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14 août 2020
Antibiotiques critiques. Les inspecteurs font du zèle sur le contrôle des antibiogrammes chez les praticiens
En médecine vétérinaire, le recours à des antibiotiques critiques, céphalosporines de dernières générations (C3G/C4G) et fluoroquinolones, a chuté de 90 % depuis 2013 e,t de (seulement ?) 70 % chez les chiens et les chats. C'est déjà beaucoup plus que l'objectif de – 25 % qui avait été fixé aux vétérinaires par la loi d'avenir en 2014.
Tout le monde, politique, scientifique et évidemment vétérinaire, se satisfait depuis deux ans de ce résultat.
Pourtant, malgré cet excellent résultat, le bulletin officiel du ministère de l'agriculture a publié une nouvelle note de service pour demander aux vétérinaires inspecteurs des DDPP (directions départementales de la protection de la population) de mieux vérifier la « légalité » du recours à des antibiotiques critiques par les vétérinaires prescripteurs. Comme si ces derniers avaient beaucoup abusé du recours à des antibiotiques critiques sur la base d'antibiogrammes « litigieux ». Les chiffres de ventes d'antibiotiques critiques démontrent que ce n'est pas le cas. Mais la rigueur dans les inspections des praticiens sur ce point s'accroît.
Il s'agit en fait de réclamer aux praticiens des garanties sur le respect des normes de qualité des antibiogrammes sur lesquels ils appuient leurs prescriptions de molécules critiques. Car les antibiotiques critiques (fluoroquinolones ou C3G/C4G) ne peuvent être prescrits qu'après une identification du germe et un antibiogramme obligatoire (sauf rares exceptions) selon une méthode validée.
L'arrêté du 18 mars 2016 prévoit que peuvent être acceptées :
Aucun test rapide réalisé par un vétérinaire ne correspond à ces critères.
La note de service indique que, c'est au vétérinaire prescripteur d'apporter à l'inspecteur la preuve que la méthode utilisée par le laboratoire d'analyses (interne ou externe) pour justifier ces prescriptions d'antibiotiques critiques est validée, le cas échéant en produisant une documentation transmise par le laboratoire d'analyses.
En pratique, la quasi-totalité des laboratoires d'analyses utilisent la méthode des disques en milieu gélosé en appliquant la norme Afnor NF U47-107 (ou NF U47-106).
La note de service du ministère de l'agriculture martèle que cette référence à l'une des deux normes en milieu gélosé, NF U47-107 ou NF U47-106, doit obligatoirement figurer sur chaque compte rendu d'un résultat d'analyses du laboratoire utilisé pour soutenir la prescription d'une molécule critique. La note rappelle que ce compte rendu doit être conservé pendant 5 ans par le prescripteur d'un antibiotique critique.
Si le laboratoire d'analyses est adhérent au Resapath, la note de la DGAL tolère que le vétérinaire inspecteur ne soit pas tenu de vérifier la documentation du laboratoire pour s'assurer du bon respect de la norme U47-107. Mais la référence à cette norme doit néanmoins figurer sur le rapport d'analyses de l'antibiogramme. Le contrôle s'arrête donc à la seule vérification de la mention de cette norme sur le compte rendu.
En effet, tous les laboratoires adhérents du Resapath, un réseau d'environ 70 laboratoires publics ou privés animé par l'Anses, sont tenus d'appliquer cette norme. La qualité de leurs analyses est vérifiée avec un essai interlaboratoire réalisé chaque année.
La liste des laboratoires adhérents au Resapath figure sur ce lien (mise à jour en novembre 2019). Elle comprend :
La réglementation n'oblige évidemment pas le prescripteur à recourir à un laboratoire d'analyses adhérent du Resapath. Mais, à travers cette note, le ministère de l'agriculture estime que la seule mention de la norme NFU47-107 sur le compte rendu d'analyses ne devrait pas suffire à considérer l'antibiogramme comme conforme à cette norme. Il ne suffit donc pas de le dire, ni même de l'écrire, mais de le prouver.
La note demande donc alors aux inspecteurs de vérifier que le vétérinaire prescripteur dispose de la documentation du laboratoire d'analyses qui atteste bien du respect de cette norme notamment sur les points suivants :
Ce cas de figure correspond notamment à de nombreux « petits » laboratoires d'analyses vétérinaires, notamment la plupart de ceux adossés à un cabinet ou une clinique vétérinaire, ou aux laboratoires de biologie de médecine humaine qui n'adhèrent pas au Resapath.
Au final, cette note encourage donc,
Depuis le 1er avril 2016, la prescription des antibiotiques critiques (C3G-C4G, fluoroquinolones) n'est possible qu'aux conditions suivantes (voir LeFil du 29 mars 2016).
Le prélèvement et l'antibiogramme ne sont pas exigés « si le vétérinaire prescripteur a connaissance de résultats d'analyses datant de moins de trois mois pour le même animal et pour la même affection ». Toutefois, les prescriptions ne peuvent pas excéder un mois de traitement et le renouvellement de la délivrance à partir de la même ordonnance est interdit.
En cas d'urgence (« un risque aigu d'infection »), le vétérinaire peut prescrire un antibiotique critique « avant de prendre connaissance des résultats de l'antibiogramme » s'il suspecte que les antibiotiques non critiques « ne seront pas suffisamment efficaces » (art. R. 5141-117-2. IV).
« Dans un délai de quatre jours, le vétérinaire adapte le traitement en fonction des résultats de l'antibiogramme et de l'évolution du contexte clinique et épidémiologique ». C'est la désescalade si le résultat de l'antibiogramme conduit le vétérinaire à prescrire une molécule non critique à spectre étroit après la prescription en urgence d'une molécule critique à spectre large.
Le vétérinaire prescripteur est tenu de conserver les résultats de l'examen clinique et des analyses de laboratoire (antibiogrammes…) pendant au moins cinq ans (art. R. 5141-117-1. II). Il n'est pas exigé que les détenteurs des animaux conservent une copie de ces comptes rendus.
La loi d'avenir d'octobre 2014 a prévu que le non-respect des dispositions sur les antibiotiques critiques est puni jusqu'à 2 ans de prison et 150 000 euros d'amende, comme d'ailleurs les autres infractions aux règles de prescription-délivrance (art. L. 5442-10).
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