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24 février 2016

Friandises “toxiques” : nouveaux cas de syndrome “Fanconi-like” signalés en Europe

par Vincent Dedet

Des friandises pour chiens, à base de viande séchée de poulet ou de canard, peuvent être associées à la survenue d'un syndrome de Fanconi, surtout lorsqu'elles sont consommées en excès. Le toxique en cause n'a pas été identifié.

Les premiers cas de syndrome “Fanconi-like” liés à la consommation de friandises à base de viandes de volailles importées de Chine ont été détectés sur des chiens européens en 2014 outre-Manche. Depuis, des cas sporadiques ont été signalés en Suisse, en Allemagne, et tout récemment des cas groupés en Angleterre. Cela reste anecdotique, au regard des chiffres Nord-Américains (plus d’un millier de morts).

 
Des friandises pour chiens, à base de viande séchée de poulet ou de canard, peuvent être associées à la survenue d'un syndrome de Fanconi, surtout lorsqu'elles sont consommées en excès. Le toxique en cause n'a pas été identifié.
 

Quatre spécialistes et une enseignante vétérinaire britanniques ont annoncé dans un courrier à l’éditeur du Veterinary Record de la mi-février que des cas groupés de syndrome “Fanconi-like” sont « survenus récemment chez des chiens » outre-Manche. Ils se caractérisent par l’apparition soudaine de polyuro-polydypsie (PU/PD), accompagnée de glycosurie, mais sans cétonurie ni hyperglycémie. Le syndrome de Fanconi (dysfonctionnement de la réabsorption par le tubule proximal ) est soit d’origine génétique (race Basenji), soit acquis – et dans ce cas le plus souvent d’origine toxique.

Anamnèse diététique

Les auteurs signalent que « le recueil de l’historique alimentaire est la clé de ces cas potentiels ». En effet, ils sont liés à la consommation – parfois excessive – de friandises « à base de viande séchée de poulet ou de canard importées de Chine ». Pris au début de ces manifestations, ces cas répondent bien à l’arrêt de consommation desdites friandises. « Toutefois, certains patients ayant un déséquilibre hydro-électrolytique plus significatif, nécessitent une intervention médicale ». Les cas les plus sévères (un « faible pourcentage ») ont été signalés comme pouvant mourir ou devoir être euthanasiés.

Cas sporadiques en Europe

L’histoire de ce syndrome est déjà longue en Amérique du Nord, où il a commencé à être reconnu en 2007 – et fait l’objet d’un suivi aux USA par la Food and Drug Administration. Plus de 5 800 cas y sont enregistrés, dont un millier de décès. Les cas européens sont plus récents (2014) et nettement moins nombreux à avoir été publiés. Un cas anglais début 2014, dont les friandises constituaient la moitié de l’alimentation. Puis à la fin de la même année, un cas en Suisse sur un Shih Tzu adulte dont ces friandises étaient l’alimentation exclusive… Mi-2015, c’est sur un Chihuahua en Allemagne que le même diagnostic a été établi. La PU/PD a disparu après le changement de régime alimentaire…

Un cas au Japon

Et juste avant l’apparition de ces cas groupés britanniques début 2016, c’est du Japon qu’étaient arrivées les dernières nouvelles de ce syndrome, sur une femelle Jack Russel qui recevait quotidiennement ces friandises, en plus de sa ration alimentaire quotidienne. Mais à l’apparition de l’anorexie et de la léthargie, « les friandises étaient devenues l’essentiel de sa nourriture, du fait de ses préférences alimentaires ». Hospitalisée au bout d’un mois de ce régime, son déséquilibre électrolytique a été corrigé ; elle a retrouvé l’appétit au bout de 7 jours et la glycosurie a persisté au moins trois jours (elle avait disparu au contrôle aux trois mois). La chienne est restée insuffisante rénale chronique.

Australie : PetFAST

En Australie, un épisode plus massif avait, en 2008, conduit à retirer certaines de ces friandises du marché. Toutefois l’association vétérinaire australienne (AVA) signale que « les chercheurs [de la faculté vétérinaire à l’université de Sydney] continuent d’identifier des cas isolés de glycosurie qui guérissent après le retrait des friandises de leur régime alimentaire. Un certain nombre de cas a récemment été signalé au système de surveillance des effets indésirables de l’alimentation des animaux de compagnie, PetFAST. Quelques uns semblent liés à une même marque de friandises ». Ce dispositif en ligne est le fruit d’une démarche « volontaire de l’AVA et des industriels du petfood » en Australie. L’AVA souligne que « chaque chien avec une PU/PD nécessite une analyse urinaire et, si la glycosurie est détectée chez des sujets avec une glycémie normale, [le praticien] doit contacter » les universitaires dont les coordonnées figurent sur la même page web. Il leur sera demandé de détailler le régime alimentaire de ces animaux, « friandises incluses », « avec le nom des produits », et de « renseigner le cas dans le dispositif PetFAST, qu’il y ait ou non une relation de causalité établie » avec les friandises.