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6 mai 2025
Quelles tiques et quels agents pathogènes portés par elles, chez les hérissons urbains d'Île-de-France ?
Le hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus) est une espèce dont le déclin a justifié en 2023 son changement de classement depuis « préoccupation mineure » à « quasi-menacée ». C'est aussi une des espèces les plus fréquemment apportée en centre de soins par le public. Les zones urbaines (avec espaces verts) et périurbaines abritent des populations de hérissons plus denses et plus abondantes que les zones agricoles. Ce recouvrement des zones habitées par les humains et les hérissons facilite probablement la découverte et la prise en charge des individus malades ou blessés. Cette conjonction fait aussi du hérisson une espèce sentinelle intéressante pour étudier ou surveiller les agents pathogènes multi-hôtes présents dans les écosystèmes urbains.
L'hôpital de la faune sauvage de l'École nationale vétérinaire d'Alfort a été impliqué dans une étude sur les hérissons d'Île-de-France. Une première série de hérissons admis pour traumatisme ou prédation, et décédés pendant les soins, a été étudiée afin d'évaluer la diversité des tiques présentes chez cette espèce. Au total, 480 tiques ont été identifiées sur 109 des 144 hérissons examinés. Toutes les tiques identifiables appartenaient à l'espèce Ixodes hexagonus. Bien que cette espèce puisse mordre les humains, elle est considérée comme spécialisée sur les hérissons et d'autres petits mammifères. Aucune tique de l'espèce I. ricinus n'a été identifiée, ce qui diffère des résultats d'autres études européennes. I. ricinus est considérée comme une espèce de tique plus généraliste, vraisemblablement plus susceptible de mordre les humains et, par conséquent, de leur transmettre un certain nombre de maladies zoonotiques.
Une deuxième phase du projet s'est intéressée aux agents pathogènes transmis par les tiques prélevées chez des hérissons urbains et périurbains d'Île-de-France. Des biopsies d'oreille ont été collectées chez 110 animaux morts pendant les soins (dont 3 faisaient également partie de la phase précédente). Ces échantillons ont été analysés par PCR, avec une méthode permettant de détecter simultanément la présence de plus d'une trentaine d'agents pathogènes.
La faible biodiversité de tiques et d'agents pathogènes observée chez les hérissons d'Île-de-France est frappante. D'autres études chez des hérissons ont pu mettre en évidence le portage d'autres espèces de tiques, et une plus grande diversité d'agents pathogènes chez ces tiques, par exemple pour les Borrelia spp. ou Rickettsia spp. Ce résultat pourrait donc refléter pas la faible biodiversité des écosystèmes urbains – mais cet aspect n'est pas discuté dans la publication. Cela suggère toutefois que les conclusions de cette étude ne sont pas nécessairement généralisables à d'autres zones géographiques ou à d'autres types d'écosystèmes. Pour les vétérinaires qui prennent en charge des hérissons, cette étude rappelle que les tiques peuvent être vectrices d'agents pathogènes zoonotiques. Par ailleurs, les hérissons peuvent également être porteurs de salmonelles, de dermatophytes, de Staphylococcus aureus résistants à la méticilline, ainsi que de leptospires. Il est donc important de respecter des règles d'hygiène et de biosécurité de base lors de leur manipulation. De manière générale, pour le public qui apporte des animaux malades, il est pertinent de recommander une bonne hygiène des mains et d'éviter un contact trop rapproché avec les hérissons (par exemple, éviter les selfies, éviter de toucher l'animal puis le téléphone sans se laver les mains…). Pour les praticiens et leurs équipes, il peut être judicieux de porter des gants lors des soins et du nettoyage des cages. En pratique, les gants sont parfois peu compatibles avec les piquants : il est possible d'essayer de superposer des gants de bricolage ou de jardinage lavables avec des gants d'examen…
À l'heure actuelle, le rôle pathogène ou non des agents transmis par les tiques pour les hérissons n'est pas clairement établi, ce qui rend difficile l'évaluation de la pertinence d'un traitement. En ce qui concerne les tiques elles-mêmes, leur présence est habituelle chez les hérissons, et elles ont rarement un impact significatif sur leur santé. Le traitement reste donc facultatif, à adapter en fonction de l'évaluation clinique de l'animal. Les tiques ne peuvent généralement pas boucler leur cycle de vie dans les structures de soins, et ne représentent pas de risque pour les autres animaux hébergés. Une attention particulière doit toutefois être portée à la problématique de l'infestation dans les centres de soins disposant d'enclos extérieurs “naturels”. Cette étude fait donc apparaître le potentiel des hérissons comme espèce sentinelle des maladies multi-hôtes présentes en milieu urbain et périurbain. Elle montre aussi un exemple concret du rôle qui peut être joué par les centres de soins dans la surveillance des maladies de la faune sauvage.
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