7 juillet 2020

Avec l'été, les nouveaux médicaments se déconfinent…

• Le plus original : un spray de lidocaïne, Lidcosal°, inhibe le spasme laryngé pour faciliter l'intubation des chats.
• Le plus connu : Methio B12° est de retour après 5 ans d'absence.
• Le plus de bicarbonates : Carbifusion° est la première solution pour perfusion à base de bicarbonate de sodium seul.
• Le plus inattendu : un spot-on de praziquantel pour chats est restreint aux cestodes (PrazPronto°). La gamme Simparica° de comprimés pour chiens devient aussi endectocide avec le trio sarolaner, moxidectine et pyrantel.
• Enfin, les plus génériques : deux anti-inflammatoires injectables, un corticoïde, une dexaméthasone sous forme phosphate disodique (DexaShot°), et un AINS, un flunixine (Flunixyl°), concurrencent les produits déjà existants de même composition.

Original, un spray de lidocaïne pour l'intubation des chats

Développé par Dechra, Lidcosal° est un spray inédit en France de lidocaïne destiné à être pulvérisé sur la muqueuse laryngée au fond de la gorge des chats pour en faciliter leur intubation et donc l'anesthésie gazeuse ou une réanimation. L'anesthésique local permet de désensibiliser la muqueuse laryngée, et ainsi de prévenir le réflexe laryngé ou un spasme laryngé qui rend souvent plus difficile la pose d'une sonde endotrachéale chez un chat.

La solution aqueuse dosée à 16,2 mg/ml de lidocaïne (s.f. chlorhydrate) est présentée dans un petit flacon-spray de 10 ml à un prix HT aux alentours de 15 € en centrale. Cette contenance permet environ 71 pulvérisations de 2,3 mg de lidocaïne. Le plus souvent, une ou deux pulvérisations sont nécessaires pour intuber un chat. Après une première ouverture, le flacon entamé se conserve trois mois. Sa buse permet de bien pulvériser la solution au fond de la gorge sur la muqueuse laryngée. Elle est évidemment nettoyée et séchée après chaque usage.

Dans le cadre de la cascade, cet anesthésique local peut aussi être utilisé pour faciliter l'intubation sur des chiens, notamment de petite taille pour que l'embout puisse bien atteindre le fond de la gorge. Néanmoins, les spasmes laryngés sont plus fréquents chez le chat — la lidocaïne permet de les éviter — que chez le chien. Les chats ont aussi un larynx et une muqueuse plus fragile que celle du chien. L'intubation endotrachéale est donc plus délicate chez un chat que chez un chien.

Au moins 30 secondes de patience avant d'intuber

L'application d'une à deux pulvérisations sur la muqueuse laryngo-pharyngée nécessite que le chat soit déjà au moins tranquillisé voire sédaté. Puis, après cette pulvérisation, il convient d'attendre au moins 30 secondes ou, mieux 60 à 90 secondes, avant de procéder à l'intubation.

Il est recommandé que l'utilisateur porte des gants pour éviter qu'il soit exposé accidentellement à la lidocaïne. « Chez l'homme, les métabolites pourraient être mutagènes ou cancérogènes » prévient le résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP). L'Agence française du médicament vétérinaire a d'ailleurs estimé que cet anesthésique local devait être réservé à « une administration exclusivement par un vétérinaire ». Il ne peut donc pas être revendu pour un autre usage.

Soluté pour perfusion IV de bicarbonate de sodium (seul)

Autre nouveauté chez Dechra, Carbifusion° est la première solution pour perfusion à base de bicarbonate de sodium (seul) commercialisée en France avec une AMM vétérinaire. Dosé à 56 mg/ml, ce soluté est indiqué en cas d'acidose métabolique chez les bovins et les chevaux. Il est présenté dans un flacon plastique de 500 ml pour un prix HT centrale d'environ 6 €. D'autres solutés pour perfusion, destinés seulement aux veaux, sont formulés avec du bicarbonate de sodium en combinaison avec d'autres électrolytes ou composés (glucose…).

Génériques de dexaméthasone et de flunixine

Du côté des anti-inflammatoires, Bimeda commercialise DexaShot°, une solution injectable générique de dexaméthasone à 2 mg/ml sous la forme d'un ester à courte durée d'action : le phosphate disodique. Trois autres solutions avec le même dosage en dexaméthasone sont déjà référencées en centrales : Dexadreson° (MSD), Rapidexon° (Dechra) et, depuis moins longtemps, Fordexin° (Osalia). Présenté en flacon plastique de 100 ml, DexaShot° est indiqué chez les chevaux, les bovins, les porcins, les chiens et les chats comme « traitement des affections inflammatoires ou des réactions allergiques. »

Autre générique, Audevard, le laboratoire spécialiste des équidés, reprend la commercialisation de Flunixyl°, un générique de flunixine indiqué chez les équidés, les bovins et les porcins. Toutes les solutions injectables de flunixine ont vu leur commercialisation stoppée nette à l'été 2018 du fait de la présence d'un excipient, la diéthanolamine, dont les résidus étaient devenus suspects d'être cancérigènes. Depuis environ un an, le princeps Finadyne° et ses génériques reviennent en ordre dispersé sur le marché. Celui d'Audevard, Flunixyl°, est donc le dernier en date à retrouver le marché français.

