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11 février 2020

Shocking : la mode des brachycéphales accompagnée d'une « explosion » des cliniques de fertilité canine, et des doutes sur leurs pratiques

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

Les cliniques de fertilité canine, dont le nombre a récemment explosé outre-Manche, proposent différents services, de l'insémination artificielle au diagnostic de gestation. Ce phénomène est lié à la popularité des races brachycéphales mais, prévient le Veterinary Record, n'est pas toujours dans les clous de l'éthique, de la déontologie voire de la réglementation;
Les cliniques de fertilité canine, dont le nombre a récemment explosé outre-Manche, proposent différents services, de l'insémination artificielle au diagnostic de gestation. Ce phénomène est lié à la popularité des races brachycéphales mais, prévient le Veterinary Record, n'est pas toujours dans les clous de l'éthique, de la déontologie voire de la réglementation;
 

Le nombre de cliniques de fertilité canine a fortement augmenté outre-Manche, passant d'une seule en 2015 à 37 à début 2020, mais elles n'ont pas toujours un vétérinaire sur place, prévient une enquête journalistique parue dans l'édition du 8 février du Veterinary Record. Le chiffre de 37 n'est pas forcément exhaustif, mais issu d'une recherche en ligne effectuée fin 2019 par deux des journalistes de l'hebdomadaire vétérinaire.

+ 3 000 %

Le développement de ces cliniques est parallèle au nombre de naissances de chiots déclarées au fichier de l'équivalent de la société centrale canine, le Kennel club. Pour le bouledogue anglais, cela représente une augmentation de 153 % en 10 ans… et de plus de 3 000 % pour le bouledogue français. Quant aux naissances de chiots par insémination artificielle (IA) enregistrées au Kennel club, elles sont aussi en augmentation, mais à 593 en 2019. « Le phénomène est probablement largement plus fréquent, tous les chiots n'étant pas inscrits ». De fait, « il y a plus de naissances par IA sur [2016-2019] que sur la période 1998-2015 ». Pour les auteurs, cela correspond « à l'augmentation de popularité des races brachycéphales », qui « ne peuvent pas se reproduire naturellement du fait de leurs difficultés respiratoires » ni « naître sans césarienne ». Sur les 37 cliniques enquêtées, « la majorité (n=20) fournissent aussi un reproducteur mâle d'une race dont le taux de naissance par césarienne est de l'ordre de 80, comme les bouledogues anglais ou français ».

Avec ou sans… vétérinaire

Sur les 37 cliniques de fertilité canine enquêtées, « quelques-unes sont identifiable comme cliniques vétérinaires, fixes et avec un vétérinaire sur place ». Mais « d'autres sont des business mobiles, avec des sites web rudimentaires et n'offrant comme contact qu'un numéro de portable anonyme ». Le souci additionnel étant que « plusieurs de ces cliniques offrent des services comme les prises de sang ou la réalisation de césariennes », actes vétérinaires, mais n'ont pas « dans leur majorité » de vétérinaire à demeure. « Cela n'exclut pas qu'elles fassent appel à un vétérinaire ponctuellement », ce que les enquêteurs n'ont pas validé… Elles proposent aussi le recours à un étalon, le diagnostic de gestation (échographie ou dosage de progestérone), etc. Et à la différence des élevages canins, elles n'ont pas d'obligation légales à s'enregistrer auprès des autorités. Enfin, plusieurs « font la promotion de l'auto-mise bas, où la chienne fait sa portée à la maison sans assistance médicale, et du régime alimentaire à base de viandes crues » (BARF).

IA chirurgicale

L'enquête signale aussi la pratique « d'insémination artificielle par voie chirurgicale », au nombre des prestations affichées par deux de ces cliniques. Or cette pratique a été interdite par l'équivalent de l'Ordre des vétérinaires britanniques (le Royal College of Veterinary Surgeons) début 2019, puis par la nouvelle réglementation britannique sur le bien-être animal. Le Veterinary Record a appelé les deux cliniques, qui ont indiqué ne plus faire cet acte et vouloir modifier leur site internet dès que possible. Début février, l'une des deux l'avait effectivement adapté ; pas l'autre. Il n'y a toutefois « pas de preuve que de tels actes ont été effectués » et donc pas de matière à poursuite, commentent les deux investigateurs.

Dans l'éditorial du même numéro du Veterinary Record présentant ces éléments, il est rappelé que le Royaume-Uni est très fortement déficitaire en chiot : de « centaines de milliers de chiots par an »« Il y a donc une logique économique évidente derrière l'explosion de ces cliniques de fertilité canine », mais, interroge le journal, « qui pour les contrôler ? ».