titre_lefil
logo_elanco

31 juillet 2020

Une maladie d'Addison est diagnostiquée chez 4 % des chiens atteints d'entéropathie chronique

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Répartition des résultats des dosages du cortisol dans le sang avant le test de stimulation à l'ACTH (cortisolémie de base, à gauche) et après le test (à droite) chez les chiens atteints de maladie d'Addison (n=6) et ceux présentant une entéropathie chronique d'autre origine (source Hauck et al., JVIM, 2020).
Répartition des résultats des dosages du cortisol dans le sang avant le test de stimulation à l'ACTH (cortisolémie de base, à gauche) et après le test (à droite) chez les chiens atteints de maladie d'Addison (n=6) et ceux présentant une entéropathie chronique d'autre origine (source Hauck et al., JVIM, 2020).
 

Les troubles digestifs sont fréquents chez les chiens atteints de maladie d'Addison (hypoadrénocorticisme). Mais inversement, la prévalence de cette maladie chez les individus présentant de tels troubles était inconnue. C'est ce qui a motivé une étude prospective européenne dont les résultats, publiés dans le dernier numéro du JVIM, annoncent un chiffre de 4 %. Une prévalence supérieure à celle de la population générale.

Plus de 150 cas recrutés en un an

L'étude a mobilisé 6 cliniques de référés (universitaires ou privées), essentiellement en Allemagne, afin de recruter des chiens adultes (> 6 mois) présentant des troubles digestifs chroniques, c'est-à-dire observés depuis 3 semaines au moins. Elle inclut ainsi 151 cas, recrutés sur une année (dans 3 établissements seulement).

La cortisolémie était systématiquement mesurée. Et si la valeur était inférieure à 3 microg/dl (83 nmol/l), un test de stimulation à l'ACTH était réalisé afin de diagnostiquer une maladie d'Addison. Ce seuil, volontairement élevé, a été déterminé afin « de ne passer à côté d'aucun cas d'hypoadrénocorticisme ».

D'autres examens à visée diagnostique étaient bien sûrs effectués : analyses de sang, recherche de parasites dans les selles, examens d'imagerie au besoin, etc.

6 cas confirmés

Le test a ainsi été réalisé chez près d'1 chien sur 2 (80/151 soit 53 %). Parmi ces chiens, 42 (soit 28 % du groupe total) présentaient une cortisolémie de base < 2 microg/dl ; et 9 (soit 6 %) une cortisolémie de base < 1 microg/dl.

La maladie d'Addison se caractérise par une cortisolémie post-stimulation inférieure à 2 microg/dl. Elle a été diagnostiquée chez 6 individus, lesquels présentaient tous initialement une cortisolémie < 1 microg/dl (voir figure en illustration principale).

Cela établit donc la prévalence à 4 %. Dans la population générale, la prévalence de la maladie d'Addison est estimée entre 0,06 et 0,28 %. Elle est toutefois plus élevée chez certaines races prédisposées, pouvant ainsi atteindre près de 10 % (chez le montagne des Pyrénées).

Pas d'autres symptômes évocateurs

L'étude montre aussi que les résultats des examens cliniques et des analyses sanguines réalisées (hématologie et biochimie) ne révèlent aucune différence significative selon que les troubles digestifs sont associés à une maladie d'Addison ou à une autre origine. Les paramètres comme la race, le sexe, l'âge ou le poids n'étaient pas non plus différenciants.

Chez 4 des 6 cas d'Addison, des signes de pertes sanguines sont observés : méléna ou hématochézie. De tels saignements peuvent ainsi renforcer la suspicion d'hypoadrénocorticisme. Mais le diagnostic reste à confirmer dans tous les cas, car ces signes sont aussi présents chez environ un tiers des autres chiens.

Des anomalies électrolytiques telles qu'une hyperkaliémie ou une hyponatrémie n'ont pas été relevées ici, chez aucun des 6 chiens. Mais si elles sont souvent présentes lors d'hypoadrénocorticisme, elles ne sont pas systématiques, ce qui complique, en règle générale, le diagnostic de maladie d'Addison.

Les auteurs résument de leurs observations qu'« aucune information sur l'historique médical du chien ni aucune donnée clinique ne permettent de distinguer les cas de maladie d'Addison des autres cas ».

En l'absence d'autres signes évocateurs, il apparaît ainsi utile de tester la fonction surrénale de manière systématique face à tout cas de troubles digestifs chroniques, particulièrement si la cortisolémie est inférieure à 2 microg/dl, malgré les contraintes du test en termes de coût et de temps passé.