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31 mars 2023

Marché de l'animal de compagnie aux USA : +35 % en quatre ans ; l'activité vétérinaire « revenue à la normale » en 2022

par Vincent Dedet

Temps de lecture  4 min

Évolution annuelle des quatre secteurs du marché des animaux de compagnie de 2019 à 2022 aux USA, en milliards de dollars (LeFil, d'après APPA).
Évolution annuelle des quatre secteurs du marché des animaux de compagnie de 2019 à 2022 aux USA, en milliards de dollars (LeFil, d'après APPA).
 

Il a frisé la barre des 100 milliards en 2019, l'a pulvérisée en 2020… et continue sa progression à deux chiffres depuis. Le marché de l'animal de compagnie aux USA a atteint un nouveau record en 2022, à 136,8 milliards de dollars, en croissance de 10,8 % sur un an, indique l'association américaine des produits pour animaux de compagnie (APPA).

Inflation

« Bien que cela ait dépassé nos prévisions pour 2022, nous savons que cette augmentation peut être attribuée en grande partie à une inflation plus élevée que prévu, et nous nous attendons à ce que les dépenses suivent une trajectoire similaire et restent stables en 2023 », prévient le Pdg de l'APPA. Dans la publication annuelle de ses chiffres, l'APPA distingue quatre secteurs (voir l'illustration principale) : petfood (et friandises), frais vétérinaires (soins et médicaments hors ceux en vente libre), fournitures (qui comprend les animaux vivants mais aussi les médicaments en libre accès) et les “autres services” (toilettage, dog-sitting, etc.). Les quatre secteurs sont à nouveau en croissance (sur les dernières années, seul le secteur des “autres services” avait connu une absence de croissance – en 2020 du fait des confinements).

Recul des consultations

En 2022, le secteur de l'activité vétérinaire est celui qui présente la croissance la plus faible, à +4,7 % (pour un total de 35,9 milliards de dollars). C'est un chiffre cohérent avec celui récemment mis en avant par l'association de médecine vétérinaire américaine (AVMA) pour cette même année, qui indiquait que « le revenu des structures a augmenté de 5,1 % sur un an, alors que le nombre de visites a reculé de 3,1 % ». Là encore, la première explication est « l'augmentation des prix ». Un autre facteur peut être à l'œuvre : les années précédentes, « les foyers américains étaient inondés de subventions du gouvernement, au plus fort de l'épidémie » de Covid-19. « Ils n'allaient pas en vacances, pas au restaurant ni au cinéma. Mais ils allaient chez les vétérinaires – qui n'ont pas reçu de réactions négatives sur la hausse des prix » à cette époque. Sur 2022, « l'argent a fini par s'épuiser et les structures ont enregistré une croissance des revenus plus faible qu'en 2021 ». L'AVMA souligne deux aspects : le premier est que le revenu généré par les patients a augmenté plus que la moyenne de la croissance de l'activité des structures (à +8,2 %). Le second, souligné par une des principales structures de veille du marché, est que « attirer de nouveaux clients reste un défi pour la plupart des structures. [Ainsi], le chiffre d'affaires généré par les nouveaux patients en 2022 a baissé d'environ 10 % dans l'ensemble ».

Activité accrue, pénurie de candidats

Ce qui, confronté au fait que l'activité est restée élevée, constitue un « retour à la normale ». Car l'augmentation du nombre d'heures travaillées est réelle : « avec une médiane de 5 heures de plus hebdomadaires par rapport à 2019 ». D'ailleurs « 53 % des structures » incluses dans le panel de suivi économique « étaient en recherche d'un ou plusieurs vétérinaires, en moyenne depuis 16 mois ». Cela se traduit par « une augmentation des premiers salaires » de jeunes diplômés… Dans une intervention consacrée à l'amélioration du “pipeline de l'emploi en rurale”, lors du congrès mondial de buiatrie de septembre 2022, le Pr Ángel Abuelo Sebio (université du Michigan) indiquait que « les grandes enseignes de cliniques proposent une prime à la signature du contrat d'embauche, de 100 à 150 000 $, pourvu que le salarié s'engage à rester 3 à 4 ans dans la même structure » de canine. Il rappelait aussi que la dette moyenne des jeunes vétérinaires américains à la fin de leurs études est de 200 000 $…

Égalité de générations

« Dans le même ordre d'idées, note le Pdg de l'APPA, la détention d'animaux de compagnie s'est normalisée et est revenue à son niveau d'avant la pandémie, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de l'augmentation des acquisitions à cette période ». Ainsi, deux foyers américains sur trois (66 %) détenaient au moins un animal de compagne (soit 86,9 million de foyers) en 2022. Ces détenteurs se répartissent à parts égales (pour la première fois) entre « les deux générations les plus jeunes (Génération Z et Millennials) et les deux générations les plus âgées (Génération X et Baby Boomers). Les jeunes générations déclarent avoir dépensé davantage pour leurs animaux de compagnie au cours de l'année écoulée, mais sont également plus préoccupées par [ces] dépenses. Les générations plus âgées se concentrent sur les bienfaits d'avoir un animal de compagnie et sur le maintien du niveau de soins qu'elles leur ont toujours donné ». L'APPA note aussi un recul des achats en lignes, « les achats “en personne” étant à présent favorisés par un maître sur deux », Gen X et Boomers en tête.

Sur les trois autres secteurs, c'est celui des “autres services” qui a la plus forte croissance (+ 20 %, à 11,4 milliards de dollars), dépassant pour la première fois le niveau de 2019, l'avant-Covid. Le second secteur pour la croissance (+16,2 %) est celui du petfood et des friandises (58,1 milliards de dollars). Puis vient le secteur des fournitures (+ 5,7 %, à 31,5 milliards de dollars).