24 octobre 2025

Une correction chirurgicale est pratiquée dans les cas les plus graves de syndrome obstructif respiratoire (SORB) qui touche les chiens brachycéphales de conformation extrême. Cette chirurgie donne de bons résultats en postopératoire immédiat. Mais des complications sont rapportées (jusqu'à 26 % des cas), ainsi que des décès (jusqu'à 7 % des cas).

C'est donc l'évolution à long terme – peu documentée par des paramètres objectifs – qui a motivé la réalisation d'une étude longitudinale (publiée en libre accès dans Veterinary Surgery). Les auteurs anticipaient une détérioration progressive, mais leurs résultats leur donnent finalement tort.

Suivi sur plusieurs années

Cette étude s'est déroulée à l'École vétérinaire de Cambridge (Angleterre). Les 32 chiens inclus étaient des carlins (n=10), des bouledogues français (n=16) et des bulldogs anglais (n=6), tous référés à l'hôpital vétérinaire universitaire et opérés en traitement d'un SORB avant 2019. L'objectif était effectivement de disposer d'un suivi de 3 ans au moins. Les cas opérés pour la seconde fois ou réopérés par la suite étaient exclus, ainsi que les interventions très complexes (incluant par exemple l'ablation du palais ou de la langue, une turbinectomie au laser, une trachéostomie permanente…).

Il s'agissait de mâles à 53 % et de femelles à 47 %. Ils étaient âgés de 35 mois (± 25) au moment de la chirurgie.

Les chiens avaient été évalués avant puis après la chirurgie (la consultation de suivi est généralement programmée à 8 semaines postopératoires). Et ils ont donc été réévalués, après une durée de 1208 à 2927 jours : 1645 jours en médiane soit 4,5 ans.

Deux paramètres objectifs et une enquête

Pour ces évaluations, les chiens ont été soumis :

• à un test d'effort (d'une durée de 3 minutes), permettant d'évaluer leur fonction respiratoire au travers du grade RFG (respiratory functional grade), lequel va de 0 à 3 (SORB absent à sévère) ;
• et, pour 16 d'entre eux, à une pléthysmographie corporelle pour calculer leur index BOAS (brachycephalic obstructive airway syndrome), allant de 0 à 100 % (obstruction respiratoire absente à sévère).

Les propriétaires ont également complété un questionnaire afin de récolter leur avis sur l'état de santé de leur chien et l'importance des signes cliniques de dyspnée, ainsi que leur satisfaction de l'intervention chirurgicale.

Maintien des résultats dans le temps

Les résultats montrent une amélioration significative à court terme des paramètres respiratoires. Ainsi, avant l'intervention, seuls 3 chiens étaient de grade RFG 0 ou 1, tandis qu'ils étaient 26 au suivi postopératoire. Et l'index BOAS moyen est passé de 71,6 % avant la chirurgie à 46,7 % après.

Mais surtout, ces scores sont maintenus à long terme, avec 24 chiens de grade RFG 0 ou 1, et un index BOAS moyen de 49,1 % à la troisième évaluation : les différences ne sont pas significatives par comparaison au suivi à court terme (voir figure en illustration principale).

Ces bons résultats sont encourageants, montrant que le pronostic est favorable lorsque les résultats à court terme sont positifs. Ils sont d'autant plus intéressants que le SORB est une affection évolutive, caractérisée par une dégradation clinique chez les chiens âgés.

Dyspnée persistante chez près de 4 chiens sur 10

Les propriétaires sont 31 à avoir complété le questionnaire final. Et 29 d'entre eux (soit 94 %) estiment que la chirurgie a amélioré la qualité de vie de leur chien. Ils sont 97 % (30/31) à recommander une telle chirurgie.

Toutefois, si une majorité (17/31 soit 55 %) considère que le chien respire normalement, 2 n'en sont pas certains, et 12 (soit 39 %) constatent une persistance de difficultés respiratoires.

Parmi les premiers (respiration jugée normale), 1 chien présente tout de même un grade RFG de 2 (SORB modéré) et l'index BOAS moyen de ces chiens est de 50,8 %. Inversement, parmi les derniers (troubles persistants), 2 chiens sont de grade RFG 0. Cela confirme la relative subjectivité de l'évaluation des propriétaires.

Malgré les bons résultats de la chirurgie, il convient aussi de noter qu'à long terme, 25 % des chiens présentent un grade RFG de 2 (obstruction modérée) et 59 % un index BOAS dépassant 51 %... Les signes cliniques persistent donc dans nombre de cas. Et bannir les conformations brachycéphales extrêmes demeure évidemment la meilleure stratégie de prévention.