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19 juin 2025
Morsures, griffures : pasteurelloses et infections à Capnocytophaga, un bilan contrasté
Les morsures de chiens ou chats peuvent transmettre différents pathogènes, primaires ou opportunistes. Lors des journées nationales d'infectiologie, à la mi-juin, deux équipes hospitalières ont présenté des données rétrospectives en lien avec deux de ces affections : la pasteurellose, fréquente et de sévérité modérée si elle est prise en charge rapidement, et l'infection à Capnocytophaga canimorsus, plus rare mais nettement plus sévère (plus souvent fatale).
L'équipe d'infectiologues du centre hospitalier de Quimper a retrouvé dans ses dossiers 111 cas de patients pour lesquels un prélèvement (tissus, liquide articulaire, osseux, hémoculture) avait fourni un résultat positif pour Pasteurella sp., entre 2015 et 2019. « Le mode d'inoculation était connu pour 110 des patients : morsure de chien (n= 35), de chat (n=69), griffure (n=5) ou plaie végétale (n=1) ». Le site principal de la plaie était le membre supérieur (103 des 111 cas). Ces patients avaient un âge moyen de 51 ans, et étaient en majorité des femmes (58 %). Un seul cas a donné lieu à une bactériémie (hémoculture positive). Leurs « principales formes cliniques étaient les abcès/phlegmons (n = 45), suivis des arthrites (n=19), cellulites (n= 5), et ostéites (n=2) ».
Bien que les manuels incriminent surtout Pasteurella multocida (c'était bien ici l'espèce prédominante avec 85 cas à son actif), d'autres espèces de pasteurelles sont également rencontrées : « P. canis (n=24), P. dagmatis (n=6) ou P. stomatis (n=9). Treize patients étaient coinfectés par plusieurs espèces ». Dans la quasi-totalité des cas (107/111), une intervention chirurgicale a été nécessaire, qui « était réalisée précocement après l'inoculation (médiane: 2 jours) ». La moitié des patients (57/111) n'avait pas reçu d'antibiothérapie préalable. Pour les autres, il s'agissait principalement de l'association amoxicilline-acide clavulanique (89 cas), ou de doxycycline ou fluoroquinolone chez les patients allergiques à la pénicilline (n=11). « La durée médiane du traitement toute atteinte confondue était de 10 jours (0 à 42 j), et de 21 jours pour les arthrites (7 à 42 j) ».
Une seule souche sur 55 testées a présenté une résistance aux antibiotiques (pénicilline G) ce qui, pour les auteurs, est un « point important pour la prise en charge des pasteurelloses, [qui fait] discuter la pertinence de l'antibiogramme systématique, [et de] la couverture quasi systématique des anaérobies dans le choix thérapeutique initial (…) et la possibilité de raccourcir la durée de l'antibiothérapie lorsque la chirurgie semble optimale ». À l'inverse, « 12 patients ont présenté une évolution défavorable, avec la nécessité de reprises chirurgicales (1 à 3 reprises), dont un décès par fasciite nécrosante et une amputation trans-métacarpienne ».
Capnocytophaga canimorsus est une bactérie encapsulée commensale de la cavité buccale des chiens et des chats. Elle est aussi transmise aux humains lors de morsure ou de léchage, et provoque alors (heureusement rarement) une maladie grave (septicémie). Une équipe d'infectiologues du CHU de Brest avait publié la plus grande série de cas au monde (44 en tout) d'infections systémiques par Capnocytophaga canimorsus en 2022, portant sur des cas survenus en France entre 2009 et 2018. Elle montrait que la moitié de ces cas était liée à des morsures et près du tiers à du léchage. Mais elle précisait aussi que 4 des cas étaient décédés et trois autres avaient dû être amputés. Cette fois, ce sont des infectiologues du CHU de Rouen qui se sont prêtés à l'exercice, sur les 16 cas identifiés entre 2016 et 2024 dans leur structure. Pour 7 d'entre eux (58 %), un contact avec un chien ou un chat était avéré (morsure documentée dans 33 % des cas). Les auteurs ont analysé les dossiers médicaux de ces patients : trois sur quatre présentaient une bactériémie (dont trois avec méningite), tandis que les quatre autres présentaient un prélèvement respiratoire positif « dans un contexte polymicrobien, évoquant une colonisation » de l'appareil respiratoire.
Comme pour la série de cas de 2022, l'une des patientes a « présenté une atteinte cutanée sévère nécessitant une amputation [et] la mortalité à trois mois était de 16,5 % » (contre 9 % dans la première étude), confirmant la sévérité de ces cas. L'âge moyen des patients rouennais était de 60 ans, aussi les auteurs se sont-ils concentrés sur les facteurs pouvant influencer cette sévérité. Et ils sont tous en lien avec une immunodépression : « d'origines diverses, notamment l'éthylisme chronique et une immunosuppression induite par chimiothérapie », mais aussi une absence de rate (une patiente pour laquelle cela a été une découverte lors de l'exploration du cas et un patient ayant subi une splénectomie dans le passé). Aussi, ces spécialistes soulignent-ils que « les infections invasives à C. canimorsus touchent principalement les patients immunodéprimés. La recherche systématique d'un facteur d'immunodépression non diagnostiqué, telle qu'une asplénie semble indispensable dans les présentations cliniques sévères ».
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