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14 octobre 2021

L'oxygénothérapie hyperbare est pleine de promesses pour le traitement des plaies compliquées

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Le caisson hyperbare peut être multiplaces, avec donc la possibilité de traiter plusieurs animaux en même temps (photo Levitan et al., JSAP, 2021).
Le caisson hyperbare peut être multiplaces, avec donc la possibilité de traiter plusieurs animaux en même temps (photo Levitan et al., JSAP, 2021).
 

Le traitement par oxygène hyperbare est bien connu des plongeurs, mis en œuvre en urgence lors d'accident de plongée, mais aussi dans les cas d'intoxication au monoxyde de carbone, par exemple. Il a également de multiples indications hors urgence chez l'homme : lors de retard de cicatrisation, de lésion nécrosée, de brûlures, pour des ulcères diabétiques, des complications de radiothérapie…

Le traitement, réalisé en caisson ou chambre hyperbare, consiste à administrer par inhalation de l'oxygène à une pression supérieure à la pression atmosphérique. Cette oxygénothérapie hyperbare s'effectue avec de l'oxygène à 100 % ou des mélanges suroxygénés. Elle favorise l'oxygénation du sang et ainsi les apports en oxygène dans l'organisme, complétant les traitement anti-infectieux, favorisant la cicatrisation des plaies.

C'est une technique possible mais encore peu exploitée chez les animaux. Dans un article publié en libre accès dans le JSAP, des auteurs américains en présentent l'utilisation et l'intérêt, pour le traitement des plaies et des lésions traumatiques essentiellement.

Multiples effets bénéfiques de l'hyperoxygénation

L'oxygénothérapie hyperbare est surtout intéressante lors de défaut de cicatrisation ou de cicatrisation complexe. En effet, une augmentation du taux d'oxygène dans le sang a de multiples conséquences physiologiques :

  • Une vasoconstriction avec un effet anti-inflammatoire, qui limite les effets délétères d'une inflammation locale excessive ou persistante (œdèmes en particulier) ;
  • Dans les tissus, une meilleure oxygénation intracellulaire qui stimule le métabolisme et favorise l'intégrité des membranes cellulaires et la régénération tissulaire ;
  • Une meilleure oxygénation des cellules immunitaires, qui maintient leur fonction ;
  • Un effet antibactérien et antifongique direct en créant un environnement défavorable à la croissance de nombreux micro-organismes ;
  • Et un effet indirect en potentialisant l'activité des antibiotiques (augmentation de leur pénétration dans les cellules) ;
  • Le rétablissement d'une bonne vascularisation tissulaire, la favorisation de la néovascularisation et de l'angiogenèse ;
  • Une augmentation de la mobilisation des cellules souches.

Un effet antalgique serait également possible (réduction des douleurs neuropathiques), s'ajoutant à l'action anti-inflammatoire qui contribue aussi à réduire la douleur.

À l'issue de la séance, le taux d'oxygénation du sang revient rapidement à la normale. Toutefois, certains effets comme la cicatrisation ou l'angiogenèse s'inscrivent dans la durée, surtout après plusieurs séances.

Des contre-indications !

En théorie, l'oxygénothérapie hyperbare paraît ainsi assez idyllique. Sa mise en pratique trouve néanmoins quelques écueils, à commencer par l'équipement (volumineux et coûteux) et sa rentabilité. Son utilisation nécessite également une formation spécifique, car mal utilisée, elle n'est pas sans risques. La technique en elle-même n'est pas compliquée. Mais il existe aussi quelques contre-indications, comme une forte hypothermie, une atteinte grave de l'oreille moyenne, la présence de bulles pulmonaires, des crises épileptiformes…

En pratique, le traitement des animaux s'effectue avec de l'oxygène à 100 %. Les séances durent 50 à 90 minutes, et sont programmées une à deux fois par jour.

7 indications documentées

Ce traitement est peu étudié en médecine vétérinaire à ce jour. Les données actuelles de la littérature (souvent au travers d'études expérimentales sur le lapin ou le rat) documentent 7 principales indications, en traitement adjuvant :

  • Les lésions ischémiques, pour favoriser le retour de la vascularisation,
  • Les plaies de morsures ou envenimations (souvent nécrosées),
  • Les brûlures,
  • Plus généralement les plaies compliquées (plaies chroniques, ulcères diabétiques),
  • Les greffes et transplantations (osseuses par exemple),
  • Les lésions osseuses (ostéomyélite, fracture ouverte),
  • Les traumatismes mécaniques et chocs hémorragiques (avec une augmentation du taux de survie).

Les bénéfices prometteurs de cette prise en charge demandent désormais à être confirmés par de nouvelles études, chez le chien ou d'autres espèces.