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24 juin 2020

Maladie des griffes du chat : les formes atypiques surtout chez les adultes, mais les plus sévères chez les enfants

par Vincent Dedet

Temps de lecture  2 min

Répartition des formes atypiques (224 en tout) de maladie des griffes du chat identifiées aux USA entre 2005 et 2014 (LeFil, d'après Nawrocki et coll., 2020).
Répartition des formes atypiques (224 en tout) de maladie des griffes du chat identifiées aux USA entre 2005 et 2014 (LeFil, d'après Nawrocki et coll., 2020).
 

Les formes atypiques de maladie des griffes du chat ne sont pas fréquentes, et délicates à diagnostiquer – justement parce qu'elles sont atypiques et n'ont pas de signes d'appels équivoques. Une synthèse des cas atypiques diagnostiqués aux USA entre 2005 et 2014 vient d'être publiée dans le cadre de la formation continue des généralistes.

Étude rétrospective

Dans sa forme classique, la maladie des griffes du chat est une « lymphoréticulose bénigne d'inoculation » qui guérit le plus souvent sans séquelle, en une à trois semaines et sans traitement, même si la papule d'inoculation peut prendre plusieurs semaines à disparaître. Les enfants (jusque 20 ans) sont plus souvent concernés que les adultes. Si des formes atypiques sont décrites, leur fréquence, sévérité et pathophysiologie ne sont pas clairement établies. Aussi les auteurs ont-ils recherché dans une base de données médicales liée aux assurances santé d'employeurs dans 50 états des USA et sur 10 ans (2005-2014), comprenant près de 44,5 millions de personnes par an. La maladie des griffes du chat y est codée et les auteurs ont extrait toutes les fiches médicales comprenant ce code :  14 824 cas y sont ainsi renseignés.

Formes sévères

Les formes atypiques qui ont été identifiées par le corps médical comme liées à Bartonella henselae sont dans cette population plus rares que ce qui est décrit dans la littérature : 1,5 %, contre 5 à 20 %. La diversité des formes cliniques est importante : rétinite/neurorétinite, conjonctivite, névrite, encéphalite (deux tiers des formes neurologiques), maladie hépatosplénique (douleurs abdominales et micro-abcès), ostéomyélite, érythème noueux et endocardite (surtout chez l'adulte ou chez l'enfant ayant déjà une maladie valvulaire). La notion de sévérité est également confirmée : au regard des formes classiques, les formes atypiques font l'objet d'une hospitalisation significativement plus souvent (sur-risque x 8,8 - p<0,0001). Les adultes (> 15 ans) sont plus souvent concernés que les enfants (47,3 % des cas ont entre 15 et 49 ans et 16,5 % 50 ans et plus). Chez les adultes, les personnes de plus de 50 ans sont nettement moins à risque (-37 %) que les plus jeunes.

Hospitalisation des jeunes

Deux pics saisonniers des cas atypiques sont notés : l'un entre janvier et mars (29,5 % des cas) et l'autre d'août à octobre (33,5 %). Il n'y a pas de saisonnalité des formes classiques de maladie des griffes du chat. Si la saison ne représente pas un facteur de risque significatif des formes atypiques prises ensemble, elle l'est pour les formes oculaires (31,2 et 35,8 % de ces cas surviennent sur les deux pics saisonniers). Qu'ils soient typiques ou non, les cas sont plus fréquents dans le sud des USA, et le fait de résider ou non en ville ne présente pas de caractère favorisant. Les formes atypiques sévères concernent avant tout les enfants : 60,7 % des patients hospitalisés avaient 14 ans au plus (sur-risque x 2,3 par rapport aux 15-49 ans). Il s'agit principalement des formes neurologiques, hépatospléniques et des ostéomyélites. Ainsi, les auteurs soulignent que « les médecins devraient évoquer la maladie des griffes du chat chez les patients, et spécialement les jeunes, présentant une encéphalite ou des anomalies hépatospléniques à déclenchement brutal ».