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Elanco & Proplan

13 avril 2017

Pour les chats exposés aux tiques, la sélamectine s'allie au sarolaner dans Stronghold° Plus

par Eric Vandaële

Temps de lecture  6 min

Stronghold° Plus est autorisé en trois dosages, le jaune (0,25 ml) pour les chats de 1,25 à 2,5 kg, l'orange de 2,5 à 5 kg (0,5 ml) et le vert (1 ml) jusqu'à 10 kg. Photo Zoetis.
Stronghold° Plus est autorisé en trois dosages, le jaune (0,25 ml) pour les chats de 1,25 à 2,5 kg, l'orange de 2,5 à 5 kg (0,5 ml) et le vert (1 ml) jusqu'à 10 kg. Photo Zoetis.
 

Comme chaque année, le printemps est riche en nouveautés antiparasitaires qui enrichissent cet arsenal déjà abondant. En 2017, Zoetis vient ainsi d'obtenir une AMM centralisée pour une nouvelle gamme de spot-on spécifiquement pour les chats, Stronghold° Plus. Elle associe la sélamectine des spot-on Stronghold° (lancée avec le siècle en l'an 2000) et le sarolaner des comprimés pour chiens Simparica° lancé l'an dernier. La gamme qui vient d'obtenir son AMM centralisée de la Commission européenne n'est pas encore référencée en centrale.

En outre, l'Agence européenne du médicament a aussi ajouté un effet indésirable aux comprimés Bravecto° (MSD) pour chiens. Et elle a un peu étendu les usages des comprimés Trifexis° (Elanco) pour chiens à base de spinosad et de milbémycine.

Les chats exposés aux tiques et à un autre parasite

Pourquoi ajouter le sarolaner à la sélamectine chez les chats dans Stronghold° Plus ? Pour « élargir le spectre aux tiques » répond l'Agence européenne du médicament.

La sélamectine est un endectocide dont l'efficacité est déjà démontrée dans la gamme Stronghold° chez les chats contre les puces, les poux broyeurs, la gale d'oreilles et les nématodes (ascaris, ankylostomes, dirofilariose). Dans Stronghold° Plus, la sélamectine, employée à la même posologie (au moins 6 mg/kg), conserve les mêmes indications. Les dosages des nouveaux spot-on (15, 30 et 60 mg de sélamectine) sont toutefois un peu différents de ceux dans la gamme Stronghold° (15, 45 et 60 mg). Seul le tableau des poids des chats à traiter en fonction du dosage de la pipette change donc aussi.

L'association étant justifiée par ce seul élargissement du spectre, les indications sont aussi restreintes aux chats infestés ou exposés à la fois aux tiques, ciblées par le sarolaner, et à un autre parasite sensible à la sélamectine : puces, poux, gales, nématodes. En l'absence de tiques, la sélamectine seule est efficace contre les autres parasites. Il n'a pas été démontré ni, semble-t-il, recherché de synergie d'activité entre les deux molécules contre les puces. En revanche, il est bien établi qu'il n'y a pas d'interaction négative entre les deux composés.

Une application mensuelle sur ordonnance

En pratique, Stronghold° Plus s'adresse donc surtout aux chats exposés à la fois à des puces et à des tiques sur la base d'une application mensuelle. Pour des raisons d'innocuité, les indications sont approuvées sur des chatons âgés de plus de huit semaines et pesant plus de 1,25 kg.

La gamme est composée de trois pipettes selon le tableau ci-dessous. Dans les trois dosages, deux présentations sont autorisées : les boîtes de trois et six pipettes qui ne pourront être vendues que sur ordonnance vétérinaire.

Tableau des dosages des pipettes en fonction du poids du chat

Deux principes actifs systémiques et persistants

Les deux principes actifs agissent par effet systémique. Pour ce spot-on, la biodisponibilité est de 40 % pour la sélamectine et de 58 % pour le sarolaner. La rémanence d'activité est associée à des longues demi-vies d'élimination : 12,5 jours pour la sélamectine, 41,5 jours pour le sarolaner.

Les indications parasitaires sont soutenues par des études d'efficacité en laboratoire, soit avec l'association, soit en reprenant les résultats des essais réalisés avec la sélamectine seule (Stronghold°). Deux études terrains multicentriques ont été menées en comparaison contre le spot-on Advocate° (imidaclopride, moxidectine), qui n'est pas approuvé contre les tiques, et contre un spot-on de fipronil (indiqué contre les puces et les tiques chez le chat). La revue Veterinary Parasitology consacre sa dernière édition d'avril 2017 à un numéro spécial sur Stronghold° Plus. Les articles y sont tous en libre accès sur ce lien.

