16 juin 2025
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Dolly aurait eu 26 ans cette année. La première brebis (et premier mammifère) clonée, qui a eu une gloire médiatique mondiale en 1996, a vécu un peu plus de 6 ans et possède encore aujourd'hui une page wikipedia à son nom. Mais elle est probablement l'arbre qui cache la forêt des clones, car cette pratique s'est largement répandue dans le monde entier, y compris à des fins privées. Ainsi, un vétérinaire argentin spécialisé en biotechnologies de la reproduction a-t-il créé une entreprise spécialisée dans le clonage des chevaux et a même produit tous les clones équins d'une équipe de polo de son pays. Mais, soulignent d'autres spécialistes des biotechnologies animales de Corée, Russie et des Émirats arabes unis dans une synthèse publiée début juillet, l'animal domestique le plus cloné au monde est le chien.
Le premier clone de chien réussi remonte à 2005, et c'était le 15e mammifère à l'être. Ce chien était en retard, des clones de chat et de lapin ayant été réussis en 2002. À son chevet, déjà, le fondateur de la Sooam Biotech Research Foundation, en Corée, qui l'a créé à partir de cellules de l'oreille d'un lévrier afghan, dont le noyau a été transféré à de nombreux ovocytes, implantés dans 123 receveuses (une naissance). Plusieurs autres espèces ont suivi, par différentes équipes, dont le dromadaire en 2010, jusqu'au macaque en 2018, mais cette fois à partir de noyau de cellule embryonnaire. Le chien mis à part, seuls les bovins et les porcs ont été clonés à plusieurs centaines de reprises. Le succès de l'espèce : la demande. En 2018, Vanity Fair consacrait déjà un article au « très gros et très controversé business du clonage des chiens », en présentant « la première entreprise mondiale dédiée au clonage des chiens », justement la Sooam Biotech Research Foundation. Celle-ci fournit même aux vétérinaires sur son site internet le protocole de prélèvement à suivre sur l'animal donneur dont les maîtres souhaiteraient réaliser un clone. Dans cet article, le journaliste assistait (il y a 4 ans) à la naissance de « n° 1108 » par césarienne. Rien d'étonnant que, dans la publication scientifique de ce mois-ci, soit mentionné le chiffre de 1 500 chien déjà clonés dans la même structure, dans laquelle ils indiquent (avoir) exercer/é. Ils précisent que les données présentées se réfèrent au premier millier de chiots obtenus, représentant « environ 20 % des races enregistrées au Kennel club américain ».
La technique utilisée n'a pas changé depuis Dolly : le transfert de noyau de cellule somatique. Aujourd'hui, les auteurs recensent 22 espèces animales à avoir ainsi été clonées, dont 19 pour lesquelles les clones ont atteint l'âge adulte. Pourtant, l'intérêt des scientifiques pour cette technique s'est émoussé. Preuve en est, selon les auteurs, la fort chute du nombre de publications sur le clonage de mammifères : l'année après Dolly, il y a eu un pic de près de 6 000 publications, mais par la suite, leur nombre n'a cessé de se réduire, passant sous la barre des 500 en 2017. Et l'essentiel de ces publications porte sur les rats et souris de laboratoire. La première espèce domestique représentée est le bovin, devant le lapin et le porc. Dans ce classement, chien et chat font jeu égal, derrière le porc. Mais il s'agit là de recherche. Les auteurs se sont attachés au clonage de chiens à fins commerciales, dont l'exposition médiatique a été lancée aux USA dans une interview donnée par Barbara Streisand à Variety début 2018, où elle expliquait avoir fait cloner sa Coton de Tuléar, décédée en 2017, et avoir obtenu ses deux chiens actuel grâce à une start-up texane (ViaGen Pets) facturant 50 000 $ pour la prestation, selon Vanity Fair… Sur son site web, la startup se présente comme « le leader mondial du clonage des animaux que nous aimons », à savoir chiens, chats et équins. Le même article de Vanity Fair indique qu'en Corée, le prix pouvait « aller jusqu'à 100 000 $ la naissance ». Puisque « le clonage de chiens est un business »…
Pour autant, les auteurs de la présente publication s'attachent à mettre en avant des résultats scientifiques et leur conduite éthique. Ils détaillent leur protocole de clonage, et précisent que les donneuses d'ovocytes comme les receveuses sont des chiennes croisées coréennes. Elles « ne sont utilisées qu'une seule fois pour un événement de clonage et font l'objet de soins attentifs, dans le but constant de réduire l'utilisation d'animaux et de diminuer tout stress ou toute souffrance potentiels », toutefois le nombre de receveuses par intervention de clonage n'est pas précisé (de 123 lors du premier clonage, il serait passé à 3 selon l'article de Vanity Fair). Les auteurs soulignent que « aucun composé chimique n'est utilisé pour l'induction de l'œstrus », ce qui rend délicat de disposer de nombreuses receveuses synchrones… Pour ce qui est des résultats, les auteurs n'ont pas observé d'effet de la distance génétique entre le donneur (de noyau) et le receveur (ovocyte et chienne porteuse) sur le succès du clonage : il est – au plus – de 6 %, mais en moyenne de 2,5 %. Ce chiffre est exprimé par rapport au nombre d'ovocytes transférés. C'est-à-dire qu'en moyenne, pour un clonage réussi, il faut 40 ovocytes transférés – et comme il y a de 10 à 20 ovocytes par receveuse, il faut effectivement 2 à 3 receveuses par opération de clonage. Toutefois, les chiffres présentés dans la publication reposent sur 42 clonages, alors que les auteurs en revendiquent fièrement un millier, ce qui aurait mérité des éclaircissements. D'autant qu'ils présentent l'efficacité la plus élevée, à 9,4 %, obtenue à partir d'un donneur chihuahua : avec une moyenne de 16,4 ovocytes transférés par receveuse et 32 receveuses en tout, il y a eu « 19 mères porteuses [qui] ont mis bas des petits ». La publication n'indique pas si le commanditaire a adopté les 19+ clones…
Les détails des soins apportés au chiots sont également fournis, avec une hygiène importante du personnel, du matériel et des locaux, un contrôle de l'ambiance (chaleur, humidité, lumière) avec surveillance en continu. La température rectale est contrôlée quotidiennement, l'alimentation se fait 8 fois par jour au cours des 2 premières semaines puis 6 fois par jour. Ils sont « socialisés quotidiennement avec leur mère porteuse » et sevrés à 6 semaines. Les auteurs signalent moins de 2 % de décès liés à des soins ou à la mère. « La longévité des chiens clonés ne semble pas être diminuée par rapport aux moyennes de la race [correspondante], d'après les observations faites à ce jour. Le plus vieil animal cloné vivant, pour autant que nous le sachions, est un chien cloné, résidant en Corée, né en mars 2007 ».
Enfin, les auteurs écrivent avoir observé « un nombre assez faible de variations phénotypiques entre le donneur et son clone, mais [aussi] entre clones d'un même donneur, indiquant un effet non génétique (…) qui ne peut pas être complètement expliqué par les connaissances actuelles, mais pointe vers l'épigénétique et la reprogrammation cellulaire » liée à la technique. Il s'agit de :
Les auteurs ne précisent pas ce que deviennent les sujets porteurs de ces anomalies, ni les clones surnuméraires obtenus… Un autre des points laissés en suspens, avec la gestion des donneuses et des receveuses.
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