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24 mars 2023

Calypso : la remontée automatique des usages d'antibiotiques débutera le 4 avril

par Agnès Faessel

Temps de lecture  8 min

La connexion à la plateforme Calypso (calypsovet.fr) s'effectue à l'aide des identifiants ordinaux (n° et mot de passe).
La connexion à la plateforme Calypso (calypsovet.fr) s'effectue à l'aide des identifiants ordinaux (n° et mot de passe).
 

Calypso est officiellement lancée !

Le Conseil national de l'Ordre des vétérinaire (Cnov) et la DGAL ont co-organisé une conférence de presse le 14 mars à Paris pour le lancement officiel de la plateforme Calypso destinée à centraliser, simplifier et dématérialiser les tâches administratives des vétérinaires praticiens. Sorte de « guichet unique » pour la profession, Calypso version 1 débute avec 2 fonctionnalités : la formation continue et, surtout, la remontée des usages d'antimicrobiens.

À quoi sert cette plateforme ? Et comment l'utiliser ? Présentation en format questions/réponses.

Pourquoi ce nouvel outil ? D'abord pour répondre aux exigences européennes.

Le projet Calypso trouve son origine dans l'application de la réglementation française puis européenne, instituant, entre autres, la remontée des usages (cessions) d'antimicrobiens par les vétérinaires (initialement en France la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt du 13 octobre 2014 et le décret n°2016-1788 relatif à la transmission de données de cession des médicaments utilisés en médecine vétérinaire comportant une ou plusieurs substances antibiotiques, puis le règlement européen 2019/6 relatif aux médicaments vétérinaires).

Les ventes d'antibiotiques sont déclarées de longue date par les fabricants et distributeurs, permettant un suivi par famille, par molécule, par espèce animale… Le rapport annuel de l'ANMV (agence nationale du médicament vétérinaire), publié chaque année en novembre lors de la semaine de l'antibiorésistance, présente l'analyse de ces données et de leur évolution.

Le règlement européen 2019/6 prévoit toutefois de récolter et ainsi de pouvoir étudier l'exposition aux antibiotiques à l'échelle de l'exploitation (l'élevage). À ce jour en effet, les analyses portent sur des estimations basées sur les volumes vendus rapportés aux populations animales, extrapolées à partir du poids moyen des animaux et des protocoles habituels (dose et durée de traitement). Elles manquent de précision et ne tiennent pas compte des usages hors AMM. La remontée des usages de terrain permettra d'affiner les études, de descendre à l'échelle des animaux d'élevage par sous-catégorie (porcelets, porcs à l'engrais et truies par exemple), d'évaluer les variations spatiales et temporelles (consommation par bassin de production, effet saisonnier), etc. Une mine d'informations qui permettra, selon l'ANMV, d'optimiser les usages. Car la réduction drastique observée depuis la mise en place des plans EcoAntibio a atteint un seuil et les marges de progrès, en règle générale, sont maintenant réduites.

Une telle remontée d'information, se voulant automatique et systématique, nécessite des outils numériques dédiés. Le projet Calypso est donc né du souhait de la profession, avec le soutien des instances administratives, de développer un tel outil, lequel s'est étendu au développement d'une plateforme unique, aux multiples fonctionnalités.

Quels médicaments sont concernés par ces déclarations d'usage ? Les antimicrobiens.

Le règlement européen souhaite élargir la surveillance des usages aux antimicrobiens, qui comprennent donc les antibiotiques, mais aussi les anticoccidiens, les antifongiques, les antiprotozoaires... La problématique des résistances potentielles à ces traitements motive une telle surveillance.

Quels acteurs sont concernés ? Les ayants droits, mais pas seulement.

La mesure concerne les ayants droits du médicament vétérinaires, donc les vétérinaires et les pharmaciens en particulier. Les fabricants et distributeurs d'aliments médicamenteux sont également concernés.

À qui remontent ces données ? À l'ANMV.

En France, c'est l'ANMV qui centralise ces données (anonymisées), les traite et les transmet à l'EMA (agence européenne du médicament). S'agissant d'un projet européen, le format des données transmises a été précisé (règlement d'exécution 2022/209).

En sens inverse, l'agence a prévu une restitution des statistiques de la clinique : un travail de réflexion et de développement est réalisé sur la chaîne descendante afin de fournir des données utiles au vétérinaire.

Quelle est la date d'entrée en vigueur ? Entre 2023 et 2029 selon les espèces.

Le calendrier varie selon les espèces animales.

  • Cette déclaration des usages s'applique cette année aux principales espèces d'animaux de rente : bovins, porcs, poules (poulet et pondeuses) et dindes. L'ANMV récolte ainsi les premières données en 2023, qu'elle transmettra à l'EMA au premier semestre 2024. Une tolérance est évidemment accordée sur les premiers mois de 2023, en l'absence d'outil disponible au premier janvier.
  • En 2026, les remontées d'usage seront étendues aux autres espèces d'animaux de production (ovins, caprins, lapins…) et aux chevaux (exclus ou non de la consommation).
  • En 2029 enfin, elles concerneront aussi les animaux de compagnie (chiens et chats).

Toutefois, Calypso est développée d'emblée pour toutes ces espèces, l'interface étant unique.

Concrètement, Calypso est officiellement lancée depuis le 14 mars et l'extraction des données débutera le 4 avril.

Qui a développé Calypso ? La profession.

Calypso est un outil dont le développement est piloté par l'Ordre des vétérinaires, en coordination avec l'ANMV, et en concertation avec les organisations professionnelles vétérinaires (SNGTV, Afvac, Avef, SNVEL) et les chambres d'agriculture.