La liste des parasites et les rémanences

La liste des indications parasitaires reprend celle de Stronghold° en y ajoutant les tiques.

Parasites externes

  • Tiques. La rémanence est de cinq semaines contre Ixodes ricinus et hexagonus et de quatre semaines contre Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus. Le sarolaner agissant par effet systémique, il est nécessaire que les tiques commencent leur repas de sang pour être tuées par l'acaricide. « Le risque de transmission de maladies vectorielles transmises par les tiques ne peut être exclu » prévient le résumé des caractéristiques du produit (RCP).
  • Puces. La rémanence est de cinq semaines. Une application mensuelle est recommandée pendant « la saison des puces et/ou des tiques ».
  • Gale d'oreilles à Otodectes cynotis. Une seule application est efficace dans plus de 90 % des cas. Une seconde application est parfois nécessaire après un contrôle à J30 pour les cas les plus rebelles.
  • Poux (Felicola subrostratus). Une seule application est recommandée à partir des essais réalisés avec la sélamectine seule.

Nématodes

  • Ascaris. Le traitement des formes adultes de Toxocara cati ne nécessite qu'une seule application.
  • Ankylostomes. Une seule application est aussi suffisante pour éliminer les formes adultes d'Ancylostoma tubaeforme.
  • Dirofilariose à D. immitis. La prévention de la dirofilariose nécessite en revanche une application mensuelle.

Une bonne tolérance chez le chat

Selon le RCP, les effets indésirables sont « peu fréquents » (0,1 à 1 %) et surtout bénins et transitoires : « un prurit léger, une alopécie légère à modérée, un érythème, une hypersalivation ».

En cas d'ingestion accidentelle d'une dose, le chat peut présenter « des effets digestifs transitoires, salivation, fèces molles, vomissements, manque d'appétit… qui disparaissent sans traitement ».

Chez les chattes gestantes et allaitantes, l'innocuité n'a pas été évaluée. Son usage reste envisageable après « évaluation du rapport bénéfice/risque ». La sélamectine est sans danger sur les chats reproducteurs. Le sarolaner n'a pas montre d'effets tératogènes sur les animaux de laboratoire.

Mises en garde aux enfants et aux fumeurs

À l'inverse, le RCP alerte sur le risque pour l'utilisateur avec de multiples mises en garde pour le propriétaire et ses enfants.

  • Du fait de l'excipient « hautement inflammable », les chats sont tenus éloignés « de toute flamme ou source de combustion » pendant au moins 30 minutes post-application. Le spot-on est aussi stocké à l'abri de la chaleur, des étincelles, d'une flamme…
  • Le port des gants n'est pas exigé. Mais le contact direct de la solution avec les doigts est à éviter pour empêcher que l'utilisateur soit exposé aux deux principes actifs.
  • De même, les chats traités ne sont pas caressés tant que la zone d'application n'est pas sèche. Les chats sont ainsi tenus éloignés des enfants pendant 4 heures.
  • Pour cette raison, il est préférable de traiter le chat le soir. Dans ce cas, il ne dort pas ce soir-là avec un enfant ou une autre personne.

Très rages cas de léthargie avec Bravecto°

La même Agence européenne du médicament (EMA) qui a approuvé Stronghold° Plus a souhaité allonger la rubrique « effets indésirables » des comprimés Bravecto° (MSD) à base de fluralaner pour les chiens. « Un état léthargique a été très rarement [< 0,01 %] rapporté dans les déclarations spontanées de pharmacovigilance ». Cette mention a été ajoutée aux effets indésirables digestifs bénins qui avaient été observés chez 1,6 % des chiens inclus dans les essais cliniques.

Trifexis° en prévention de l'angiostrongylose

Toujours dans les antiparasitaires, les comprimés pour chiens Trifexis° (Elanco) à base de spinosad et de milbémycine oxime voient leurs listes d'indications parasitaires s'allonger à la « prévention de l'angiostrongylose ».

Ces comprimés sont destinés aux chiens exposés à la fois aux puces et à un nématode :

  • En traitement des infestations par les ascaris, les trichures, les ankylostomes,
  • Ou en prévention de la dirofilariose ou de l'angiostrongylose.

Dans ces deux indications préventives et contre les puces, une prise mensuelle des comprimés est recommandée, désormais sans limitation dans la durée. Jusqu'à présent, une précaution mentionnait de ne pas dépasser six prises mensuelles consécutives du fait d'un risque d'accumulation chez les jeunes chiens. Cette restriction à six mois maximum a été supprimée. Car un nouvel essai sur des jeunes chiens avec ces administrations mensuelles répétées pendant 12 mois consécutifs n'a pas montré d'accumulation après le sixième mois.