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Elanco & Proplan

17 mai 2024

Myélopathies du chiot : malformations, traumatismes et instabilités dominent l'étiologie

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Être un carlin ou d'une autre race à queue tirebouchonnée est un facteur de risque évalué par les auteurs (cliché Pixabay).
Être un carlin ou d'une autre race à queue tirebouchonnée est un facteur de risque évalué par les auteurs (cliché Pixabay).
 

Chez le chien adulte, les myélopathies sont largement dominées par les hernies discales. Mais qu'en est-il chez le jeune animal ? L'étude rétrospective de 224 cas en a hiérarchisé les causes, et caractérisé leur présentation clinique.

Cas référés en neurologie sur 5 ans

Les chiens inclus dans cette étude rétrospective britannique étaient âgés de 18 mois au maximum (8 mois en médiane). Ils présentaient des signes de myélopathie et avaient été pris en charge en neurologie dans l'un des 4 établissements vétérinaires universitaires participants (Liverpool, Hatfield/Londres, Glasgow et Édinbourg), entre septembre 2017 et septembre 2022.

Il s'agit donc principalement de cas référés, mais ce qui est habituel lors de signes de myélopathie, ne serait-ce que pour réaliser les examens d'imagerie requis pour affiner le diagnostic, systématiques ici (radiographie, scanner et/ou IRM). Au besoin, d'autres examens, comme une analyse de liquide cérébrospinal, une cytologie sur ponction échoguidée, une autopsie, avaient été réalisés.

Des chiens à la queue en tire-bouchon

Les chiens de la cohorte sont des mâles à 60 %. Et 3 races (sur 62) sont particulièrement représentées :

  • le bouledogue français avec 51 cas (22,8 % de l'effectif total),
  • le carlin avec 18 cas (8,0 %),
  • et le bulldog anglais avec 11 cas (4,9 %), juste derrière les croisés (12 cas, 5,4 %).

Avoir la queue « en tire-bouchon », comme le bouledogue français, le bulldog anglais et le boston terrier, est un critère morphologique pris en compte par les auteurs : 83 chiens (soit 37,1 % de l'effectif) étaient des carlins ou présentaient cette caractéristique. Mais ces races sont aussi très populaires en Grande-Bretagne.

Affection d'apparition chronique et progressive

Dans une majorité de cas (55 %), les signes sont d'apparition qualifiée de chronique (installation en plus de 72 heures). Et ils étaient observés depuis 15 jours en médiane avant la consultation de neurologie, avec souvent une détérioration progressive (dans 62 % des cas). Des signes généraux étaient présents dans 13 % des cas, une hyperthermie dans 3,6 %.

La lésion est le plus souvent localisée en T3-L3 (à 46 %), suivie par une localisation plus haute, en C1-C5 (à 26 %). Une paraparésie est fréquente, chez des chiens ambulatoires ou non. Seuls 10 chiens étaient paraplégiques. Dans plus de 8 cas sur 10, un défaut des réactions posturales est observé. Une incontinence (urinaire et/ou fécale) touche près de 10 % des chiens.

Une hernie discale dans moins de 5 % des cas

Des myélopathies de 31 origines différentes ont été diagnostiquées. Les plus fréquentes sont, par ordre décroissant :

  • Une malformation vertébrale (42 cas soit 18,8 %),
  • Un diverticule arachnoïdien (28 cas soit 12,5 %),
  • Une fracture vertébrale d'origine traumatique (22 cas soit 9,8 %),
  • Une instabilité atlanto-axiale (18 cas soit 8,0 %),
  • Une spondylomyélopathie cervicale (syndrome de Wobbler, dans 17 cas soit 7,6 %),
  • Une méningomyélite d'origine indéterminée (11 cas soit 4,9 %),
  • Une discospondylite (10 cas soit 4,5 %),
  • Une extrusion discale (10 cas soit 4,5 %).

Diagnostic différentiel

L'analyse des données a permis d'identifier des caractéristiques démographiques, morphologiques et cliniques significativement associées aux causes de myélopathie les plus fréquentes.

  • Ainsi, les malformations vertébrales sont, sans surprise, associées à l'âge (plus jeune), ainsi qu'à la race (carlin ou avec la queue en tire-bouchon), la rapidité d'apparition des signes (chroniques) et la localisation de la lésion (située en T3-L3).
  • Le diverticule arachnoïdien touche plus souvent les races carlin et avec la queue tirebouchonnée, avec des signes cliniques persistants et non douloureux.
  • Les fractures traumatiques sont évidemment d'apparition aiguë. Elles sont plus souvent diagnostiquées chez des chiens non ambulatoires, sont non progressives mais douloureuses.
  • Une instabilité atlanto-axiale survient plus souvent chez des chiens de petit poids, et pas des carlins ou autres races à queue tirebouchonnée.
  • Enfin, un syndrome de Wobbler est plus souvent observé chez des chiens lourds.
  • De son côté, une hernie discale survient assez logiquement plutôt chez des chiots plus âgés, des carlins ou races à queue en tire-bouchon, et rapidement présentés en consultation.

Une incontinence ou une atteinte clinique bilatérale ne sont pas des paramètres différenciant.

Ces connaissances permettent d'orienter le clinicien sur les hypothèses les plus probables, et ainsi de prioriser les examens complémentaires à réaliser pour préciser le diagnostic et optimiser le traitement, ou, si ces examens ne sont pas réalisables, de proposer au propriétaire un traitement empirique le plus adapté possible.