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19 mai 2020
Doser le NT-proBNP serait utile pour prévenir la défaillance cardiaque du chat sous corticothérapie orale
Pourquoi certains chats développent-ils des troubles cardiaques suite à leur traitement avec un anti-inflammatoire stéroïdien ? Et peut-on détecter les individus à risque ? Pour répondre à ces questions, une étude prospective américaine a été menée sur 10 chats recevant une corticothérapie orale pendant plus de 5 jours. Ses résultats (publiés en libre accès dans le JVIM) renforcent l'hypothèse d'une augmentation de la volémie secondaire au traitement, comme chez le chien (et l'Homme), qui contribuerait aux mécanismes aboutissant parfois à une insuffisance cardiaque.
Les 10 chats ont été recrutés en raison de leur besoin d'une corticothérapie orale, pendant au moins 5 jours (5 à 7 jours en pratique), pour divers motifs (asthme félin, dermatite, rhinite chronique, anémie à médiation immune, néoplasie, etc.). Ils ont tous été traité par de la prednisolone, à différentes dose (dose médiane : 2 mg/kg/j), sauf un cas traité avec du budésonide (0,2 mg/kg/j).
Ces chats ne présentaient aucun signe visible de pathologie cardiaque, ni de maladie susceptible d'affecter la concentration sérique en NT-proBNP (N terminal pro-B-type natriuretic peptide) : hyperthyroïdie, hypertension, maladie rénale, notamment. Ils ne devaient pas non plus recevoir de traitement à effets cardiovasculaires (fluidothérapie, diurétique, IECA…), ou avoir déjà été traités avec des corticoïdes les semaines précédentes.
Une auscultation cardiaque, la mesure de la pression artérielle et une prise de sang étaient réalisés avant d'initier le traitement, ainsi qu'une échocardiographie et un ECG.
Les mêmes examens étaient répétés à la fin du traitement.
L'hypothèse des auteurs était d'observer une augmentation des taux de NT-proBNP avec le traitement. Et cette hypothèse se confirme.
Initialement, 8 chats sur les 10 présentaient une valeur normale (inférieure à 100 pmol/l). Les 2 autres présentaient une valeur anormalement élevée (et associée à des anomalies cardiaques méconnues jusque-là). À la seconde évaluation, les analyses montrent augmentation des valeurs de ce paramètre, la médiane s'établissant à 85 versus 49 pmol/l (voir figure en illustration principale).
Cette différence n'est pas statistiquement significative pour la cohorte dans son ensemble. Toutefois :
Les analyses montrent également une augmentation significative des protéines normales. En revanche, les autres paramètres suivis, notamment la glycémie, la pression artérielle ou la fréquence cardiaque, n'évoluent pas de manière significative entre les deux mesures.
Les examens échocardiographiques détectent par ailleurs une modification du cœur : dilatation significative de l'oreillette gauche et augmentation du diamètre interne du ventricule gauche.
Selon les auteurs, ce remodelage cardiaque, et l'augmentation du NT-proBNP dans une certaine mesure, confortent l'existence d'un effet à court terme des corticoïdes sur la volémie. Ils expliquent que l'hyperglycémie secondaire au traitement est une origine controversée de cette hypervolémie ; leurs résultats montrent d'ailleurs l'absence d'une évolution significative de la glycémie.
Contrairement au chien, la corticothérapie orale ne semble pas non plus induire d'hypertension systémique chez le chat.
En pratique, les auteurs sont d'avis que « des mesures régulières du NT-proBNP chez un chat placé sous corticothérapie pourraient être utile pour évaluer le risque lié à l'augmentation de la volémie ».
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