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Elanco & Proplan

28 juin 2022

Consultation du hamster : des troubles souvent fatals

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

Le hamster de Roborovski, ou hamster nain de Roborovski, est ici la troisième espèce de hamster de compagnie la plus courante, mais loin derrière le hamster doré et le hamster russe. Il est plus petit, pesant 25 grammes en médiane, contre 133 et 45 g pour les deux autres espèces (cliché Pixabay).
Le hamster de Roborovski, ou hamster nain de Roborovski, est ici la troisième espèce de hamster de compagnie la plus courante, mais loin derrière le hamster doré et le hamster russe. Il est plus petit, pesant 25 grammes en médiane, contre 133 et 45 g pour les deux autres espèces (cliché Pixabay).
 

Parmi les Nac, le hamster n'est pas très « nouveau », il est l'un des animaux de compagnie les plus populaires, de longue date. Ce rongeur a fait l'objet d'une large étude épidémiologique au Royaume-Uni (dans le cadre du projet VetCompass), où la population de hamsters de compagnie est estimée à 600 000 environ. L'objectif était d'identifier et quantifier les principaux troubles de santé de ces animaux, qui expriment souvent tardivement leurs symptômes (leur comportement de proie les amène à dissimuler les premiers signes) et ne sont pas faciles à examiner, d'autant plus qu'ils mordent facilement. Les résultats sont publiés en libre accès dans le JSAP.

Peu de médecine préventive

Les chercheurs ont recensé un total de 16 605 hamsters de compagnie, présentés en 2016 dans les près de 900 cliniques vétérinaires généralistes adhérentes au programme (ou en 2015 puis en 2017, donc suivis sur la période). L'étude exclut donc les cas présentés ou référés en consultation spécialisée, et ne comprend évidemment pas les animaux décédés chez le propriétaire ou malades sans avoir été présentés à un vétérinaire.

En grande majorité, le motif de consultation était un trouble de santé, la médecine préventive n'étant pas vraiment développée pour ces animaux. Les quelques bilans de santé seraient plutôt des visites post-achat, dans le cadre d'un accord avec le fournisseur (animalerie).

Principalement des hamsters dorés

Trois espèces de hamsters étaient principalement représentées :

  • le hamster doré (Mesocricetus auratus), qui totalise, ici avec 12 197 individus, près des trois quarts de l'effectif (73 %) ;
  • le hamster russe (Phodopus sungorus) avec 2 286 individus (14 % de la cohorte) ;
  • et le hamster de Roborovski (Phodopus roborovskii, avec 1 054 individus (6 %).

Un peu plus de 200 cas cas concernaient des hamsters de Chine (Cricetulus griseus) ou de Cambell (Phodopus cambell).

L'effectif était réparti également entre mâles et femelles. Les hamsters dorés pesaient significativement plus lourd que les autres (133 grammes en médiane, contre 45 g et 25 g pour le hamster russe et celui de Roborovski).

Très peu d'individus sont stérilisés (0,5 %). Mais les auteurs rappellent que les bénéfices et risques de cette intervention (dans le cadre de la convenance) sont peu documentés. En outre, le hamster de compagnie étant souvent seul, ou avec des congénères de même sexe, la prévention de la reproduction est généralement sans objet.

Prévenir les traumatismes

Un échantillon de près de 4000 hamsters (3998 exactement) a été tiré au sort parmi les 16 600, et les données renseignées dans leurs dossiers médicaux ont été analysées.

Les résultats montrent que les principales maladies ou troubles observés sont :

  • les traumatismes (15,4 % environ), comme observé aussi dans d'autres espèces de rongeurs,
  • les entéropathies (11,2 %),
  • les troubles ophtalmologiques (11,1 %),
  • les affections de la peau (9,1 %),
  • la présence d'une masse (9 %),
  • les maladies tumorales (6,9 %),
  • les troubles dentaires (4,9 %),
  • les infestations parasitaires (4,3 %),
  • les anomalies des griffes (4,2 %),
  • les troubles de l'appareil respiratoire haut (3,3 %)

Les autres catégories, comme les troubles urinaires ou les troubles de la reproduction pour les femelles, présentent ici une prévalence inférieure à 3 %.

La place des traumatismes en numéro 1 pointe l'importance de la prévention dans ce domaine, en informant les propriétaires sur les risques (bagarres entre congénères, chute en cas de mauvaise contention, électrocution, blessure par le chien ou le chat de la famille, écrasement si on lui marche dessus sans le voir…) et les moyens de les éviter.

Lorsque des informations plus précises étaient renseignées dans le dossier médical, elles montrent que les 10 affections les plus fréquentes sont :

  • le « syndrome de la queue mouillée »,
  • des morsures par des congénères,
  • une croissance anormale des ongles,
  • une croissance anormale des dents (incisives),
  • des blessures traumatiques,
  • une masse abdominale,
  • une conjonctivite,
  • un écoulement oculaire,
  • une diarrhée,
  • une plaie.

Les auteurs précisent que le « syndrome de la queue mouillée » désigne ici une souillure de la région périnéale, d'origine digestive (diarrhée), génitale ou urinaire, et non la seule iléite proliférative (comme souvent dans la littérature scientifique), maladie particulièrement fréquente chez le hamster, et très souvent mortelle.

Certaines anomalies peuvent signaler des conditions de vie inappropriées, notamment les conjonctivites et plus largement les affections oculaires, qui peuvent découler d'une litière inadaptée ou mal entretenue, ou la pousse des ongles, qui peut résulter aussi d'un manque d'exercice, la pousse des dents si des éléments à ronger ne sont pas suffisamment fournis, etc.

Les femelles meurent plus jeunes

Sur l'échantillon étudié, la mortalité atteint 34 %. Elle fait suite à une euthanasie à 84 %.

Lorsque renseigné, l'âge du hamster au moment du décès est de 1,75 an (soit 21 mois). Il est significativement plus élevé chez les mâles (2 ans) que chez les femelles (20 mois) ; la longévité des hamsters mâles est connue pour être plus longue que celle des femelles hors pathologie.

La maladie à l'origine de la mort ou de la décision d'euthanasie est, par ordre de fréquence :

  • Le syndrome de la queue mouillé (à un âge médian d'environ 4 mois), qui inclut donc l'iléite proliférative, généralement observée chez le très jeune animal ;
  • Une masse abdominale (18 mois) ;
  • Une tumeur (20 mois) ;
  • Une dyspnée (21 mois), qui se révèle peu fréquente mais grave ;
  • Un collapsus (24 mois) ;
  • Une blessure traumatique (12 mois) ;
  • Un état moribond (20 mois) ;
  • Un pyomètre (15 mois et demi) ;
  • Une diarrhée (24 mois) ;
  • Une anorexie (24 mois)…

Considérant plus largement les groupes de maladies ou de troubles, les plus souvent fatals sont les suivants : maladies tumorales, présence d'une masse, entéropathies, traumatismes, pneumopathies, collapsus, affections de la colonne vertébrale, troubles ophtalmologiques, affections cutanées, atteintes du système nerveux central.