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Elanco & Proplan

29 octobre 2019

Le chat ne tolèrerait pas si bien la contention par clipnose

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Le site collaboratif WikiHow (Comment faire pour…) explique « comment appliquer la clipnose à un chat » en 8 étapes (ici avec des pinces à linge). https://fr.wikihow.com/appliquer-la-clipnose-à-un-chat
Le site collaboratif WikiHow (Comment faire pour…) explique « comment appliquer la clipnose à un chat » en 8 étapes (ici avec des pinces à linge). https://fr.wikihow.com/appliquer-la-clipnose-à-un-chat
 

La clipnose est un moyen de contention régulièrement conseillé par des spécialistes félins, car elle immobilise complètement le chat de manière temporaire tout en restant bien tolérée. Cette recommandation est mise à mal par les résultats d'une nouvelle étude qui a comparé les réactions des chats à diverses techniques de contention. Et la clipnose ne semble pas si bien appréciée que cela par l'animal. Moins bien même que la prise par la peau du cou.

Un simple maintien non contraignant est pris en référence

Ce sont des Canadiens, de l'Université de Guelph (Ontario), qui ont mené cette étude (à paraître dans le Veterinary Record).

Ils ont observé, filmé et analysé la réaction d'une cinquantaine de chats (recrutés dans un refuge) à l'une des 3 techniques de contention suivantes (appliquée pendant une minute).

  1. Prise par la peau du cou (« scruffing » en anglais, n=17) : elle consiste à saisir fermement d'une main un pli de peau dorsalement à l'arrière du cou.
  2. Clipnose (n=16) : elle reproduit un peu la précédente, en plaçant une ou plusieurs pinces de type pinces à dessin sur la peau en région cervicale.
  3. Immobilisation totale (n=19) : technique reconnue comme mal tolérée (provoquant des réactions d'échappement), consistant à maintenir l'animal en décubitus latéral, en bloquant d'une main les pattes arrière et de l'autre la tête et les pattes avant.

Chaque animal était aussi maintenu passivement en position naturelle (debout, assis ou couché), de la manière la moins contraignante possible (les deux mains sur le poitrail) : il pouvait bouger librement la tête, le corps et les membres, sans toutefois pouvoir s'échapper. La réaction à cette méthode de contention douce – réalisée avant l'autre – était prise en référence pour chacun.

Au préalable, chaque chat avait aussi été catégorisé comme amical ou non (réponse au contact avec une personne non familière). Une plus forte réaction aux techniques de contention de la part des chats « inamicaux » (n=13) était présumée par les auteurs de l'étude. Elle ne sera finalement pas confirmée au travers des résultats.

Une série de réactions d'intolérance est analysée

La réaction des chats était comparée, en s'appuyant sur des paramètres comportementaux et physiologiques. Les réactions considérées comme négatives étaient les suivantes :

  • Positionnement des oreilles vers l'arrière ou sur le côté,
  • Vocalises (grondement, sifflement, miaulement),
  • Léchage des lèvres,
  • Augmentation du rythme respiratoire,
  • Mydriase.

Le scruffing est finalement mieux toléré

Les résultats montrent que, comme attendu, la technique d'immobilisation totale génère plus de réactions négatives que la contention douce de référence (sur l'ensemble des paramètres étudiés).

Mais la surprise provient des réactions successives à la technique de clipnose, qui entraîne des réactions comparables à celles manifestées lors de cette immobilisation ferme (pas de différence significative entre les deux groupes). Le scruffing en revanche, provoque significativement moins de réactions d'intolérance que ces deux techniques, sur plusieurs paramètres (vocalisations, dilatation des pupilles). La prise par le cou demeure toutefois moins bien tolérée que la contention douce.

Face à ces observations, les auteurs résument donc que les trois techniques de contention testées sont perçues de manière négative par les chats. Elles doivent donc être évitées dans la mesure du possible. L'immobilisation de l'animal peut évidemment être nécessaire. Dans cette situation, « la prise par la peau du cou serait préférable à la clipnose et à l'immobilisation totale, étant donné qu'elle génère moins de réactions d'intolérance ».

Les résultats relatifs à la clipnose sont en contradiction avec ceux d'autres travaux. Mais de nombreuses variations dans les protocoles d'étude pourraient les expliquer. Les auteurs signalent aussi que toutes les études menées dans le domaine n'utilisent pas les mêmes techniques de clipnose (type et nombre de pinces en particulier). Il serait donc intéressant de comparer ces dernières afin d'établir des recommandations plus précises.