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19 janvier 2022

Covid-19 : Hong Kong va abattre 2 000 hamsters, par crainte de zoonose inverse

par Vincent Dedet

Temps de lecture  5 min

Environ 2 000 hamsters seront euthanasiés à Hong Kong, par crainte qu'ils soient source d'infection par le SARS-CoV-2 pour des humains, a annoncé le Dr Thomas Sit, directeur adjoint du ministère de l'Agriculture, des pêches et de la conservation de Hong Kong, le 18 janvier en fin de journée (news.gov.hk).
Environ 2 000 hamsters seront euthanasiés à Hong Kong, par crainte qu'ils soient source d'infection par le SARS-CoV-2 pour des humains, a annoncé le Dr Thomas Sit, directeur adjoint du ministère de l'Agriculture, des pêches et de la conservation de Hong Kong, le 18 janvier en fin de journée (news.gov.hk).
 

« Nous ne voulons pas euthanasier tous les animaux, mais nous devons protéger la santé publique et la santé animale et nous n'avons pas le choix. Nous devons prendre une décision ferme » a indiqué le Dr Thomas Sit, directeur adjoint du ministère de l'Agriculture, des pêches et de la conservation de Hong Kong, dans un point presse relayé, en vidéo le 18 janvier au soir. Cette décision concerne environ 2 000 hamsters “de compagnie”, saisis dans un hangar, en petshops, mais aussi provenant de propriétaires les ayant acquis récemment. La raison : la suspicion d'une transmission de l'animal à l'Homme – ce serait la première.

Vendeuse de petshop

Sur la journée du 18 janvier, le ministère a réalisé deux points presse sur le sujet ; complétés par un article nettement documenté publié dans le South China Morning Post le 18 janvier au soir, ils permettent de rassembler les éléments suivants. Dimanche 16 janvier, une vendeuse de 23 ans travaillant dans un petit petshop (Little Boss pet shop, à Causeway Bay) a été confirmée infectée par le variant delta. Le cas a été immédiatement considéré suspect car il s'agit premier cas avec ce variant depuis 3 mois à Hong Kong. Au moment où il a été détecté, il n'y avait que 7 cas dans l'île, et tous ces cas font l'objet d'une mise à l'isolement et d'un traçage intense pour identifier la chaîne de transmission (les autres cas étaient à Omicron et liés à des personnes ayant voyagé).  Lundi 17, une équipe d'intervention sanitaire s'est rendue dans le pet shop pour « réaliser des prélèvements des animaux et de l'environnement ».

Cliente de petshop

Le 18 janvier au matin, un second cas de Covid-19 en lien avec ce même petshop a été détecté. Il s'agit d'une femme de 67 ans, qui s'était rendue à cette boutique le 8 janvier, et avait été en contact avec la vendeuse. Son époux, âgé de 73 ans, a développé des signes cliniques et a été hospitalisé le 17 janvier. Il est positif en test préliminaire. « Entre temps, certains des prélèvements de hamsters effectués dans le petshop sont revenus positifs aux tests viraux », a indiqué le Dr Edwin Tsui, du Centre de Protection et de contrôle de la santé de Hong Kong, lors du premier point presse du 18 janvier. Il y a donc « deux sources possibles pour la transmission » à la vendeuse et à sa cliente (comme il s'agit du variant delta, jusque-là très discret à Hong Kong). Soit une transmission inter-humaine, mais « le contact était très bref entre ces deux personnes [5 à 10 minutes] et avec un masque ». L'autre possibilité, c'est que les hamsters soient à l'origine de ces infections. Car il y a « un assez grand nombre d'animaux positifs ». Or, en modèle expérimental, le hamster est un hôte très réceptif du SARS-CoV-2 et qui l'excrète à des titres élevés par voie aérienne. « Et comme la vendeuse était plus fréquemment exposée aux hamsters dans cet environnement, nous ne pouvons pas exclure la possibilité qu'elle ait été infectée par les hamsters ». Si c'était avéré, ce serait une première mondiale.

Propriétaires à l'isolement, hamsters “rappelés”

C'est pourquoi les autorités ont annoncé, à ce même point presse, que « tous les clients qui ont acheté des hamsters dans cette boutique le 7 janvier ou après ont obligation de se mettre à l'isolement ». Plus tard, un second point presse tenu par le Dr Thomas Sit, annonçait l'abattage des hamsters et la fermeture de tous les petshops de Hong Kong vendant des animaux de cette espèce (l'article du South China Morning Post en recense 34). Le ministère de l'Agriculture demande aussi aux « propriétaires ayant récemment acheté des hamsters de les remettre aux autorités ».  Les détails chiffrés sont fournis par l'article de presse en ligne :

  • Le nombre de hamsters concernés est de l'ordre de 2 000 car les enquêteurs ont identifié qu'une partie des animaux du même lot que celui en vente au Little Boss petshop était encore détenue dans un hangar. Ils seront tous dépistés avant d'être sacrifiés.
  • Dans ce hangar, il y avait des hamsters, des lapins (espèce aussi réceptive que le hamster pour le SARS-CoV-2) et des chinchillas « provenant de deux lots arrivés [à Hong Kong] le 22 décembre et le 7 janvier ». Ces animaux ont été prélevés et le nombre de prélèvements réalisés est de 511. Depuis ce hangar, ce sont 15 petshops qui auraient été livrés.
  • Le ministre de l'Agriculture, de la pêche et de la conservation indique qu'une évaluation des risques a été réalisée, qui identifie un « danger relativement élevé pour ces deux lots ». Il appelle les propriétaires de hamsters « à ne pas les embrasser ni les abandonner dans la rue ».
  • Le nombre de propriétaires concernés (mis à l'isolement) serait de l'ordre de 150. Pour ceux ayant acheté des hamsters à partir du 22 décembre, il leur est proposé de tester l'animal et de se mettre à l'isolement s'il est positif.
  • Le fait de remettre les hamsters achetés depuis le 22 décembre est une « forte recommandation aux propriétaires », et le fait de ne pas s'y plier n'est pas accompagné (pour le moment) de sanctions.
  • Le séquençage de la souche de la vendeuse « comporte des mutations originales, absentes des banques de données génomiques mondiales ». Rien n'est mentionné sur son homologie génétique avec les souches de hamsters.
  • L'origine des deux lots de hamsters serait « les Pays-Bas ». Toutefois, Rotterdam étant le principal port européen, il est probable que ce soit le port de départ, et non la localisation des élevages de hamsters, qui soit mentionné. Il se pourrait donc que cette crise sanitaire s'invite en Europe dans les prochains jours.
  • Une pétition en ligne s'opposant à l'euthanasie des hamsters a recueilli plus de 11 000 signatures en quelques heures.