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5 octobre 2018

L'Insee ausculte l'activité vétérinaire et trouve la canine en croissance soutenue ; la rurale en stagnation depuis 2008

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Le chiffre d'affaires du secteur vétérinaire « spécialisé dans les soins aux animaux de compagnie » a progressé de 113 % entre 2000 et 2016, contre 31 % « dans les soins aux animaux de rente », indique une analyse de l'Insee publiée le 3 octobre (source : Insee, comptes annuels nationaux et comptes de l'agriculture).
Le chiffre d'affaires du secteur vétérinaire « spécialisé dans les soins aux animaux de compagnie » a progressé de 113 % entre 2000 et 2016, contre 31 % « dans les soins aux animaux de rente », indique une analyse de l'Insee publiée le 3 octobre (source : Insee, comptes annuels nationaux et comptes de l'agriculture).
 

« La profession s'est fortement rajeunie et féminisée ces dernières années » constate l'Insee dans une synthèse consacrée à l'activité vétérinaire, publiée le 3 octobre et qui analyse des chiffres arrêtés à 2016. Mais au-delà des considérations démographiques, qui ne réservent pas de réelle surprise, c'est l'analyse économique du « secteur vétérinaire » qui confirme que la médecine des animaux de compagnie est en développement constant, alors que celle des animaux de rente stagne depuis 2008 (voir l'illustration principale).

Croissance féline

Car le « secteur vétérinaire » a généré un chiffre d'affaires [CA] de 3,5 milliards d'euros HT en 2016, en progression « de 3,6 % par an entre 2000 et 2016 », l'élan étant porté par « les soins aux animaux de compagnie, soit les deux tiers de l'activité totale », à eux seuls en croissance de 4,5 % par an. La médecine féline était déjà en 2016 génératrice d'un CA plus important que la canine : avec « 31 % des ventes », c'est la « première activité du secteur » devant la canine (au sens strict) à 28 %. L'auteur de cette synthèse relève que les dépenses moyennes par chat sont moins élevées que par chien – de loin – mais leur statut de premier animal de compagnie explique cette prééminence. Quant aux NAC, ils « apportent une activité en croissance, mais encore assez faible (7 %) par rapport aux autres animaux de compagnie » (voir le graphique ci-dessous).

Les dépenses vétérinaires pour chats et chiens ont généré 59 % du chiffre d'affaires total du secteur vétérinaire en 2016 (source Insee).

 

Budget des ménages

L'activité vétérinaire répond à une demande sociétale : entre 2000 et 2016, « la part des dépenses vétérinaires consacrée aux animaux de compagnie passe de 0,17 % à 0,24 % du budget des ménages », en hausse soutenue. C'est la résultante de trois facteurs :

  • l'augmentation du nombre d'animaux de compagnie, « de +0,8 % par an »,
  • celle des dépenses réalisées pour eux,
  • et celle du prix des soins vétérinaire, « de + 2,0 % en moyenne annuelle entre 2000 et 2016 ».

Au bilan, la vente de médicaments représente (en moyenne) 25 % du CA des vétérinaires urbains.

 

78 % des structures “canines”

Ces évolutions se reflètent dans celle des structures vétérinaires, recensées par l'Insee comme « unités légales » (UL)… et « distinctes des entreprises » du fait du statut libéral. En 2016, 78 % de ces UL étaient spécialisées en canine (28 % exclusivement et 50 % principalement). « Leur activité est plutôt urbaine » et la majorité des femmes exerce dans ce secteur : « 86 % d'entre elles, contre 62 % chez les hommes ». La synthèse note aussi que le salariat (de vétérinaires et non vétérinaires) est en nette hausse (+17 % par rapport à 2009), surtout pour les ASV (+ 45 % sur la même période, et 6 000 recensées à fin 2015). « À l'inverse, ceux des fonctions “supports” ont diminué : -22 % pour les secrétaires [1 600 fin 2015] et -34 % pour les nettoyeurs », qui étaient alors un millier.

Rurale : médicament = 75 % du CA

Pour la rurale, l'image est plus terne : « depuis 2008, l'activité de soins aux animaux de rente décroît aussi bien en valeur qu'en volume », malgré des « pics d'activité occasionnels » en lien avec les crises sanitaires (FCO…). Cette activité reposait encore en 2016 « pour l'essentiel sur la vente du médicament, [à] 75 % du CA » et 80 % en moyenne pour les productions animales (« 95 % du chiffre d'affaires lié aux porcins et aux volailles »). Une UL sur cinq (19 %) est spécialisée en productions animales. Ces dernières réalisent 29 % du CA de l'ensemble de l'activité vétérinaire (23 % pour la bovine, les monogastriques et petits ruminants représentant les 5 % restants), et le CA moyen des UL de productions animales est « plus élevé que celui des vétérinaires spécialisés dans les animaux de compagnie », à 680 000 et 400 000 €, respectivement (mais ce chiffre n'est pas rapporté au nombre d'actifs par UL). Le chiffre d'affaires des vétérinaires de productions animales suit la géographie des densités d'élevages, avec « 16 % du CA des vétérinaires ruraux réalisé en Bretagne, 15 % en Auvergne-Rhône-Alpes, 13 % dans les Pays de la Loire, 12 % en Nouvelle-Aquitaine », etc. (voir la carte ci-dessous).

Répartition du chiffre d'affaires des vétérinaires ruraux par région en 2016 en 2016 : 15,8 % du chiffre d'affaires des ruraux est réalisé en Bretagne (source Insee).

 

Succès des SEL

Au plan du statut des structures, 55 % des UL sont des entreprises individuelles, mais de petite taille : elles représentent ensemble 20 % du CA total. Les sociétés d'exercice libéral (SEL) se sont nettement développées, et génèrent 40 % du CA total de l'activité en 2016 (contre 7 % en 2003). A l'échelle de l'activité, le taux de marge brut se réduit (recul de 12 points entre 2000 et 2016, à 16 %, mais 8 % dans les SEL). C'est interprété par l'analyste de l'Insee comme le reflet du succès des SEL, pour lesquelles une partie de la rémunération des dirigeants peut figurer comptablement dans les frais de personnel.