24 septembre 2019

Dans quelques jours ou semaines, il y aura deux fois plus de concurrence sur les vaccins respiratoires (vivants) par voie intranasale pour les veaux âgés d'une ou deux semaines que la saison passée. Car leur nombre passera de deux à quatre.

Quatre gammes chez MSD, Hipra, BI-Merial et Zoetis

MSD et Hipra font actuellement référencer en centrales leurs deux nouveaux vaccins.

• Pour MSD, il s'agit de Bovilis° Intranasal RSP, un vaccin vivant atténué RS-Pi3 qui s'inscrit en complément du vaccin inactivé respiratoire Bovilis° Bovigrip° (RS, PI3, Mannheimia hæmolytica) utilisable par voie SC.
• Pour le laboratoire espagnol Hipra, il s'agit du vaccin Nasym° vivant atténué monovalent contre le virus respiratoire syncytial (RS) avec l'originalité de pouvoir aussi être employé plus tardivement (à 10 semaines d'âge) par voie IM.
• L'an dernier au même moment, Boehringer Ingelheim lançait aussi Bovalto° Respi Intranasal, un vaccin vivant atténué RS-Pi3 qui complète la gamme respiratoire Bovalto° Respi 3 ou 4, des vaccins inactivés par voie SC, tri ou quadrivalents, avec les valences RS, PI3, Mannheimia hæmolytica (+ BVD pour le vaccin quadrivalent).
• Ces trois vaccins vivants détrônent donc le monopole occupé pendant 12 ans, de 2006 à 2018, du vaccin vivant Rispoval° Intranasal RS-Pi3 de Zoetis, le chef de file historique de ces vaccins respiratoires vivants par voie intranasale.

Pour la plupart, ces vaccins sont commercialisés avec des dispositifs qui facilitent l'administration intranasale chez les jeunes veaux.

Seulement 20 % des veaux nés en 2018 sont vaccinés

« Sur les 7 millions de veaux nouveau-nés en France en 2018, moins d'un sur cinq a été vacciné précocement contre les infections respiratoires » selon le communiqué de presse de MSD. Ce taux de vaccination faible contre les maladies respiratoires — 20 % au global en élevage laitier — avait déjà été souligné par Boehringer Ingelheim l'an dernier. Les infections respiratoires sont la seconde cause de mortalité des veaux derrière les diarrhées néonatales. Et 55 % des cas d'infections respiratoires chez les bovins surviennent dans le premier mois de vie des veaux.

La vaccination par voie intranasale par un vaccin vivant qui confère une immunité rapide contre le pathogène le plus redoutable, le virus RS (respiratoire syncytial), est la seule qui puisse permettre de protéger les veaux à partir de la seconde ou troisième semaine de vie.

Même si la publicité pour les vaccins n'est pas (encore) permise auprès des éleveurs, cette concurrence qui conduit quatre laboratoires à promouvoir simultanément la vaccination respiratoire précoce des veaux devrait logiquement conduire à augmenter un taux de vaccination qui aujourd'hui reste faible. D'autant que 80 % des éleveurs se déclarent en attente d'une meilleure maîtrise sanitaire des jeunes veaux nés.

Sans essai comparatif, impossible de dire quel est le meilleur vaccin

Avec quatre vaccins disponibles, il est possible de faire des choix. Car les caractéristiques essentielles de ces vaccins ne sont pas identiques, aussi bien en termes de composition – aucune des souches vaccinales n'est identique entre les quatre vaccins — que dans le protocole vaccinal. Pour l'octroi des AMM, l'efficacité des vaccins est appréciée surtout par des essais avec des challenges infectieux, comparatifs contre des veaux non vaccinés en faible nombre pour éviter des souffrances inutiles. Mais il n'y a pas d'essai qui compare les performances de deux vaccins concurrents. Il n'est donc pas possible de s'appuyer sur des données pour affirmer que tel ou tel vaccin serait meilleur qu'un autre, ou, à l'inverse, qu'ils seraient équivalents. Seuls les résumés officiels des caractéristiques des produits (RCP) de ces quatre vaccins peuvent être comparés pour se forger sa propre conviction en tenant compte aussi de sa pratique.

Tous pareils (2 ml dans le nez) mais tous différents

Comparatif des quatre vaccins respiratoires pour veaux indiqués par la voie intranasale

Les caractéristiques de ces vaccins, tous avec des souches de virus vivants et atténués, sont assez similaires sur de nombreux points. Nasym° se distingue des trois autres vaccins en ne présentant que la valence RS — un virus plus pathogène que le virus Pi3 très répandu — et une double voie d'administration selon l'âge du veau avec ainsi un rappel possible par le même vaccin par voie IM à l'âge de dix semaines

• La vaccination intranasale — 1 ml dans chaque narine — se fait entre 7 jours d'âge (Bovilis°), 9 jours d'âge (Rispoval°, Nasym°) voire 10 jours d'âge (Bovalto°). Les écarts ne sont que d'un ou deux jours.
• À cet âge précoce, l'interférence avec les Ac d'origine maternelle a été étudiée pour les quatre vaccins avec des conclusions assez différentes selon les vaccins entre l'absence d'impact (Bovalto°), l'interférence « peu probable » (Nasym°) ou possible pour le Pi3 (Rispoval°) ou le RS (Bovilis°).
• Sur les indications, les deux vaccins les plus récents (Bovilis° et Nasym°) ont démontré, dans des challenges expérimentaux sans doute sévères, une réduction des signes cliniques et de d'excrétion virale. Les deux premiers vaccins (Rispoval° et Bovalto°) sont éprouvés seulement sur la diminution de la durée et l'intensité de la seule excrétion. Mais, cela ne signifie pas qu'ils ne réduiraient pas du tout les signes cliniques des veaux vaccinés en cas d'exposition aux virus RS ou Pi3.
• Les délais d'apparition de l'immunité vont de 5 à 10 jours selon les valences et les vaccins, sauf… pour Nasym° où ce délai est de 21 jours.
• Les durées d'immunité sont de 12 semaines soit environ trois mois sauf… encore pour Nasym° où elle n'est démontrée que pour deux mois. Mais une seule injection IM par le même vaccin peut alors suffire à la prolonger de six mois supplémentaires.

Dans les tarifs des centrales, les vaccins ne se différencient pas beaucoup sur le prix avec des présentations en 5 doses aux alentours de 6 à 7 euros HT par dose (en prix centrale) et pour la plupart en flacon de 125 doses à un peu moins de 6 € HT la dose (en prix centrale).