16 juin 2025
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Un praticien retraité de Singapour, le Dr Jean-Paul Ly, a reçu le clone de son chien (fabriqué en Chine) début juin 2023, rapportait le Straits Time, journal en ligne de Singapour, le 13 août dernier. Le chien est passé par des quarantaines au départ et à l'arrivée, avec de rencontrer son maître à l'âge d'un an environ. Il « m'a accueilli comme s'il n'était jamais parti ». Car le clone du berger australien, qui présente des taches noires sur le dos que son “original” n'avait pas, est – aux yeux de son maître, ravi – « exactement le même » que le chien précédent. Ce clonage a coûté 50 000 $ et 20 000 $ de frais d'élevage en Chine, de voyage et de quarantaines (soit 64 000 €).
Le praticien a réalisé lui-même les quatre biopsies cutanées de son chien “original”, à 15 ans, alors qu'il avait eu de lourdes séquelles d'un accident. Il a aussi effectué l'envoi des tissus frais à l'entreprise chinoise de clonage, Sinogene. Le praticien savait que son chien était condamné à relativement court terme : il a donc fait cryogéniser les tissus, et ce n'est qu'au décès de l'original, deux ans plus tard, qu'il a demandé la réalisation du clonage. Car toutes les entreprises de clonage proposent à présent le service de préservation du matériel génétique des animaux de compagnie, en soulignant qu'il vaut mieux réaliser ces prélèvements (biopsies cutanées) assez tôt dans la vie de l'animal. Le journal de Singapour explique avoir contacté l'entreprise, qui lui a précisé que la première tentative de clonage du chien du Dr Ly a été un échec, avec un chiot décédé à 4 jours de vie « pour des raisons inconnues ». Mais la seconde tentative a été la bonne.
Car si le chien est l'espèce de mammifère la plus clonée au monde à des fins privées, le nombre d'entreprises s'étant spécialisées dans cette activité s'est accru : il y a encore deux ans, la Corée du Sud et les États-Unis dominaient le marché. Mais la Chine y est entrée en force. Sur son site internet, Sinogene précise qu'elle effectue le clonage de chiens, de chats et d'équidés, ainsi que la préservation de tissus pour futur clonage. Celui-ci se fait par transfert nucléaire de cellules somatiques, et dans sa foire aux questions, le taux de succès annoncé est « de 99 % en théorie », alors qu'une publication de 2022 à partir de l'expérience coréenne annonçait un taux de succès inférieur à 10 %. Les prix annoncés sont de 50 000 $ pour les chiens et les chats et de 85 000 € pour les équidés, mais « envoyez-nous un email pour vérifier s'il y a des promos actuellement ». Ainsi, les médias chinois anglophones en ligne indiquaient fin 2023 que, sur le marché intérieur, le clonage d'un chat coûte environ 250 000 yuan (32 000 €). Outre-Atlantique, Viagen Pets & equine, entreprise texane se présentant comme « le leader mondial du clonage des animaux que nous aimons », pratique les mêmes tarifs (elle ne clone que les chiens et chats, pour 50 000 € chacun), mais précise que « les prix peuvent être modifiés sans préavis ».
Le business du clonage a aussi gagné l'Europe, mais plus timidement : outre-Manche, Gemini Genetics a été fondée en 2018, et offre elle aussi un service de conservation des tissus des animaux familiers. Pour le clonage, l'entreprise annonce un partenariat avec Viagen Pets & equine. En 2022, Pet Cloning Europe a été créé en Croatie. Les deux fondateurs de la structure sont un scientifique français et un entrepreneur belge. L'entreprise affiche d'emblée les prix sur sa page d'accueil… qui sont étonnamment comparables à ceux pratiqués en Chine et aux USA : 50 000 € pour les chiens ou les chats et 85 000 € pour les chevaux. Et pour cause : la société indique avoir à sa disposition un laboratoire de recherche (à Split) et un de culture cellulaire (à Zagreb), mais pour le clonage, elle « travaille avec les structures de clonage les plus expérimentées au monde, qui ont déjà cloné des milliers d'animaux de compagnie dans le monde entier ». Un article récent d'Usbek & Rica indique que l'entreprise croate travaille avec… Sinogene. Quant à la légalité du clonage des animaux de compagnie, l'entreprise croate précise dans sa foire aux questions qu'en Europe, « seul le clonage des animaux de rente est réglementé. Le clonage des animaux de compagnie n'est pas défini comme illégal dans l'UE ». Mais il y est également précisé que « cloner un animal de compagnie à l'étranger et le faire venir dans votre pays ne devrait pas poser de problème réglementaire puisque seul le clonage en lui-même est réglementé, pas le fait de posséder un clone ».
