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24 avril 2024

Carcinome amygdalien : le pronostic est (un peu) amélioré par la chirurgie et des traitements médicaux adjuvants

par Agnès Faessel

Temps de lecture  4 min

 

Les carcinomes primaires des amygdales sont rares mais de mauvais pronostic, chez le chien comme chez l'homme. L'étude rétrospective de 123 cas, axée sur les facteurs associés à ce pronostic, identifie quelques paramètres cliniques et thérapeutiques amenant une amélioration, mais la durée de survie demeure courte.

Étude multicentrique

L'étude a porté sur la période 2012-2021 et les 12 établissements vétérinaires participants (en Italie, Espagne, Royaume-Uni et États-Unis) n'ont donc rassemblé que 123 cas, exclusion faite, toutefois, de ceux ne disposant pas d'une confirmation du diagnostic (par cytologie ou histologie), ou de données de suivi. Il s'agissait le plus souvent d'un carcinome épidermoïde (102 cas soit 83 %).

Ces chiens sont de diverses races, sexe et âge, avec une surreprésentation des épagneuls et collies, ainsi que des chiens mâles, conformément à des travaux antérieurs. L'atteinte était généralement unilatérale (bilatérale chez 7 chiens soit 6 %).

Quelques semaines d'espérance de vie

Le taux de mortalité atteint 89 %, avec un décès systématiquement lié à la maladie tumorale, et la durée de survie médiane est de 126 jours seulement. Cette durée est inférieure à ce qui avait été rapporté dans d'autres études, sur de plus petits effectifs (179 à 270 jours).

La durée de survie avant rechute, calculée pour 54 chiens, est de 91 jours.

Protocoles de traitement variables

Divers traitements ont été mis en œuvre, combinant souvent plusieurs types. Ainsi, une chirurgie a été réalisée chez 68 chiens (55 %) : amygdalectomie seule (30 chiens) ou combinée à une lymphadénectomie (37 chiens). Dans un cas, une simple lymphadénectomie a été réalisée.

Cette chirurgie a été le seul traitement pour 6 chiens, et associée seulement à des AINS pour 21 autres. Dans les autres cas, un traitement adjuvant a été associé : chimiothérapie (40 cas) et/ou radiothérapie (8 cas, dont 7 en combinaison à la chimiothérapie).

Au total, une radiothérapie a été effectuée dans 20 cas, dont 17 à visée curative et 3 à visée palliative.

Divers protocoles de chimiothérapie ont été suivis, en première intention ou en traitement adjuvant de la chirurgie, avec de la carboplatine, de la doxorubicine, du mitoxantrone ou du cyclophosphamide, ou des inhibiteurs de la tyroxine kinase (tocéranib, imatinib).

Des AINS (diverses molécules) ont été administrés chez 102 chiens (83 %), dont 14 pour lesquels il s'agissait du seul traitement (hors antalgiques). De la prednisolone a été utilisée chez 8.

La chirurgie, facteur pronostique positif

En comparant les durées de survie selon le traitement mis en œuvre, il est observé qu'une amygdalectomie, complétée ou non par une lymphadénectomie, est associée à une meilleure longévité (196 jours, ce qui reste modeste) que celle des cas non traités par chirurgie (88 jours), de manière significative (voir tableau en illustration principale).

L'administration d'AINS est un facteur pronostic significativement positif également (avec une durée de survie de 151 jours contre 54 jours dans les autres cas), comme déjà rapporté dans d'autres études.

La mise en œuvre d'une chimiothérapie est un facteur bénéfique lorsqu'elle est administrée en traitement adjuvant de la chirurgie. Toutefois, dans l'analyse multivariée, la différence ne demeure pas significative. Selon les auteurs, l'efficacité d'une chimiothérapie reste à évaluer, notamment son effet sur le retardement de l'apparition de métastases.

La radiothérapie est sans influence significative, mais elle ne concernait ici qu'un petit nombre de chiens.

Les métastases : facteur pronostique aggravant

Le pouvoir métastatique de ces tumeurs est élevé, avec une atteinte des ganglions locorégionaux à 82 % ici chez les 94 cas où ils avaient été examinés, touchant alors le plus souvent plusieurs ganglions à la fois, et/ou une atteinte des poumons (15 % des chiens ici). Des métastases spléniques ont été observées chez un chien, mais l'examen de la cavité abdominale par imagerie n'avait été réalisée que pour 31 cas.

La présence de métastases au moment du diagnostic est associée à une moindre durée de survie, de manière significative (voir tableau). En l'absence de métastases, la survie médiane atteint 381 jours, mais elle tombe à 153 jours lors de métastases touchant un seul ganglion lymphatique, et à 88 jours lorsque plusieurs ganglions sont concernés ou en cas de métastases à distance (pulmonaires).

La présence de métastases peut être associée à une maladie tumorale plus rapidement progressive, mais elle a pu aussi compromettre la chirurgie ou favoriser une décision d'euthanasie.

Mauvais pronostic lors de signes cliniques

Ces tumeurs sont généralement de petite taille, et les signes cliniques souvent discrets voire absents, la détection de la tumeur étant alors fortuite (3 cas ici), à l'occasion d'un examen de la cavité buccale ou d'une intubation, par exemple.

Ici, lorsque des signes étaient présents au moment du diagnostic, il s'agissait le plus souvent de troubles digestifs (anorexie notamment), respiratoires ou les deux, parfois neurologiques ou généraux (léthargie).

Et la présence de signes cliniques est significativement associée à une durée de survie plus courte : 113 jours versus 185 jours (voir tableau). Il est possible que la présence de signes cliniques soit plus fréquente lors de tumeur plus invasive ou agressive.

Les autres paramètres étudiés, en particulier les paramètres démographiques des chiens ou les caractéristiques de la tumeur (type et localisation), ne sont pas identifiés comme associés au pronostic de survie.