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24 juin 2025
Épisode H5N1 félin en Pologne : toujours autant de prudence sur une origine alimentaire
Il y a deux ans, à la fin de l'épisode d'infections de chats domestiques par le H5N1, le bilan était estimé entre 34 et 70 décès ; deux ans plus tard, le nombre de sujets infectés estimé est nettement plus élevé. Les autorités vétérinaires polonaises ont très peu communiqué sur ce sujet, alors que les éléments épidémiologiques pointaient vers une infection d'origine alimentaire à partir de viande de poulet donnée crue aux animaux par leurs maîtres. Une large équipe de cliniciens et biologistes vétérinaires des facultés vétérinaires de Varsovie et de Torun, avec un producteur français de réactifs biologiques et un laboratoire privé d'analyses vétérinaires polonais, viennent de publier une enquête sérologique sur des chats de compagnie polonais, dont le sang a été prélevé pendant l'épisode : ils identifient qu'environ 3 % des chats ont séroconverti pour le H5N1 (sans infection clinique détectée par leur maître).
Les auteurs rappellent le bilan officiel de l'épisode de 2023 en Pologne : « 29 chats domestiques, un caracal en captivité, quelques furets de compagnie et un chien, tous infectés confirmés ». Ils ajoutent que « le nombre d'animaux affectés était probablement plus élevé, des cas ayant été signalés dans tout le pays ». Comme indiqué plus haut, le bilan officieux est plutôt autour de 70 décès. Les différentes souches responsables de ces décès identifiées à l'époque présentaient une séquence génomique quasi identique, « suggérant une source commune d'infection probable », malgré la grande dispersion géographique des cas (et la vie confinée de certains chats, de ville). Ce qui pointait vers leur alimentation. Pour tenter d'évaluer l'ampleur de l'exposition au virus H5, les auteurs se sont fondés sur le fait que l'infection asymptomatique des chats par le H5N1 a également été décrite, à la fois expérimentalement et en conditions “naturelles”. C'est la raison pour laquelle cette équipe a recherché si de tels cas étaient également survenus sur la période au cours de laquelle la mortalité des chats polonais avait été observée.
Parmi les prises de sang adressées par des vétérinaires praticiens polonais au laboratoire d'analyses, pour biochimie clinique (hors infection), les auteurs ont sélectionné les sérums disponibles en se focalisant sur trois critères d'inclusion dans leur étude :
Ils ont ainsi obtenu les sérums de 835 chats différents, âgés de 6 mois à 21 ans (médiane à 8 ans). Pour détecter une prévalence de 50 %, il fallait que l'étude incorpore 777 sérums. Chaque sérum a d'abord été analysé (Elisa) pour la recherche d'anticorps contre un virus influenza A (quel qu'il soit). Puis les sérums positifs ou douteux ont été analysés en Elisa spécifique du H5 : s'ils étaient à nouveau positifs ou douteux, l'animal était considéré comme ayant été infecté (séropositif). Toutefois, l'absence de données anamnestiques empêche d'affirmer qu'il s'agit de cas asymptomatiques (en revanche, ces animaux ont survécu à l'infection).
Au total 71 de ces sérums ont été trouvés positifs (dont 4 douteux) avec l'Elisa spécifique des virus influenza A. Mais comme trois sérums ont été perdus, ce sont 68 sérums qui ont été soumis à l'Elisa-H5. Au total, 23 sérums ont été trouvés positifs ou douteux, ce qui fait une prévalence apparente entre 2,8 et 3,1 % selon que les sérums perdus sont considérés comme positifs ou non. Cela suggère que « la majorité des infections par un virus influenza chez le chat n'a pas été liée au virus H5 ». Le fait d'être de race Européen est en limite de signification statistique (9,5 %, contre 4,8 % pour les chats de race, p=0,052) pour l'association avec la séropositivité H5, mais ce n'est pas confirmé en analyse multivariée. En revanche, le sexe mâle est associé à un sur-risque de séropositivité H5 (x 5, p=0,026), comme le fait d'être âgé de moins de 8 ans (x 8, p=0,05). Ainsi, « les chats séropositifs au virus H5 étaient significativement plus jeunes que ceux séropositifs aux autres sous-types du virus influenza. À l'inverse, les infections par des sous-types non-H5 étaient plus fréquentes chez les chats plus âgés, quel que soit leur sexe ». L'infection de ces derniers pourrait leur avoir été transmise par leurs maîtres, mais cela reste hypothétique. Pour ce qui est de l'infection par le virus H5, les auteurs rappellent qu'une enquête néerlandaise de séroprévalence sur deux ans a trouvé 0,46 % de positifs. Dans le cas présent, c'est 10 fois plus sur une période nettement plus courte : il s'est donc passé un événement bref à l'origine d'une forte exposition des chats domestiques en Pologne. Et il est probable que l'origine de l'infection de ces sujets (considérés comme asymptomatiques) soit la même que celle des chats ayant décédé de l'infection. Mais les auteurs restent muets sur le phénomène à l'origine de ces cas, se contentant de relever que leur étude « soulève des questions essentielles sur les sources probables d'exposition, auxquelles nous ne pouvons pas répondre définitivement ». Mais vu la dispersion géographique des cas, y compris subcliniques, ces éléments renforcent l'hypothèse d'une origine alimentaire commune (une anadémie).
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