Sur son blog, alimenté tous les 15 jours, le leader chinois détaille l'étendue de son équipe, de sa R&D et de ses succès : fin janvier dernier, « Sinogene avait livré près de 500 animaux clonés ». Elle précise que « beaucoup des clones nés » par ses soins ont par la suite eu une vie reproductive normale. Et la presse anglophone en ligne signale que Sinogene s'est à présent implanté aux USA. Au-delà du prix facial annoncé, la bataille des prix ne fait donc que commencer. Elle passe aussi par une guerre de communication, mettant en avant les “réalisations” des différentes entreprises. À l'actif de Sinogene figurent le premier chien génétiquement modifié pour devenir un modèle animal de l'athérosclérose (né en décembre 2016), « le premier chien cloné génétiquement modifié au monde » pour le compte d'une personne privée (mai 2017), et le premier clone d'un loup de l'Arctique, né en juin 2022, dont la mère porteuse était un beagle. De son côté, Viagen Pets & equines met en avant le premier clonage du cheval de Przewalski (né en septembre 2020), celui du furet à pattes noires (né en décembre 2020), ou, pour le compte de personnes privées, l'obtention de 6 clones à partir d'une femelle chien-loup (hybride loup-chien).
Chronologiquement, la première entreprise de clonage de chiens, puis de chats, est le coréen Sooam Biotech, qui annonçait il y a deux ans un tarif de 100 000 €. Une autre entreprise, KrioAsia, créée en 2023, propose également le clonage canin, pour 70 à 100 000 wons (47 à 68 000 €) et d'autres entreprises existent probablement, puisque la presse coréenne anglophone en ligne précise que « l'état actuel de la législation [coréenne, qui n'encadre pas le clonage à but commercial] rend également difficile l'identification des laboratoires qui le pratiquent, selon les défenseurs des droits des animaux ». Car depuis janvier dernier, le phénomène a été l'objet de vives critiques de la part d'associations locales de protection animale, à la suite d'une crise médiatique démarrée par une influenceuse qui a présenté sur youtube les deux clones de son chien de 2 ans, accidenté 13 mois auparavant. Un représentant de la protection animale au ministère coréen de l'Agriculture indiquait même que la loi sur la protection animale faisait l'objet d'un « examen minutieux à la suite de la récente controverse sur le clonage des animaux de compagnie » et serait « révisée à l'avenir si cela s'avère nécessaire ». À Singapour aussi, la responsable de la société pour la prévention de la cruauté envers les animaux a été citée, dans l'article consacré au Dr Ly et son chien cloné, comme se positionnant « contre cette pratique, du fait de problèmes éthiques », en particulier de « souffrances non nécessaires ». Les associations coréennes s'inquiètent aussi du devenir des clones les moins ressemblants à l'original, qui pourraient être réalisés en même temps, de manière à pallier aux risques de mortalité précoce et/ou aux différences morphologiques liées à l'épigénétique. Il reste que tous les articles de presse documentés sur le sujet l'affirment : la demande pour le clonage des chiens ne fait qu'augmenter (un tiers des demandes auprès de Sinogène proviennent de l'étranger) et font à présent « partie d'une autre façon d'assumer le deuil de son animal de compagnie ». Un praticien peut donc se voir à tout moment sollicité pour réaliser les biopsies/prélèvements destinés à une préservation génétique, voire un clonage.
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