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Elanco & Proplan

21 octobre 2025

Impact nutritionnel des friandises : le seuil maximal de 10 % des apports est à revoir chez les chats peu actifs

par Pascale Pibot

Temps de lecture  4 min

Trop peu de propriétaires tiennent compte de l'apport énergétique des friandises et autres suppléments alimentaires dans le bilan calorique global de leur animal (cliché Pixabay).
Trop peu de propriétaires tiennent compte de l'apport énergétique des friandises et autres suppléments alimentaires dans le bilan calorique global de leur animal (cliché Pixabay).
 

Pour limiter la prise de poids des animaux de compagnie, la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA) et l'American Animal Hospital Association (AAHA) recommandent que l'apport calorique quotidien issu des produits alimentaires autres que l'aliment de base – tels que les récompenses, compléments alimentaires ou aliments « plaisir » – ne représente pas plus de 10 % du besoin énergétique d'entretien (BEE) du chien ou du chat.

En effet, les propriétaires ignorent généralement le « poids » énergétique des divers suppléments qu'ils distribuent à leurs animaux ; ils le considèrent à tort comme négligeable.

Le vétérinaire peut alors les conseiller pour modérer ces distributions souvent quotidiennes, d'autant plus qu'il convient aussi de considérer l'impact de ces apports sur l'équilibre nutritionnel de la ration journalière lorsque 10 % de friandises viennent remplacer une partie de l'aliment complet de base.

Des centaines d'aliments et de friandises passées au crible

Des chercheurs ont analysé les teneurs moyennes en protéines et en matières grasses de 226 aliments complets secs (croquettes) pour chiens adultes et 124 pour chats adultes disponibles sur le marché brésilien, tous destinés à des animaux en bonne santé. Ils ont fait de même pour 170 friandises pour chiens et 114 friandises pour chats (commercialisées sous forme sèche, humide ou liquide), choisies pour leur représentativité.

Dans l'hypothèse où ces friandises représenteraient 10 % de l'apport calorique quotidien, ils ont ensuite évalué les conséquences de leur distribution sur l'équilibre nutritionnel des animaux.

Pour leurs calculs, le BEE a été évalué conformément aux recommandations de la Fédération européenne de l'industrie des aliments pour animaux de compagnie (Fediaf) :

  • 95 kcal × PV0,75 pour un chien peu actif (promenade en laisse pendant moins d'une heure par jour) ;
  • 110 kcal × PV0,75 pour un chien actif (1 à 3 heures par jour d'activité à faible impact) ;
  • 75 kcal × PV0,67 pour un chat d'intérieur sédentaire ;
  • 100 kcal × PV0,67 pour un chat actif.

Attention aux chats peu actifs

Les résultats ont révélé des conséquences inégales pour l'animal. Ainsi, l'ajout de 10 % de friandises dans la ration journalière n'empêche pas de bien couvrir les besoins en protéines et en matières grasses des chiens, qu'ils soient actifs ou inactifs.

En revanche, ces apports peuvent poser problème pour plus de la moitié des chats d'intérieur, dont l'apport calorique doit déjà être restreint. Lorsqu'il devient nécessaire de réduire encore davantage la ration de base, afin de compenser l'apport énergétique des friandises, les niveaux d'apports en protéines deviennent parfois insuffisants. Dans cette étude, c'était le cas pour 36,3 % des friandises sèches, 16,1 % des friandises humides et 2,4 % des produits liquides.

La couverture des besoins en matières grasses des chats est susceptible aussi d'être perturbée, dans 29,0 % des cas lors de distribution de friandises sèches, 28,2 % des cas avec les humides et 44,8 % des cas avec les formes liquides. Réduire la ration de base pour tenir compte des calories apportées par les friandises n'est donc peut-être pas une bonne idée pour les chats dont le besoin énergétique de base est déjà très faible.

Les nutriments pouvant faire défaut chez le chat

Le chat est un carnivore dont les besoins protéiques sont plus élevés que ceux du chien car chez lui, la néoglucogenèse joue un rôle important dans le métabolisme énergétique. Un déficit en protéines peut donc avoir des conséquences très délétères pour sa santé.

L'espèce féline est aussi très dépendante d'un apport suffisant en acides aminés essentiels tels que l'arginine et la taurine.

Le chat a enfin une capacité limitée à convertir l'acide linoléique en acide arachidonique, un acide gras qui doit impérativement être présent en quantité suffisante dans son alimentation.

Bien choisir ses références nutritionnelles

Ces conclusions sont établies à partir des recommandations nutritionnelles édictées par la Fediaf, lesquelles sont actualisées chaque année pour prendre en compte l'état des lieux des connaissances scientifiques en matière de nutrition animale.

Les auteurs de l'étude font cependant remarquer qu'en se basant sur les recommandations du National Research Council (NRC) au lieu de celles de la Fediaf, aucun risque de carence nutritionnelle ne serait observé chez les chiens ou les chats, quel que soit leur mode de vie et donc leur besoin énergétique de base. Cette différence s'explique par le fait que les seuils minimaux d'apports en protéines et en matières grasses proposés par le NRC sont moins élevés que ceux de la Fediaf, en relation avec une surestimation du besoin énergétique des animaux compte tenu de leurs modes de vie actuels, de plus en plus sédentaires. Le choix des références nutritionnelles sur lesquelles les vétérinaires s'appuient pour évaluer l'alimentation des animaux est donc très important.

Cette étude investigative a porté en outre sur les niveaux d'apports en protéines et en matières grasses lorsque les friandises se substituent à une partie de la ration de base. Les auteurs ne prétendent pas fournir des conclusions définitives, mais ils insistent sur le fait que les apports en d'autres nutriments indispensables, tels que les vitamines et les minéraux, devraient également être contrôlés.