La démarche découle d'un constat commun de l'absence d'outil permettant la réalisation de cette nouvelle tâche et d'une volonté de la rendre la moins contraignante et coûteuse possible. La plateforme Calypso couvre également le souhait de dématérialiser les échanges avec l'administration : la remontée des données de cession ne constitue que l'un des multiples processus métiers prévus dans le projet.

D'où sont extraites les données ? Des logiciels de gestion des cliniques.

La remontée des données d'usage – dites données de cession – se veut automatique et systématique (selon le règlement européen). En pratique, pour le vétérinaire, ces données sont extraites de celles des logiciels de gestion des cliniques, qui les contiennent déjà, sauf exception.

Un développement est donc requis par les éditeurs de logiciels pour s'interfacer avec Calypso.

Exception notable à ce dispositif : les ordonnances effectuées « au chevet de l'animal », en particulier en exercice rural ou équin, qui requièrent des systèmes d'informatique embarquée. Et sur ce point, le SNVEL, par la voix de son président Laurent Perrin, a alerté sur le besoin de proposer, là aussi, une solution indolore en termes de temps et d'argent pour les utilisateurs de Calypso.

Tous les logiciels sont-ils compatibles ? Pas encore.

Selon l'Ordre des vétérinaires, au 14 mars, la démarche de compatibilité est finalisée pour 7 des principaux logiciels utilisés en France. Et elle est en cours pour les autres.

Les vétérinaires qui utilisent des logiciels « maison » sont invités à se rapprocher de l'équipe de développement afin de prendre connaissance de la procédure à suivre (contact email : calypso-assistanceveterinaire@ordre.veterinaire.fr).

Est-on obligé d'utiliser Calypso ? Non.

Si la déclaration des données de cession des antimicrobiens est une obligation pour le vétérinaire, le choix de l'outil pour y satisfaire ne l'est pas. Calypso présente les avantages aujourd'hui d'être est disponible, fonctionnelle et gratuite. Mais le praticien est libre d'utiliser un autre moyen (des outils pourraient être développés par des sociétés extérieures par exemple).

La non déclaration des données de cession peut faire l'objet de poursuites et sanctions.

Comment se connecter ? Avec les identifiants ordinaux.

Calypso est accessible depuis le site https://calypsovet.fr

La connexion s'effectue avec les identifiants ordinaux : numéro et mot de passe.

L'utilisateur a alors accès à ses données personnelles (profil), extraites de l'extranet de l'Ordre. Il peut paramétrer son compte, décider par exemple du mode de réception des notifications.

Des didacticiels sont consultables pour s'approprier l'outil.

Comment interfacer son logiciel de gestion ? En renseignant le numéro de DPE.

L'interface avec le logiciel de gestion nécessite de renseigner le numéro de DPE (indiqué dans son espace personnel).

Une mise à jour du logiciel de gestion est nécessaire au fonctionnement. Ensuite, la transmission des données est automatisée.

Quelles sont les autres fonctionnalités disponibles ? La gestion de la formation continue.

Un second module, destiné à la formation continue, est également opérationnel sur Calypso. L'utilisateur y trouve la liste des formations suivies, l'état des lieux de ses crédits de formation (points ECTS), ses objectifs.

Les catalogues de formation des organismes agréés y sont disponibles, avec un moteur de recherche multicritères afin de trouver les sessions proposées répondant à ses besoins.

Il est possible de partager les données avec les autres vétérinaires de l'établissement de soins afin de gérer collectivement la formation continue. À terme, les attestations de formation pourront être transmises directement dans Calypso.

Le projet est-il achevé ? Non, c'est la version 1.

La plateforme disponible aujourd'hui est la première version du projet. En effet, Calypso est plus largement destinée à faciliter et dématérialiser les échanges avec l'administration et les autres acteurs du sanitaire.

Le calendrier de développement prévoit une première extension des fonctionnalités dans le courant de l'année (2023) : demande d'habilitation sanitaire auprès de la DDPP, obligations de formation continue pour le maintien de l'habilitation sanitaire, désignation du vétérinaire sanitaire par l'éleveur, gestion des signalements sanitaires...

Une version 2 est programmée pour 2026. Et enfin une version 3 en 2027.

Un accès ASV est également prévu, afin que le vétérinaire puisse déléguer des actes administratifs.

Combien le projet coûte-il ? 11,3 M€

Le projet dans sa globalité représente un budget de 11,3 millions d'€ (pour les trois versions), co-financé par l'Ordre des vétérinaires, le ministère de l'agriculture et le Fonds pour la transformation de l'action publique (FTAP).

À terme, les frais de fonctionnement (hébergement, maintenance) seront assumés par l'Ordre seul.

Quelles sont les autres fonctionnalités prévues ? 11 en tout.

Calypso se destine à s'interfacer avec d'autres plateformes métier pour faciliter les démarches administratives des praticiens. Au total, 11 « processus métier » (et 1 « processus transverse » pour les fonctionnalités transverses) sont prévus, par exemple le suivi des actes vétérinaires exécutés au titre d'un mandat sanitaire, au titre de l'habilitation sanitaire, la gestion des demandes et des résultats d'analyses complémentaires, etc.

Qui est Calypso ?

Calypso n'est pas (seulement) le nom du navire du célèbre commandant Cousteau. Il est le nom d'une nymphe dans la mythologie grecque. Fille d'Atlas et éperdument amoureuse d'Ulysse, Calypso aurait retenu ce dernier sur son île (Ogygie), pendant 7 ans, lui promettant l'immortalité et l'éternelle jeunesse pour qu'il oublie les siens, sans succès. Selon le Larousse, le calypso est également une danse originaire des Antilles, à 4/4, caractérisée par un mouvement de va-et-vient des pieds, avec balancements et ondulations du corps. Décidément rien à voir avec la banquise.