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29 mars 2023

Sarcoïdes chez le cheval : pas de piste de consensus thérapeutique

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Les sarcoïdes sont des tumeurs cutanées particulièrement fréquentes chez le cheval, généralement de petite taille, mais envahissantes et récidivantes (cliché Wikimedia Commons).
Les sarcoïdes sont des tumeurs cutanées particulièrement fréquentes chez le cheval, généralement de petite taille, mais envahissantes et récidivantes (cliché Wikimedia Commons).
 

Les sarcoïdes représentent environ 20 % des tumeurs équines, et 46 % des tumeurs cutanées. Bien que bénignes et non métastatiques, elles peuvent être envahissantes, récidivantes, et localement agressives, occasionnant des lésions secondaires (infectieuses ou ulcératives). Pourtant, leur traitement est variable, avec une efficacité tout aussi variable selon les études. Des cliniciens universitaires ont effectué une revue de la littérature pour tenter de dégager une piste de consensus thérapeutique. Mais sans succès.

Seulement 10 études retenues

Les études éligibles étaient celles évaluant l'efficacité à long terme (6 mois a minima) du traitement de sarcoïdes, dont la nature avait été établie par histologie (sur quelques lésions au moins). Elles étaient classées par niveau de preuve scientifique, acceptées toutefois dès le niveau 4, correspondant par exemple à des séries de cas (avec néanmoins un groupe témoin) ou à des études rétrospectives. Les publications trop anciennes (avant 1970) étaient exclues, de même que celles non disponibles en anglais.

Réalisée en avril 2021, la revue a abouti à la sélection de 10 publications seulement (parmi plus de 1000 initialement identifiées et 33 éligibles). Le principal motif d'exclusion des études était le manque de confirmation du diagnostic de sarcoïdes par histologie. Pour 6 parmi les 10 retenues, une analyse histologique de toutes les lésions traitées avait été réalisée.

Seulement 2 études avaient inclus un groupe contrôle (non traité ou traité avec un placebo).

28 à 100 % de régression lésionnelle

L'efficacité (régression totale de la tumeur) était évaluée par animal ainsi que par lésion (pourcentage d'animaux ou de lésions guéries). Les traitements mis-en-œuvre sont très hétérogènes (excision chirurgicale, cryothérapie, etc.) et leur efficacité très variable, allant de 28 à 100 % à l'échelle lésionnelle, et de 9 à 100 % à l'échelle du cheval (voir synthèse dans les figures ci-après).

Taux de régression totale des lésions (A en haut) et pourcentage de chevaux guéris (B en bas) observés dans chacune des 10 études retenues, selon les traitements entrepris (plusieurs par étude le plus souvent). Sharpe excision : excision au scalpel ; Sx : chirurgie ; ECT : électrochimiostimulation. D'après Offer et al., Equine Vet. J., 2023.

 

Un taux de guérison dépassant 90 % est observé avec 4 types de traitements :

  • La radiothérapie (or ou iridium radioactif), mais qui requiert l'anesthésie générale du cheval puis son isolement, se limite aux lésions superficielles ou de petite taille, et est surtout associée à des risques élevés d'exposition accidentelle (des personnes ou du cheval en cas d'ingestion) ;
  • La cryothérapie, mais généralement associée à l'excision chirurgicale et nécessitant plusieurs cycles thérapeutiques ;
  • La chimiothérapie intralésionnelle (cisplatine), à nouveau souvent combinée à la chirurgie ;
  • L'électrochimiostimulation, qui associe l'injection locale d'un anticancéreux (cisplatine) à une électrostimulation afin de favoriser la pénétration de la molécule dans les cellules, et ainsi potentialiser ses effets. Elle peut être combinée à l'excision chirurgicale, notamment pour les lésions volumineuses ou invasives.

Un traitement topique est plus facile à mettre en œuvre pour le détenteur de l'animal, l'application d'imiquimod présentant alors les taux de guérison les plus élevés à l'échelle lésionnelle mais pas à l'échelle de l'individu. Une approche multimodale semble aussi bénéfique.

Rares effets indésirables graves

Les effets indésirables sont fréquents mais peu graves, essentiellement limités à une réaction locale, transitoire, quel que soit le type de traitement. Quelques rares cas isolés de complications plus graves sont rapportés (une réaction anaphylactique suite à immunothérapie, ou une arthrite septique, par exemple).

Traitement au cas par cas

Le petit nombre d'études disponibles, l'hétérogénéité des méthodologies suivies, l'importance des biais et la diversité des résultats obtenus ne permettent pas de suggérer des pistes de recommandations thérapeutiques. Et le choix du traitement ne peut se faire qu'au « cas par cas », reconnaissent les auteurs.

La variabilité du comportement clinique de ces tumeurs ne favorise pas l'uniformisation des traitements. Mais les auteurs encouragent la réalisation de travaux de recherches prospectifs qui permettraient de disposer de données scientifiques robustes afin d'améliorer les pratiques.