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21 janvier 2022

Méfiance sur le risque de métastases lors d'ostéosarcome chez le chat, même après amputation, et surtout pour l'humérus

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Chez les 67 chats de cette étude, l'ostéosarcome était localisé sur divers segments osseux, le fémur étant le plus fréquent (22 cas). Une amputation a été réalisée chez chacun, y compris les 10 cas touchant la scapula (un même individu pouvait présenter plusieurs lésions). D'après Nakano et al., JAVMA 2022.
Chez les 67 chats de cette étude, l'ostéosarcome était localisé sur divers segments osseux, le fémur étant le plus fréquent (22 cas). Une amputation a été réalisée chez chacun, y compris les 10 cas touchant la scapula (un même individu pouvait présenter plusieurs lésions). D'après Nakano et al., JAVMA 2022.
 

Quel pronostic annoncer au propriétaire d'un chat en proposant l'amputation d'un membre suite au diagnostic d'un ostéosarcome ? Le risque de métastases est élevé, selon les résultats d'une étude rétrospective sur 67 cas. Un suivi s'impose.

67 cas confirmés à l'histologie

Cette étude, japonaise, a recruté rétrospectivement les cas de chats ayant été amputés d'un membre suite au diagnostic d'un ostéosarcome. La nature de la tumeur avait été systématiquement confirmée par examen histologique (ce sont parmi les dossiers de 3 laboratoires d'analyses que les cas ont été identifiés). L'étude a porté sur plus de 20 ans (1997 à 2018). Et 67 cas ont donc été recensés, tous atteints d'un ostéosarcome appendiculaire ou scapulaire, et donc amputés. Et pour lesquels un suivi était disponible (auprès des vétérinaires traitants).

La répartition des localisations de la tumeur est assez conforme aux observations usuelles, avec une majorité touchant le membre postérieur (voir schéma en illustration principale).

Plus de 40 % de métastases distantes

Des études assez anciennes rapportent des taux de métastases assez bas pour ces ostéosarcomes félins (jusqu'à 10 %). Mais elles portaient sur de petits effectifs, et sans nécessairement d'investigations poussées (en imagerie médicale notamment, ce qui est désormais plus fréquent avec la démocratisation du scanner).

Les auteurs souhaitaient donc vérifier leur hypothèse que ces métastases pourraient ne pas être si rares… Leurs résultats leur donnent raison.

En effet, des métastases distantes sont survenues chez près de 42 % des chats après l'amputation. Les localisations de ces métastases sont surtout le poumon, les os et la peau. Le délai médian pour leur diagnostic est de 235 jours (7,7 mois).

Des métastases distantes étaient déjà présentes au moment de l'amputation chez quelques chats : pulmonaires pour 4 et osseuse pour 1. Cela monte à plus de 46 % le taux de métastases distantes totales.

Par ailleurs, une récidive locale a également été identifiée chez 6 chats, soit 9 % de l'effectif. Chez 5 d'entre eux, le site de l'amputation était proche de la tumeur primaire. Le délai médian avant le diagnostic était alors d'environ 9,5 mois.

Enfin, des métastases locales sont aussi rapportées, chez 2 chats (3 %), au niveau du ganglion lymphatique cervical superficiel dans un cas (d'ostéosarcome de l'humérus), et d'un ganglion inguinal pour le second (ostéosarcome de la scapula). Et de même, une métastase locale avait été identifiée dans 1 cas avant la chirurgie (nœud lymphatique axillaire).

Sur-risque de métastases lors d'ostéosarcome de l'humérus

L'analyse a également recherché les facteurs de risque de métastases. Et les résultats montrent que le risque de métastases distantes est significativement majoré lors d'ostéosarcome de l'humérus (observé ici dans 6 cas sur 7). La significativité est conservée dans l'analyse multivariée. Ce risque est également documenté chez le chien et chez l'homme.

L'âge en revanche, n'est pas identifié comme un paramètre associé au risque métastatique.

Un an et demi de survie

L'âge au diagnostic n'est pas non plus associé à la durée de survie. Dans cette étude, les chats étaient âgés entre 8 et 13 ans (11 ans en médiane).

La durée de survie après amputation est ainsi de 527 jours en médiane, soit près d'un an et demi.

Cette longévité n'est pas dépendante, cette fois, d'une localisation de la tumeur primaire au niveau de l'humérus.

En pratique, ces données montrent l'importance du suivi du chat après son amputation, afin d'identifier le plus précocement possible le développement éventuel de métastases. L'intérêt d'une chimiothérapie comme traitement adjuvant de la chirurgie serait alors également intéressant à explorer. Ici, 6 chats avaient été ainsi traités.