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Elanco & Proplan

8 octobre 2025

Réactions transfusionnelles chez le chat : relativement fréquentes mais bénignes

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

Parmi les 444 chats de l'étude, 45 ont été transfusés sous anesthésie générale, sans développer de réaction transfusionnelle aiguë (cliché Pixabay).
Parmi les 444 chats de l'étude, 45 ont été transfusés sous anesthésie générale, sans développer de réaction transfusionnelle aiguë (cliché Pixabay).
 

Le recours aux transfusions sanguines s'est intensifié avec la plus grande disponibilité des produits sanguins félins. Ce traitement est à risque de réactions aiguës chez le receveur. Mais dans quelle mesure ? Les résultats d'une étude prospective multicentrique l'évaluent à moins de 8 cas sur 100.  

444 chats inclus en 22 mois

Les 14 centres hospitaliers vétérinaires participants à l'étude étaient situés au Royaume-Uni, en Australie ou aux États-Unis. Sur la période d'étude (mars 2022 à janvier 2024), ils ont recruté 444 cas, totalisant 608 transfusions (car 117 chats en ont reçu plusieurs).

Ces chats ont reçu du sang total ou des globules rouges (513 poches transfusées chez 403 chats), ou du plasma congelé (95 transfusions chez 69 chats). La durée de stockage des produits avant administration était renseignée.

Dans le premier cas, le volume moyen transfusé était de 9,2 ml/kg. ; pour le plasma, il était de 7,1 ml/kg.

Divers paramètres relatifs à l'animal (notamment son poids), au contexte clinique (indication de la transfusion), au traitement (type de produit sanguin, stockage avant usage) et à sa mise en œuvre (anesthésie générale, prémédication, protocole d'administration) ont été récoltés.

41 cas de réactions aiguës

Des réactions transfusionnelles aiguës ont été observées chez 39 chats, après 41 transfusions (2 chats ont réagi 2 fois) :

  • après 40 transfusions de sang, soit une incidence de 7,8 % (40/513) ;
  • après 1 seule transfusion de plasma, soit une incidence de 1,1 % (1/95).

Classement de l'AVHTM

Les scientifiques se sont appuyés sur les directives de l'Association of Veterinary Hematology and Transfusion Medicine (AVHTM) pour classer les effets indésirables observés et les imputer au traitement : cause possible, probable ou certaine. Seuls les cas de réaction probable ou certaine à la transfusion ont été retenus.

Cette classification est la suivante :

  • Fièvre aiguë (>39,2°C, avec une augmentation de 1°C à partir du début de la transfusion) ;
  • Détresse respiratoire ;
  • Tachycardie aiguë ou hypotension (<100 mmHg, avec une baisse d'au moins 30 mmHg avec le traitement) ;
  • Œdème de Quincke, urticaire ou prurit ;
  • Altération de l'état mental ;
  • Apparition de vomissements aigus ;
  • Apparition d'une diarrhée aiguë ;
  • Hypocalcémie (calcium ionisé).

La présence concomitante d'une hémolyse, d'une altération de la fonction cardiovasculaire ou d'une surcharge volémique était alors renseignée.

Surtout des réactions fébriles

Les cas ont ainsi été répartis comme suit :

  • Réaction fébrile non hémolytique : 30 cas (dont celui lié à la transfusion de plasma) ;
  • Troubles respiratoires (dyspnée, surcharge volémique, atteinte pulmonaire aiguë) : 4 cas de surcharge volémique ;
  • Hémolyse aiguë : 3 cas ;
  • Réaction allergique : 4 cas ;
  • Intolérance au citrate/hypocalcémie : 0 cas ;
  • Hypotension : 0 cas.

Les réactions fébriles sont ainsi les plus fréquentes ; leur incidence est de 5,7 % lors de transfusion de sang (sang total ou globules rouges) et de 1,1 % pour celle de plasma. Elles demeurent plus rares que rapporté dans d'autres travaux d'étude, mais leur définition (selon les critères de l'AVHTM) utilisée ici est plus restrictive.

Il en est de même pour les incidences des autres réactions observées, plutôt dans la limite basse des chiffres rapportés antérieurement. Mais ici aussi, elles ont pu être sous-estimées pour des raisons de définition ou de méthodologie (une hémolyse n'a pas été explorée systématiquement).

Les cas de réactions allergiques (0,8 % ici) apparaissent moins fréquents que chez le chien, selon une étude équivalente menée par la même équipe chez cette espèce (voir LeFil du 3 octobre 2024).

Ne pas stocker trop longtemps

Parmi tous les paramètres évalués, seuls deux sont identifiés comme des facteurs de risque de réaction transfusionnelle aiguë (et le restent dans l'analyse multivariée) :

  • La durée de stockage du produit avant usage, ce qui était déjà documenté ;
  • Et son administration par une pompe à perfusion, ce qui reste à expliquer.

Aucun autre paramètre, et notamment la réalisation d'un test cross-match avant la transfusion ou l'administration sous anesthésie générale, n'est associé au risque de réaction. Il est toutefois possible que l'hypothermie secondaire à l'anesthésie masque une hyperthermie réactionnelle.

Des réactions transitoires

Selon les troubles observés, la transfusion a été ralentie, interrompue avant d'être continuée (pour évaluer la réaction le plus souvent), ou stoppée. Des traitements symptomatiques ont été administrés au besoin (antihistaminiques, antiémétiques, diurétiques), mais globalement rarement. Dans 3 cas, le traitement a été stoppé pour cause de décès du chat.

Le taux de mortalité dans les 24 heures suivant la transfusion a également été calculé. Sur les 436 chats pour lesquels l'information était disponible, 80 sont décédés (soit 18,3 %). Mais aucun lien entre décès et réaction transfusionnelle n'est établi. Et les chats ayant besoin d'une transfusion sont généralement dans un état très grave voire critique, ce qui explique ce taux élevé de mortalité.