20 mai 2025

Aux États-Unis et au Canada, les rapports d'intoxication accidentelle de chiens et chats par le minoxidil, un composé de lotions anti-calvitie destinées aux humains et largement en vente libre sont passés de 20 en 2013 à 213 l'année dernière. Une étude présentée lors d'une réunion de la Society for Investigative Dermatology et publiée récemment révèle que les chiens sont exposés au minoxidil le plus souvent par le biais des emballages vides jetés à la poubelle, et que les chats sont plus souvent exposés en léchant la peau humaine, ou en se couchant sur une literie qui serait imprégnée de la lotion.

Surtout par ingestion

Le minoxidil topique est approuvé par la Food and Drug Administration des États-Unis pour le traitement de l'alopécie androgénétique. L'analyse bibliographique réalisée par des dermatologiques et toxicologues de facultés vétérinaires américaines et canadiennes visait à explorer tous les cas connus d'exposition toxique au minoxidil chez les chats et les chiens. Ceux-ci ont identifié 6 études, évaluées par des pairs, comprenant 4 cas cliniques et 2 séries de cas de toxicose accidentelle. Cela concerne un total de 68 chats et 26 chiens, d'âge moyen de 3,6 ans (intervalle : 2-7 ans). L'exposition accidentelle au minoxidil est principalement liée à une ingestion orale (70,2 %, n = 66/94), suivie d'une application cutanée (9,6 %, n = 9/94), ou les deux (20,2 %, n = 19/94), voir le tableau ci-dessous.

Caractéristiques des cas d'intoxication par le minoxodil recensés en Amérique du nord (d'après McMullen et coll., 2025).

Les chiens font les poubelles, les chats lèchent leurs humains

La plupart des expositions causées par un comportement exploratoire (c'est-à-dire aller fouiller dans les poubelles) se sont produites chez les chiens (88 %, n = 22/25), tandis que la plupart des expositions résultant d'un contact involontaire avec des humains (lécher la peau humaine ou une literie contaminée) sont observés chez les chats (96 %, n = 55/57). Les signes cliniques sont apparus dès 30 minutes après le contact/ingestion et comprenaient une perte d'appétit et une dyspnée. Les cas ont généralement été examinés par un vétérinaire dans les heures qui ont suivi (fourchette : 24 à 120 h après l'événement). Ils présentaient alors une hypothermie, une hypotension et une tachypnée. Les examens ont souvent révélé des épanchements pleuraux sur les radiographies, une azotémie, une hyperglycémie et les caractéristiques d'une insuffisance cardiaque congestive à l'échocardiogramme (voir le schéma ci-dessous).

Mortalité d'un chat sur six

Presque tous ces animaux (97,8 %) ont été hospitalisés. Les traitements comprenaient l'apport d'oxygène, le recours aux coussins chauffants, la fluidothérapie, les diurétiques, les vasoconstricteurs, la thoracocentèse et des bêta-bloquants, entre autres. Le décès est survenu chez 14,7 % (n = 10/68) des chats, généralement en quelques jours. Aucun décès n'est survenu chez les chiens. Cela suggère une toxicité plus sévère chez les premiers. Un poids corporel plus faible et des voies déficientes de glucuronoconjugaison pour métaboliser les toxines peuvent contribuer à cette réceptivité accrue.

Besoin « urgent » d'avertissements spécifiques pour les animaux

En plus d'un stockage en lieu sûr, les mesures de protection des animaux de compagnie à mettre en œuvre par leurs maîtres comprennent :

• l'élimination appropriée des compresses et des contenants des produits concernés,
• éviter de laisser dormir les animaux sur le lit,
• et préférer une prise de minoxidil par voie orale lorsque ces mesures ne sont pas réalisables.

Des médicaments d'humaine à base de minoxodil existent aussi en France. Ces auteurs rappellent que toute suspicion d'exposition au minoxidil représente une urgence vétérinaire. Toutefois, cette intoxication ne représente qu'une faible proportion de celles enregistrées en Amérique du nord (0,15 % chez les chats, contre 1,6 % pour l'ibuprofène). Cependant, 67 % des Américains ont un animal de compagnie. « Donc si l'on considère que 11 % des animaux de compagnie sont susceptibles d'être intoxiqués chaque année, cela peut se traduire par un grand nombre d'animaux de compagnie sensibles ». Ils soulignent également l'importance d'avertir les clients des effets toxiques du minoxidil chez leurs animaux de compagnie, car même une exposition minimale pourrait représenter un risque vital. Les auteurs concluent qu'il est « urgent que les communautés médicales, vétérinaires et réglementaires réévaluent la manière dont les informations d'avertissement spécifiques aux animaux de compagnie sur le minoxidil sont diffusées au grand public ».