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5 mai 2025
Plus de 1 000 foyers bovins à H5N1 aux USA ; l'immunité post-infectieuse est stérilisante
Il y a eu 1 048 foyers d'influenza aviaire détectés dans des élevages bovins laitiers aux USA entre le 25 mars 2024 et le 30 avril 2025. Le cap psychologique du millier de foyers a été franchi courant avril, peu de temps après que le ministre fédéral de la Santé a proposé de laisser le virus circuler sans entrave au sein des élevages avicoles et bovins. Une publication a récemment montré que cela a bien été le cas sur le dernier trimestre de 2023 chez les bovins laitiers… Tandis qu'une étude expérimentale canadienne confirme que l'immunité de la mamelle après infection est stérilisante.
Près de trois élevages bovins sur quatre identifiés infectés l'ont été en Californie (766 sur 1048), qui publie aussi le décompte des élevages qui se sont par la suite négativés (au 24 avril, 613 étaient dans ce cas). Seize autres États américains sont concernés par le virus H5N1 passé aux bovins, contre 50 pour ce qui est de la souche circulant dans l'avifaune et/ou les élevages. Car depuis début 2022 où le virus H5N1 de clade 2.3.4.4b est arrivé aux USA, il a provoqué la mort et l'abattage sanitaire de plus de 168 millions de volailles d'élevage. La souche bovine (nommé B3.13) est pour l'essentiel liée à une introduction unique dans le cheptel laitier américain, et a pu ensuite être sporadiquement transmise à des mammifères (chats, ratons-laveurs, et personnel d'élevage) ou à des volailles d'élevage (nombre limité de foyers). La souche aviaire (D1.1) évolue dans l'avifaune et a de son côté été détectée à deux reprises dans deux élevages bovins d'États différents (Nebraska et Arizona, mais elle n'a pas été détectée au-delà de ces foyers).
Une équipe de virologistes et généticiens vétérinaires de l'USDA a analysé les séquences de plus de 1 200 souches du H5N1 bovin. Elle montre que les techniques d'horloge moléculaire placent l'origine du virus passé aux bovins en septembre 2023. Ce qui suggère que, « après l'introduction de la souche B3.13 chez les bovins, il y a eu une circulation locale limitée pendant >4 mois », qui n'a pas été détectée puisque cette souche n'a été identifiée qu'en mars 2024. Dans les deux semaines suivant cette identification, plus de 26 élevages ont été confirmés infectés. Or certains d'entre eux n'avaient « pas de liens épidémiologiques connus avec des sites confirmés, [ce qui] indique qu'il existe des troupeaux affectés [à l'époque] qui n'ont pas encore été identifiés » rétrospectivement. Ainsi, le nombre réel de foyers est sous-estimé par le décompte officiel des cas.
En parallèle, une équipe canadienne a réalisé l'inoculation expérimentale de trois vaches laitières par voie intramammaire avec la souche B3.13 – évidemment en installations protégées. Lors de l'inoculation (104 TCID50 dans 1 ml, par voie intra-trayon), seuls les deux quartiers postérieurs des mamelles ont été concernés, mais le suivi a concerné les quatre quartiers. Pour les deux autres, le suivi clinique et de l'excrétion du lait s'est faite jusqu'à guérison, 2 fois par jour. Sur le plan clinique, les auteurs obtiennent les mêmes résultats que ceux observés sur le terrain et lors d'autres reproductions expérimentales. Ils observent toutefois que seuls les quartiers inoculés excrètent du virus dans le lait. (charge élevée, jusqu'à 108 TCID50 à J8 post-inoculation et l'isolement viral est possible à partir du lait jusqu'à J10 PI). Les titres en anticorps sont significativement supérieurs dans le lait issu des quartiers postérieurs par rapport aux antérieurs. Après guérison clinique (J31 PI), pour deux des laitières, une nouvelle inoculation intramammaire a été réalisée (même inoculum, même mode d'administration), dans les quartiers antérieurs. Cette inoculation a été suivie de l'absence de signes cliniques et d'excrétion virale dans le lait. Avec le dosage des anticorps neutralisants, les auteurs concluent que « des titres en anticorps neutralisants dans le lait de 1:10 suffisent à neutraliser jusqu'à 106 TCID50 du virus H5N1 bovin. Cela conforte l'hypothèse selon laquelle les anticorps neutralisants sont probablement un déterminant majeur de la protection et justifie par ailleurs les efforts visant à concevoir des vaccins induisant de fortes réponses locales (dans la glande mammaire) en anticorps neutralisants ».
Plus surprenants ont été les résultats d'une étude rétrospective réalisée par plusieurs équipes de l'université du Missouri et du St Jude Hospital sur 1 724 sérums de bovins prélevés aux USA de 2023 à 2024. Un tiers (34 %) de ces sérums ont été trouvés positifs en Elisa, mais aucun n'est confirmé positif au regard du H5N1 en inhibition de l'hémagglutination (test de référence). En revanche, « 45 de ces échantillons positifs en Elisa étaient positifs aux virus humains de la grippe saisonnière H1N1 et H3N2 et aux virus porcins H3N2 et H1N2 ; et certains étaient positifs à deux ou trois de ces virus influenza A ». En particulier des H3N2 humain et porcin, avec ou sans le H1N1 humain, mais aussi le H1N1 humain avec le variant porcin H1N2. Ce qui démontre que les bovins (des races laitières et allaitantes sont représentées) peuvent être réceptifs à d'autres virus influenza que le H5N1. Ils illustrent « la nécessité de surveiller l'épidémiologie des virus influenza A chez les bovins, car le réassortiment de virus influenza provenant de différentes espèces pourrait alors se produire chez les bovins, générant de nouveaux virus qui constitueraient une menace pour les santés publique et animale ».
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