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2 juin 2023

L'impact environnemental de la clinique : un critère dans la recherche d'emploi des futurs vétérinaires

par Caroline Bégule-Convert

Temps de lecture  6 min

Plus de 6 étudiants vétérinaires sur 10 considèrent l'impact environnemental des cliniques vétérinaires dans sa recherche de stage ou d'emploi.
Plus de 6 étudiants vétérinaires sur 10 considèrent l'impact environnemental des cliniques vétérinaires dans sa recherche de stage ou d'emploi.
 

C'est un fait, les enjeux environnementaux sont au cœur des préoccupations des étudiants ! Dans ce contexte, la Consultation nationale étudiante (CNE) a mené une enquête auprès des étudiants, inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur en France. La vocation de la CNE est de faire un état des lieux de l'engagement des étudiants. Et cette consultation permet au Réseau Français Étudiant pour le Développement Durable (REFEDD) de porter la voix des étudiants auprès des établissements d'enseignement supérieur et des institutions.

Échantillon varié et représentatif

Le questionnaire d'enquête, diffusé entre le 15 octobre 2019 et le 7 janvier 2020, a recueilli 50 000 réponses.

L'échantillon interrogé est riche et représentatif des étudiants actuels, comme le montre la répartition des répondants en termes démographiques et de domaine d'étude (voir les graphiques ci-après).

Répartition des répondants par sexe, âge et établissement d'études

Source : Enquête CNE 2020

Répartition des répondants par domaine d'études

Source : Enquête CNE 2020

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Les réponses permettent aux auteurs de l'étude de distinguer trois profils majeurs parmi ces étudiants.

Une majorité de « sensibilisés »

57 % des répondants ont un profil dit « sensibilisé ». Les étudiants de cette catégorie pensent que le changement climatique est anthropique. Et selon l'analyse des auteurs, dans ce profil, « les étudiants sont angoissés vis-à-vis de l'avenir, au regard des changements climatiques. La majorité d'entre eux pense que les enjeux environnementaux ne sont pas assez pris en compte par les médias, les entreprises et les dirigeants politiques. Il ne se sentent pas assez formés et souhaiteraient l'être davantage. La majorité des membres de ce groupe a remis en cause ses habitudes de consommation, mais ne les a pas forcément changées ». La majorité des étudiants est ainsi sensible face aux enjeux environnementaux, mais finalement peu engagée au quotidien.

Moins de 4 sur 10 sont « engagés »

38 % des répondants ont un profil dit « engagé ». Comme le groupe précédent, les étudiants de cette catégorie pensent que le changement climatique est anthropique. Ils sont angoissés vis-à-vis de l'avenir et son convaincus que les enjeux environnementaux et les intérêts des générations futures sont insuffisamment, voire pas du tout pris en compte. En revanche, dans ce groupe, « les étudiants sont engagés dans une association et ont changé une partie de leurs habitudes de consommation. Et pour eux, les enjeux environnementaux sont un critère dans leur recherche d'emploi, même s'il n'est pas déterminant pour tous ».

Quelques « climatoseptiques »

5 % des répondants ont un profil dit « climatosceptique ». Cette petite partie d'étudiants pense que le changement climatique est principalement d'origine naturelle, voire qu'il n'y a pas de changement climatique. « Contrairement aux autres groupes, ces étudiants sont plus de la moitié à se dire confiants, optimistes ou indifférents vis-à-vis de l'avenir au regard du changement climatique. Ce sont des personnes qui ne suivent pas de formation liée aux enjeux environnementaux, pourtant plus de la moitié se sentent assez formés à ces enjeux ».

L'éco-anxiété : un sentiment en croissance

Cette enquête met en lumière que 85 % des 50 000 répondants se considèrent angoissés vis-à- vis de l'avenir au regard du changement climatique. Ces observations vont dans le sens des conclusions d'un rapport de l'ADEME paru fin 2019, selon lequel 49 % des étudiants classent l'environnement en tête des enjeux les plus préoccupants. On parle désormais d'éco-anxiété ! Et celle-ci augmente d'années en années.