Le retour de Methio B12° après plusieurs années d'absence

Autre retour, celui de Methio B12° (MSD) : une solution injectable de méthionine (250 mg/ml d'acétylméthionine), d'arginine (50 mg/ml en chlorhydrate) et de vitamine B12 (0,025 mg/ml en acétate). La commercialisation de cette solution injectable multi-espèces était stoppée depuis cinq ans déjà.

En 2015, une contamination de la solution par un neuroleptique, la lévomépromazine, avait été détectée fortuitement à travers des cas de dopage équin sur certains lots, mais pas sur tous. Les traces résiduelles de lévomépromazine identifiées dans les lots Methio B12° qui avaient été retirés du marché étaient toutefois à un niveau bien trop faible pour avoir un impact sur la santé des animaux traités, ni, a fortiori, sur celle des consommateurs des denrées produites par ces animaux.

Aujourd'hui, après cinq années d'absence, Methio B12° est à nouveau référencée en centrales depuis le 15 juin en flacons verre de 50 ml (environ 7,50 € en prix d'achat HT centrale) ou de 250 ml (± 17 € en prix d'achat HT en centrale).

Selon son résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP), Methio B12° est indiqué :

• Dans la plupart des espèces domestiques, « bovins, ovins, caprins, équins, porcins, chiens, chats et volailles »,
• Par presque toutes les voies d'administration, « intraveineuse, intramusculaire, sous-cutanée et même orale »,
• Et dans des indications assez larges, voire floues : comme « traitement d'appoint des troubles métaboliques et des affections hépatorénales ». Cela peut inclure les diarrhées, les anémies, les troubles hépatiques, les périodes de croissance ou de convalescence.

Les doses recommandées vont de 1 à 2 ml par animal pour les chiens et les chats jusqu'à 25 à 50 ml pour les grands animaux, chevaux ou bovins adultes.

Deux antiparasitaires élargissent les gammes de MSD et Zoetis

Comme chaque année, les nouveautés les plus nombreuses sont pour les antiparasitaires. MSD et Zoetis ont ainsi élargi leurs gammes avec un spot-on de praziquantel et un comprimé endectocide.

PrazPronto°, premier spot-on de praziquantel seul

MSD commercialise PrazPronto° un spot-on original de praziquantel seul pour chats en boîtes de quatre pipettes pour un peu plus de 8 € en prix d'achat HT en centrales. La posologie est d'une pipette dosée à 20 mg par tranche de 2,5 kg. Développé par le laboratoire Irlandais Chanelle comme un générique du spot-on Droncit° (Bayer) qui n'a jamais été autorisé en France, PrazPronto° est — en France — le premier spot-on de praziquantel seul pour les chats. Les indications sont donc restreintes aux cestodes : Dipylidium, ténias et échinocoques. Deux autres spot-on pour chats combinent le praziquantel, cestodicide de référence, à d'autres antiparasitaires, l'emodepside pour Bayer (Profender°) ou, chez BI-Merial, dans un spot-on endectocide (Broadline°) avec l'éprinomectine, le fipronil et le méthoprène.

Simparica° Trio combine le sarolaner avec la moxidectine et le pyrantel

Dans les comprimés antiparasitaires pour chiens de Zoetis, Simparica° Trio élargit le spectre de la gamme Simparica° à base de sarolaner (isoxazoline insecticide et acaricide) en y ajoutant à la fois la moxidectine (comme « endectocide ») et le pyrantel (nématocide). Selon le rapport public d'évaluation de l'agence européenne du médicament (EMA), l'association est justifiée par la présence simultanée fréquente de plusieurs types de parasites différents.

1. Le sarolaner contre les parasites externes, puces et tiques, avec une rémanence de 5 semaines.
2. La moxidectine en prévention de la dirofilariose (Dirofilaria immitis), de l'angiostrongylose (Angiostrongylus vasorum) et contre Ancylostoma caninum (L4 et L5)
3. Le pyrantel contre les ascaris (T. canis et leonina), les ankylostomes (Ancylostoma caninum) et Uncinaria stenocephala.

Cette association est donc indiquée « exclusivement » contre les infestations parasitaires mixtes : externes (puces ou tiques) et internes (nématodes gastro-intestinaux, dirofilariose, angiostrongylose). La gamme comprend six dosages de comprimés à croquer (appétents) non sécables sur la base d'une posologie de 1,2 à 2,4 mg/kg de sarolaner, de 0,024 à 0,048 mg/kg de moxidectine et de 5-10 mg/kg de pyrantel. Cette gamme permet de traiter par un seul comprimé (non sécable) des chiens à partir de 1,25 kg jusqu'à 60 kg. Chacun de ces dosages est référencé en centrale en une seule présentation : une boîte de six comprimés, à un prix d'achat HT en centrales compris entre un peu plus de 30 € pour le plus petit dosage (pour les chiens de 1,25 à 2,5 kg) jusqu'à 55 € pour le plus élevé (chiens de 40 à 60 kg).

Les posologies en sarolaner sont plus faibles que dans la gamme de six comprimés Simparica° où le sarolaner (seul) est recommandé à la dose de 2 à 4 mg/kg. Les indications contre la gale sarcoptique, la gale d'oreilles ou la démodécie qui figurent dans la gamme Simparica° ne sont pas mentionnées ici dans le RCP de Simparica° Trio.