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20 avril 2020
Covid-19. Cécile, praticienne dans l'Ain est malade depuis 4 semaines : « Entre douleurs, incertitude et extrême lassitude, c'est très éprouvant pour le moral »
Moins d'une semaine après le début du confinement, notre consœur libérale Cécile Chanloy a présenté les premiers symptômes d'infection, compatibles avec le Covid-19. Elle partage ici son expérience de la maladie, qui n'a pas nécessité d'hospitalisation. Son cabinet est fermé jusqu'à nouvel ordre.
« D'abord juste des frissons, un petit mal de gorge, mais assez vite une grosse fièvre »
Quels ont été les premiers signes de l'infection et quand ?
C'est arrivé à l'issue d'une semaine un peu folle. Pour resituer le contexte, mon cabinet est une petite structure canine en zone suburbaine. J'emploie une consœur salariée et une ASV. Avec la fermeture des écoles, ma consœur a pris des congés pour garde d'enfants, et dès la première semaine de confinement [le jeudi 19 mars], mon ASV a été mise en arrêt maladie car elle est asthmatique.
Comme beaucoup je crois, nous avons reçu une foule de clients les deux premiers jours de cette fameuse semaine [lundi 16 et mardi 17]. C'était étonnant et anxiogène. Et surtout complexe à gérer car nous avions déjà mis en place des mesures de prévention de la contamination : réception uniquement sur rendez-vous, attente des clients dehors, etc. Il fallait faire, en plus, beaucoup de pédagogie. Mais le calme est à peu près revenu le mercredi. Amenée à travailler seule, j'ai décidé de modifier mon organisation : n'ouvrir que le matin pour la gestion des cas urgents et le renouvellement des prescriptions, et fermer complètement le samedi afin d'éviter le retour de cette clientèle impatiente et fébrile du début de semaine.
Je n'ai pas eu le temps de tester cela bien longtemps ! J'ai donc travaillé le vendredi matin [20 mars]. Et subitement, en début d'après-midi, je ne me suis pas sentie très bien. Rien de grave d'abord : quelques frissons, un peu mal à la gorge, de la fatigue et une température normale (36,2°C). Mais après quelques heures, je suis montée à 38,7°C, puis à 39,7°C le soir.
C'est cette forte hyperthermie qui m'a motivée à appeler mon médecin. Et même si je n'ai pas été testée pour confirmer l'infection « Covid-19 », elle a été catégorique : « ne cherche pas, c'est ça ! ». C'est d'autant plus probable que nous étions alors au début du pic de la maladie dans la région.
Comment as-tu réagi ?
Je me suis enfermée dans ma chambre… et je n'en suis pas sortie avant une semaine !
Cécile s'est isolée dans sa chambre une semaine, un réflexe de vétérinaire !
(cliché C Chanloy, mardi 24 mars).
J'ai deux garçons de 11 et 13 ans. Et mon mari étant coincé à l'étranger [il a été rapatrié depuis], ma mère – âgée – était à la maison pour m'aider. Bien avant le confinement, nous avions pris des mesures pour éviter que je contamine qui que ce soit : "distanciation sociale", pas d'embrassade, etc. Avec ma formation de vétérinaire, je suis naturellement très à cheval sur l'hygiène, notamment en cuisine (je suis même plutôt pénible avec cela !). Ça n'était donc pas compliqué d'imposer de nouvelles règles. Et ça a sans doute payé : je suis la seule à avoir été malade à la maison.
« L'évolution en dents de scie est très anxiogène »
Comment ton état a-t-il évolué ?
Pas bien ! Après l'épisode fébrile, au bout de 4 ou 5 jours, sont apparues de fortes douleurs articulaires, au niveau des vertèbres en particulier. La nuit, j'avais aussi l'impression qu'on m'enfonçait des aiguilles dans les chevilles. Le tout associé à une très grosse fatigue mais, étonnamment, plus de fièvre. Ensuite encore s'est ajoutée une diarrhée. Cela s'est prolongé une semaine et demi avant une amélioration.
Mais après 15 jours, j'ai subi une grosse rechute : température en légère hausse (37,5°C), retour du mal de gorge et – surtout – apparition d'une adénopathie locale grave. J'avais des ganglions énormes et très douloureux, surtout un qui mesurait 4 cm de diamètre… J'ai rappelé mon médecin qui m'a mise sous antibiotiques (amoxicilline, 3 g/j pendant 10 jours). Jusque-là, je n'avais pris que du paracétamol.
Cette évolution inhabituelle avec des hauts et des bas est très stressante. Lors d'une grippe ou d'autres maladies, une fois le pire passé, on évolue généralement de mieux en mieux. Ce n'est pas le cas ici. Et du coup, la question se pose de suspecter autre chose. Dans mon cas, avec l'apparition de cette troublante adénopathie, je me suis sincèrement demandée si ce n'était pas plutôt une hémopathie maligne (une leucémie par exemple). Le bilan sanguin que j'ai fait l'a écarté et n'a pas révélé d'autres anomalies que celles liées à l'infection. Mais dans l'attente des résultats, au niveau psychologique, c'est très difficile à vivre.
