérinaire ne peut pas ausculter un animal en téléconsultation. L'absence d'examen clinique est identifié par les propriétaires comme associé à un risque d'erreur de diagnostic (cliché Pixabay).
Contrairement à l'illustration, le vétérinaire ne peut pas ausculter un animal en téléconsultation. L'absence d'examen clinique est identifié par les propriétaires comme associé à un risque d'erreur de diagnostic (cliché Pixabay).
 

« La télémédecine, c'est pratique. Mais je ne m'en sers pas ». La crise Covid a boosté le développement de la télémédecine vétérinaire. La téléconsultation, notamment, peut adopter plusieurs formats, de la conversation téléphonique aux outils connectés les plus sophistiqués. Sa récente expérimentation en France n'a pas été unanimement concluante, et son encadrement reste en cours de réflexion. Il semble en être de même dans d'autres pays : une enquête a été menée auprès de propriétaires d'animaux de compagnie d'Autriche, du Danemark et du Royaume-Uni, afin d'évaluer leur appréciation de ce mode de consultation, et son usage. Les résultats sont mitigés.

Trois pays pour être plus représentatif

Ces trois pays ont été choisis pour une meilleure représentativité de la situation générale. Ils diffèrent en termes de digitalisation, les technologies numériques étant plus largement implantées au Danemark, par exemple.

Les enquêtes ont été réalisées en mars 2022. Elles ont récolté les réponses exploitables de 1500 citoyens autrichiens, 1552 danois et 1558 britanniques, mais finalement 2117 propriétaires de chiens ou chats : 800 autrichiens, 626 danois et 691 britanniques. Au total, 40 % (n=844) des répondants sont des propriétaires de chiens, 41 % (n=872), de chats et 18,5 % (n=401) des deux.

Le questionnaire comprenait 3 sections :

  • sur les caractéristiques sociodémographiques de la personne et les données démographiques de son animal ;
  • sur des sujets relatifs à la médecine vétérinaire moderne et en particulier la télémédecine, son usage, ses avantages et inconvénients perçus ;
  • sur l'environnement social de la personne (isolée ou non).

Seulement un quart des non-utilisateurs accepterait le service

Les résultats montrent qu'une minorité de propriétaires ont déjà eu recours à une téléconsultation : ils sont 6,4 % des propriétaires de chats et 12 % des propriétaires de chiens ici. Entre 11 et 14 % ne connaissent pas son existence. Et finalement, les proportions d'utilisateurs sont les plus faibles au Danemark : 4,3 % des propriétaires félins et 5,7 % des propriétaires canins, la différence étant significative pour les chiens.

Les non-utilisateurs et ceux qui découvrent cette possibilité ont été interrogés sur leur utilisation du service s'il leur était proposé (à la place d'une consultation habituelle) : seulement un quart environ l'accepterait, sans différence significative entre les propriétaires de chats (25,9 %) ou de chiens (23 %), ni entre les pays. Les auteurs s'étonnent de cette faible proportion, d'autant plus que les propriétaires ont plutôt une bonne perception de cette possibilité, et de ses avantages.

Accéder plus facilement à un spécialiste

Parmi les intérêts perçus d'une téléconsultation figure celui d'obtenir un conseil… sur le besoin de venir en consultation ! En cas d'urgence donc. Une consultation de suivi et un accès plus facile à un spécialiste sont également des avantages perçus. Les consultations spécialisées sont effectivement souvent concentrées dans les grandes villes, avec la contrainte de la distance pour s'y rendre.

Les propriétaires sont conscients des risques de « passer à côté de quelque chose » : l'absence d'examen clinique peut entraîner une erreur de diagnostic et ainsi des soins inappropriés.

Ils considèrent par ailleurs qu'une consultation sera facturée moins cher qu'une consultation à la clinique – ce qui peut freiner les vétérinaires à développer le service. Toutefois, les personnes à faibles revenus ne sont pas plus utilisateurs que les autres.

Quant à l'impact sur la relation avec le vétérinaire, les réponses sont mitigées, également réparties entre ceux qui considèrent qu'elle sera renforcée, ceux qui considèrent l'inverse et ceux qui sont sans avis. Encore faut-il que l'animal soit suivi par un même vétérinaire, ce qui devient moins fréquent dans les grandes cliniques ou les réseaux, constatent les auteurs.

Éviter le stress du chat ?

Dans les trois pays, l'usage effectif de la télémédecine est corrélé au nombre de consultations réalisées à la clinique durant l'année écoulée. Plus les consultations ont été nombreuses, plus le recours à une téléconsultation est fréquent. La téléconsultation serait ainsi bien utile et pratique lors de maladie chronique, ou pour un chat qui supporte mal les visites à la clinique. Les auteurs constatent toutefois qu'à l'inverse de leur hypothèse, les propriétaires de chats sont moins utilisateurs que les propriétaires de chiens, potentiellement en lien avec la moindre médicalisation des chats, qui sont donc présentés plus tardivement à un vétérinaire, une consultation à la clinique étant alors à privilégier.

Dans une moindre mesure, les jeunes propriétaires de chiens sont davantage utilisateurs, sans doute car plus à l'aise avec ces technologies. De même que les propriétaires qui pensent que la téléconsultation renforce le lien au vétérinaire.

Chez les non-utilisateurs, ceux qui seraient séduit par le service sont plutôt ceux qui en perçoivent des bénéfices, qui en prévoient un renforcement de la relation au vétérinaire, ou qui veulent éviter le stress du trajet vers la clinique pour leur animal.