Il paraît de plus en plus évident pour les étudiants que les entreprises - et donc les cliniques vétérinaires - ont un rôle actif à jouer dans la démarche de protection environnementale. Et pour venir corroborer cet enseignement, les étudiants sont 78 % à penser qu'un établissement qui la prend en compte est plus attractif que les autres.

Dans ses conclusions, la CNE relève que « les problématiques de la protection du vivant et de l'environnement s'avèrent primordiales pour une écrasante majorité d'étudiants. L'éco-anxiété est un sentiment réel pour une très large majorité des sondés, et ce sans distinctions socio-démographiques ». Face à ce constat inquiétant, il a été souligné qu'une majorité d'étudiants est déjà engagée d'une manière ou d'une autre dans des associations, dans sa recherche de stage ou d'emploi, ou dans sa consommation. Il paraît donc essentiel que « les entreprises mettent en place des moyens pour soutenir l'action des étudiants. De manière générale, les étudiants souhaitent que les campus et les entreprises remettent en question leur fonctionnement pour tendre vers des pratiques moins destructrices du vivant ».

Même trajectoire pour les étudiants vétérinaires

En 2022, une étude a été menée par l'association EcoVeto, auprès de 274 étudiants vétérinaires. Certes, l'échantillon est plus restreint, mais la majorité des retours est alignée avec l'enquête de la CNE. Il semblerait même que les étudiants vétérinaires soient plus engagés que la plupart des étudiants français, ce qui pourrait avoir du sens, au vu de leurs études, tournées vers la « préservation du vivant ».

Plusieurs enseignements majeurs de cette étude EcoVeto sont intéressants pour une clinique vétérinaire :

  • 94 % des étudiants vétérinaires sont inquiets au regard des enjeux environnementaux actuels, soit 9 % de plus que la majorité des étudiants français (selon l'enquête CNE 2020) ;
  • 85 % estiment que l'impact environnemental des vétérinaires est important, et pour 90 %, cela remet même en cause leur engagement professionnel. Cette étude nous informe que « 97 % pensent que la médecine vétérinaire doit se réinventer face aux enjeux environnementaux » ;
  • 72 % ne se trouvent pas du tout formés à cet impact ;
  • 81 % considèrent qu'un établissement qui prend en compte ces enjeux est plus attractif que les autres (ils sont 78 % dans la population étudiante française) ;
  • Enfin, pour 62 %, l'impact environnemental d'une clinique vétérinaire est un critère dans la recherche d'emploi et de stage. Pour 11 % d'entre eux, ce serait même un critère déterminant.

La démarche RSE : une réponse à cette attente ?

Face à ces nouvelles attentes, certaines questions vous viennent peut-être à l'esprit…  Où en suis-je dans ma clinique ? Suis-je « éco-attractif » pour cette nouvelle génération ? D'ailleurs, seriez-vous en mesure, lors d'un entretien d'embauche, de décrire quelques démarches éco-responsables ?

L'association EcoVeto a ainsi souligné que « la profession doit tenir compte des préoccupations de ces étudiants, pour qu'ils conservent la passion de leur futur métier et pour optimiser le recrutement ».

Dans les écoles, les associations bougent ! À VetAgro Sup, par exemple, des étudiants ont lancé un cycle de conférences « Avant d'aller sur Mars ! », ouvert à tous les publics pour aborder toutes les questions autour des enjeux environnementaux. De très nombreuses thèses vétérinaires sur ces thèmes fleurissent aussi depuis quelques années. Dans le cadre de l'une de ces thèses, un questionnaire sur le développement durable en clinique vétérinaire : Évaluation des pratiques RSE, a été récemment lancé en ligne et dans la presse vétérinaire (il est désormais clos).

Finalement, mettre en place une démarche éco-responsable (RSE) dans les cliniques vétérinaires n'aurait-il pas aussi le bénéfice pertinent de séduire cette nouvelle génération ?