Comment ça va aujourd'hui, après 4 semaines ?
Je vais beaucoup mieux. Mais j'ai conservé une grande fatigue. Moi qui suis plutôt en forme et sportive, je suis très vite essoufflée. Je me traîne comme un escargot, c'est désolant ! Mais je n'ai pas vu apparaître de nouveaux symptômes et j'espère donc atteindre le bout du tunnel. Je vois bien qu'il faut que je me repose encore, je ne suis pas près de reprendre le travail !
« L'Ordre, les confrères comme les clients ont montré une grande bienveillance »
Que devient le cabinet ? Comment sont pris en charge les clients et leurs animaux ?
Le cabinet a été fermé dès le lundi 23 mars. Ma salariée est passée afficher un mot sur la porte et nous avons transmis l'information sur notre page Facebook. La ligne téléphonique a été transférée sur la structure avec qui je travaille habituellement pour les gardes (AdomVET) et je renvoie mes clients vers les deux cliniques à qui je réfère souvent mes cas, pour les soins urgents et le renouvellement des traitements.
En parallèle, j'avais aussitôt contacté l'Ordre qui a été très réactif et bienveillant, me rassurant sur l'absence de problème quant à mes obligations de continuité de soins. D'une manière générale, les confrères et mes clients se sont montrés plutôt solidaires et compatissants. J'ai reçu beaucoup de messages encourageants.
Quand penses-tu rouvrir ?
Cette grande fatigue qui persiste m'empêche d'envisager reprendre mon activité dans l'immédiat, surtout seule. Le risque est de tenir 2 jours avant de m'écrouler et fermer à nouveau. Ce serait contre-productif. La reprise va me demander de l'énergie, pour assurer les consultations, gérer les vaccinations dépassées et les quelques propriétaires mécontents, rattraper le retard administratif que j'ai pris. J'aurai beaucoup de démarches sociales et comptables à faire, un document unique à actualiser… Il me faut attendre d'avoir véritablement retrouvé la forme.
Quelles vont-être les conséquences économiques pour toi ?
Au plan financier, je vais être correctement indemnisée car étant malade, mon contrat de prévoyance prévoit le versement d'indemnités journalières. La rémunération de mes salariées, l'une en arrêt, l'autre en congés, est également prise en charge. Et certains fournisseurs ont été solidaires de la profession en versant sans délai les remises sur contrat. C'est appréciable.
La fermeture du cabinet pendant plusieurs semaines va évidemment générer une perte de chiffre d'affaires et de revenus. Et ce manque à gagner ne sera pas rattrapé. Mais sincèrement, à ce jour et vu les circonstances, cela me semble secondaire. Ce n'est que de l'argent ! Et soyons pragmatique : je n'ai pas de solution pour combler le manque.
« C'est l'occasion de réinventer notre façon de travailler »
Je vois même tout cela comme une chance de faire évoluer nos pratiques. La situation est durable et, dans notre activité, des adaptations sont indispensables, au plan humain comme sanitaire. C'est donc l'occasion aussi de repenser notre organisation et d'imposer aux propriétaires le fonctionnement qui nous convient à nous et à notre travail. Les jeunes diplômés sont souvent déstabilisés face aux comportements et aux demandes parfois abusives des clients. Nous serions sans doute plus efficaces à consulter dans certains cas hors de la présence du propriétaire ! Le contexte actuel fait sans doute que la clientèle se pliera plus facilement à de nouvelles règles. À nous de le rendre pérenne, peut-être avec le conseil et l'accompagnement de nos instances professionnelles et nos fournisseurs.
« L'une de nos clientes toussait vraiment beaucoup »
Finalement, comment penses-tu avoir été infectée ?
L'hypothèse la plus probable, et qui correspond à la durée moyenne d'incubation (5 jours), est d'avoir été contaminée par un client lorsqu'ils sont venus en nombre faire leurs stocks de médicaments et d'aliments juste avant le confinement. Avec mon ASV, nous portions pourtant blouse, charlotte et masque, entre autres. Beaucoup de personnes toussaient, et en particulier une dame qui a eu beaucoup de mal à comprendre pourquoi elle devait nous confier son chat mais rester dehors…
Une autre possibilité est que le virus soit passé par mon fils (porteur asymptomatique ?) qui était allé fêter l'anniversaire d'un copain chez lui avec d'autres camarades le mercredi de la semaine précédente : son père a été malade, testé positif au Covid-19, et sa compagne est hôtesse de l'air… On ne saura jamais !
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