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Elanco & Proplan

1er juillet 2022

Chirurgie du pancréas : le pronostic est moins bon chez le chat

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Parmi les 40 chiens de race de l'étude (sur 57 chiens), 8 (soit 20 %) sont des labradors (cliché Pixabay).
Parmi les 40 chiens de race de l'étude (sur 57 chiens), 8 (soit 20 %) sont des labradors (cliché Pixabay).
 

Quels sont les bénéfices et risques des interventions chirurgicales touchant le pancréas chez les carnivores domestiques ? Une étude rétrospective s'est intéressée au contexte de leur réalisation, au résultat (diagnostic par histologie) et, surtout, à la mortalité périopératoire.

81 cas sur 12 ans

Les cas étudiés, 57 chiens et 24 chats (soit 81 au total), avaient été pris en charge dans un centre de référés, entre 2008 et 2019. Tous ont été opérés par laparotomie, avec exploration complète de la cavité abdominale. Une biopsie ou une pancréatectomie partielle, entre autres, ont été réalisées. D'autres gestes chirurgicaux pouvaient avoir été pratiqués (une biopsie hépatique par exemple, une splénectomie, l'exérèse de ganglions lymphatiques, etc.).

Pour être inclus, le dossier médical devait être complet (données démographiques et cliniques du cas, y compris les résultats des éventuels examens d'imagerie réalisés, rapport de chirurgie, résultats de l'analyse histologique) et le suivi de l'animal renseigné sur une durée de 14 jours au minimum. L'hypothèse des auteurs était que les taux de complications et de mortalité de ces chirurgies du pancréas soient peu élevés.

Les indications de ces chirurgies sont diverses, à visée thérapeutique et/ou diagnostique. Les biopsies pancréatiques, notamment, sont utiles au diagnostic lors de suspicion de pancréatite, affection la plus fréquente du pancréas exocrine mais dont les signes cliniques sont peu spécifiques et pour laquelle les analyses de laboratoire (dosages des enzymes plasmatiques) ont des performances limitées (en termes de sensibilité et spécificité). Mais elles sont peu réalisées en pratique, car les techniques opératoires sont invasives.

Les abcès pancréatiques sont des affections graves, et associées d'après les données de la littérature à un risque de mortalité très élevé malgré une prise en charge chirurgicale. De leur côté, les tumeurs pancréatiques restent peu fréquentes, mais diagnostiquées souvent tardivement ; une pancréatectomie partielle est susceptible d'augmenter sensiblement l'espérance de vie.

Biopsies plus souvent pour les chats

Dans le groupe de chiens étudiés, la moyenne d'âge est de 9,5 ans. Ils pèsent 19 kg en médiane. Parmi les chiens de race pure (n=40), le labrador est sur-représenté (8 soit 20 %, et 14 % de l'effectif total).

Environ les deux tiers ont subi une pancréatectomie partielle (36 chiens soit 63 %), les autres une biopsie. Une sonde alimentaire a été posée chez 29 %. La durée d'hospitalisation est de 4 jours en médiane.

3 chiens sont décédés en postopératoire immédiat. Chez les autres, les complications postopératoires sont surtout une anorexie (56 % des cas), des vomissements (32 %), une hypotension (15 %), une hyperglycémie (13 %), une anémie (9 %). L'état de 13 chiens a nécessité une transfusion de sang.

Les chats, des mâles à 80 %, sont âgés de 10 ans en moyenne et pèsent 6 kg en médiane.

Cette fois, c'est une biopsie qui est la plus fréquente : réalisée pour 15 chats (63 %). Le taux de pose de sonde alimentaire est similaire (29 %), de même que la durée d'hospitalisation (4 jours).

Tous les chats ont survécu à l'intervention, et les complications les plus fréquentes sont : une anorexie (38 % des cas), une hypotension (21 %), une anémie (17 %), une hyperthermie (13 %). 6 chats ont reçu une transfusion sanguine.

Tumeurs plus fréquentes chez les chiens

Le diagnostic, tel que déterminé par les résultats de l'analyse histologique, est résumé dans le tableau ci-après. Pour le chien, le plus fréquent est tumoral : un carcinome des cellules des îlots de Langerhans (insulinome, à plus de 50 %), suivi des pancréatites et des abcès.

Chez le chat, les pancréatites sont les plus fréquentes (42 % des cas), suivies des adénocarcinomes.

Le nombre de cas où l'examen du tissu pancréatique se révèle sans anomalie s'élève à 8 chiens (14 %) et 5 chats (21 %).

 

Mortalité faible à modérée

Le taux de mortalité périopératoire (dans les 14 jours suivant la chirurgie) est de 13,6 % (11 cas, dont 6 par euthanasie). Il est plus faible chez le chien (10,5 %, 6 cas) que chez le chat, pour lequel il est quasiment double (20,8 %, 5 cas).

Parmi les 11 chiens chez lesquels une transfusion de sang a été nécessaire, 4 n'ont pas survécu. Cette proportion ne se retrouve pas chez les chats (1 seul mort parmi les 6 transfusés), mais ce geste apparaît être un indicateur de pronostic défavorable.

 

Selon les auteurs, le risque de ces chirurgies est donc faible à modéré (le taux de survie est de 86 %), pour un bénéfice notable représenté par l'établissement d'un diagnostic de certitude (face à des signes souvent peu spécifiques), voire d'un geste thérapeutique, qui augmente l'espérance de survie de maladies souvent graves et rapidement fatales sans traitement adapté.

Ce taux de survie ne peut toutefois pas être associée à la seule chirurgie pancréatique, car dans de nombreux cas, la laparotomie a permis la réalisation de plusieurs gestes chirurgicaux, à visée diagnostique encore comme d'autres biopsies, ou à but thérapeutique comme l'ablation des ganglions lymphatiques locaux (dans le cas d'affections tumorales en particulier), une résection intestinale (susceptible d'altérer le pronostic…), etc.