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3 mai 2024

Combiner les techniques diagnostiques pour rechercher une aspergillose nasosinusienne chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

L'aspergillose nasosinusienne du chien est généralement due à Aspergillus fumigatus, dont le diagnostic par culture, sérologie ou PCR manque de sensibilité (cliché Pixabay).
L'aspergillose nasosinusienne du chien est généralement due à Aspergillus fumigatus, dont le diagnostic par culture, sérologie ou PCR manque de sensibilité (cliché Pixabay).
 

Sur une période de 11 ans – janvier 2011 à décembre 2021 – les 23 centres de référés du Royaume-Uni participant à cette large étude rétrospective ont rassemblé 475 cas d'aspergillose nasosinusienne chez des chiens de divers profils. Le diagnostic de cette maladie était le principal sujet de ces travaux. Car la rhinoscopie, qui permet l'observation des plaques fongiques caractéristiques, n'est pas toujours disponible ou réalisable, ni répétable. Effectuée quasiment systématiquement ici, elle a permis d'évaluer la sensibilité des autres techniques envisageables (hors imagerie comme le scanner, autre examen de référence).

Ces autres techniques dites auxiliaires désignent la sérologie et la mise en évidence d'éléments fongique par cytologie, histologie, culture ou PCR. Cette dernière, réalisée sur écouvillon profond, a été récemment validée dans une étude prospective belge (voir LeFil du 27 juin 2022).

Des cas d'aspergillose clinique primaire

Dans cette étude, les cas retenus présentaient une aspergillose nasosinusienne clinique, les chiens manifestant des signes cliniques compatibles avec la maladie.

Le diagnostic avait été posé par l'observation de plaques fongiques, associées ou non à une destruction des cornets nasaux ou une atteinte sinusale, objectivée à la rhinoscopie ou par trépanation ou sinusotomie (n=419 ici), ou par l'observation des seules lésions sinusales ou des cornets nasaux (sans plaque fongique visible), mais associée alors à un résultat positif à au moins un test auxiliaire et l'exclusion d'autres causes possibles (n=56).

Les cas d'aspergillose secondaire (à une tumeur ou un corps étranger par exemple) étaient exclus.

Deux-tiers de chiens mâles

L'âge médian de ces chiens est de 6 ans, pour un poids médian de 27,7 kg. La majorité sont des mâles (67 %), ce qui était déjà signalé par ailleurs.

Diverses races sont représentées (50 au total), avec une surreprésentation du golden retriever (n=80 soit 17 %), du labrador (80 aussi), du border collie (38, soit 8 %), du staffie (23, soit 5 %), du cocker (23 aussi) et du bull terrier (20 cas soit 4 %). Mais ces races sont populaires au Royaume-Uni. D'autres études ont documenté une prédisposition des races dolichocéphales.

Les auteurs ont examiné la période à laquelle les premiers signes cliniques ont été rapportés, mais sans détecter de saison plus favorable : les cas sont très également répartis sur toute l'année. Le délai entre la contamination et la manifestation des signes cliniques pourrait toutefois gommer une éventuelle saisonnalité du risque d'infestation.

Jetage mucopurulent, éternuement et épistaxis

Sans surprise, les signes cliniques les plus courants sont un jetage nasal, uni ou bilatéral, le plus souvent mucopurulent (87 % des cas), des éternuements (77 %), une épistaxis (63 %). Une douleur locale et une dépigmentation et/ou ulcération du planum nasal sont également fréquentes (40 % ici), et probablement sous-estimées, selon les auteurs, par défaut d'inscription dans le dossier médical (la dépigmentation est relativement spécifique d'une aspergillose). Une lymphadénomégalie (ganglion lymphatique mandibulaire du côté affecté) est rapportée à 44 %. Chez 35 chiens (17 %), une réduction du flux aérien dans les narines a été observée.

Les principales anomalies sanguines rapportées, lorsqu'une analyse avait été faite, sont une légère neutrophilie (20 % des cas) et une légère hypoalbuminémie (32 %).

Outre la rhinoscopie, des examens d'imagerie ont été le plus souvent pratiqués : scanner (420 cas), IRM (30 cas), radiographie du crâne (16 cas).

Défaut de sensibilité des tests

Parmi les 419 cas chez lesquels des plaques fongiques ont été observées – donc bénéficiant d'un diagnostic de certitude –, les trois-quarts (319) ont fait l'objet de tests auxiliaires :

  • Examen histologique dans 251 cas,
  • Culture fongique dans 223 cas (détectant alors Aspergillus fumigatus à 60 %),
  • Examen cytologique dans 70 cas,
  • Sérologie dans 56 cas,
  • PCR dans 7 cas.

Leurs résultats ont permis de calculer leurs sensibilités respectives :

  • 71 % pour la PCR,
  • 67 % pour la cytologie,
  • 59 % pour la culture,
  • 52 % pour la sérologie,
  • 47 % pour l'histologie.

Ces performances apparaissent donc limitées, en lien aussi avec la difficulté d'obtenir un prélèvement de bonne qualité. Mais même la culture sur biopsie présente ici une sensibilité de seulement 46 %. En outre, les cas de tests négatifs, sur un chien présentant des signes cliniques fortement compatibles mais sans qu'un diagnostic de certitude n'ait pu être établi avaient été exclus, ce qui conforte la difficulté du diagnostic d'aspergillose.

En pratique, selon les auteurs, ces tests auxiliaires restent d'intérêt, mais nécessairement combinés à une rhinoscopie ou un examen d'imagerie comme le scanner, y compris pour le suivi du traitement mis en place après diagnostic.