9 mai 2025
5 min

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La peur de l'orage ou des feux d'artifice, avec des réactions parfois extrêmes de chiens anxieux, est bien connue. Des médicaments sont spécifiquement indiqués dans ce contexte.
La peur des bruits du quotidien est moins documentée. Et c'est pour l'évaluer que des chercheurs australiens (école vétérinaire d'Adélaïde) ont mené une enquête auprès de propriétaires de chiens de tous profils. Les réponses ont permis aussi d'identifier certains facteurs de risque de cette sensibilité au bruit, qui apparaît relativement courante.
Les résultats de cette étude sont publiés en libre accès dans Journal of Veterinary Behavior. La peur est une réaction protectrice normale. L'objectif ici est d'évaluer les réactions anormales : exagérées, prolongées… qui peuvent entraîner des troubles secondaires liés au stress et affectent le bien-être du chien, et par rebond celui de son propriétaire. Les signes évocateurs d'une réaction négative sont variés : salivation, tremblements, agitation, vocalises, chien qui va se cacher, qui vient trouver réconfort auprès de ses maîtres…
Le questionnaire utilisé comprenait 27 questions divisées en 3 sections afin de recueillir des informations sur :
Divers stimuli bruyants étaient listés (le répondant pouvait en cocher plusieurs). Ils étaient séparés en 3 catégories (avec des sous-catégories pour l'analyse ultérieure) :
Ensuite, dans chaque catégorie, le répondant indiquait le bruit auquel son chien était le plus réactif, et évaluait la gravité de cette réaction sur une échelle de 0 (aucune réaction) à 100 (réaction extrême).
Un total de 809 réponses exploitables a été analysé.
La population de chiens était diverse, avec une majorité de chiens de race (55 %), stérilisés (82 %), de format moyen (10-25 kg, 55 %), et âgés entre 2 et 6 ans (53 %), mais également répartis entre mâles et femelles.
Une petite proportion de ces chiens étaient malentendants ou sourds (8 cas soit 1 %). Une anxiété générale était rapportée pour 28 % du groupe et une anxiété de séparation pour 5,7 %.
Parmi les bruits aversifs, les feux d'artifice et le tonnerre occasionnent les réactions les plus fréquentes (60 et 56 % des chiens, respectivement), et aussi les plus fortes.
Un peu plus d'1 chien sur 5 (22 %) ne manifeste aucune réaction à cette catégorie de bruits.
Selon les auteurs, la réactivité à ces bruits très stressants est potentiellement surestimée par les propriétaires dans cette enquête, d'autres études ayant plutôt évalué à 50 % la prévalence des chiens anormalement sensibles. Un biais de sélection des répondants n'est pas écarté. Mais l'étendue des bruits inclus a pu aussi détecter d'autres cas de sensibilité des chiens (réactifs à d'autres bruits que le tonnerre et les feux d'artifice habituellement inclus dans les études).
Environ la moitié des chiens ne réagissent pas aux bruits humains. Pour ceux qui réagissent, ce sont le plus souvent lors d'éternuements, ou de pleurs d'un bébé (environ 15 % des chiens). Ces deux bruits entraînent aussi les plus fortes réactions, mais derrière les cris ou élévation de la voix (non dirigés vers le chien). D'autres sons comme rire ou claquer des doigts font fortement réagir 10 % des chiens.
Chez quelques chiens, ces bruits pourtant habituels au quotidien entraînent des réactions extrêmes (notées jusqu'à 99/100).
L'aspirateur, bien connu pour stresser les chats, stresse aussi le plus souvent – et fortement – les chiens (à 47 %). Les bruits de travaux de construction aussi (33 %), ainsi que le passage du camion-poubelle (32 %). Entre autres. Moins de 15 % des chiens ne réagissent à aucun des bruits de cette catégorie.
Ici aussi, quelques individus manifestent des réactions extrêmes, parfois à des bruits semblant anodins (comme poser la gamelle au sol, froisser un papier, faire tinter ses clés). Et cela affecte leur vie au quotidien.
À l'inverse des bruits aversifs, dont plusieurs stressent les chiens sensibles, un seul bruit humain fait majoritairement réagir les chiens sensibles à cette catégorie, et un petit tiers des chiens sensibles aux bruits environnementaux ne régit qu'à un seul d'entre eux.
Pour toutes les catégories, la réaction la plus forte est consécutive à un bruit en particulier.
D'une manière générale, des réactions plus fortes sont observées en réponse à des bruits aversifs ou environnementaux, par comparaison aux bruits humains (score moyen significativement plus élevé). Selon les auteurs, bien que les bruits classés comme aversifs sont bien plus forts (en termes de décibels) que les bruits environnementaux, la fréquence et la proximité de ces derniers pourrait augmenter les réactions négatives des chiens.
L'association d'un son avec un événement négatif (le propriétaire qui fait tinter ses clés avant de partir et donc de laisser le chien seul, par exemple) peut aussi conditionner la réaction négative de l'animal.
La gravité de la réaction est significativement associée à plusieurs facteurs :
D'autres travaux avaient relevé que les chiens détenus par un propriétaire masculin sont souvent plus calmes que ceux détenus par une femme, laquelle est par ailleurs souvent plus attachée à son animal, lui communiquant possiblement son propre stress, ou étant simplement plus attentive aux signes de stress du chien. De la même manière, les propriétaires âgés, souvent à la retraite, passent plus de temps avec leur chien et détectent probablement plus facilement les réactions négatives de ce dernier.
La présente étude n'a pas inclus certains paramètres relatifs à l'environnement de vie des chiens (rural ou urbain, avec d'autres animaux, des enfants, etc.) qui auraient été intéressant à considérer.
Selon d'autres études, la sensibilité au bruit affecte les performances d'apprentissage des chiens (plus facilement distraits). Elle ferait aussi plus souvent l'objet de consultations spécialisées (auprès de vétérinaires comportementalistes). Ses causes sont méconnues : en dehors des troubles comportementaux (anxiété de séparation, phobies), des troubles nerveux ou de l'audition (hyperacousie) sont possibles. La misophonie, aversion irrationnelle à certains bruits, est aussi décrite chez l'homme : elle entraîne des réactions émotionnelles intenses déclenchées par un son spécifique.
Les auteurs ont renoncé à analyser l'impact de ces réactions de peur sur la qualité de vie du chien. Une question y était dédiée par catégorie de bruits (avec un effet noté à nouveau entre 0 et 100), mais la distribution des réponses (trop souvent 0, 50 ou 100 ou toujours identiques) ne permettait pas d'analyse fiable.
Physiologiquement, les capacités auditives des chiens sont supérieures à celles de l'espèce humaine. Certains bruits inaudibles par le propriétaire peuvent donc gêner le chien. Les bruits du quotidien sont aussi potentiellement plus perturbants pour lui. D'une manière générale, un environnement bruyant est ainsi à éviter. Les personnes victimes d'acousie rapportent être très indisposées dans ce contexte.
Finalement, la sensibilité des chiens aux bruits est probablement sous-estimée par nombre de propriétaires. Et des bruits anodins et naturels, comme le fait d'éternuer, entraînent parfois des réactions exacerbées. En détectant ces réactions, il serait possible d'être plus prévenant afin de les limiter, en faveur du bien-être de l'animal. Les auteurs proposent aux vétérinaires, aux comportementalistes et aux éducateurs canins d'explorer ce champ, le cas échéant, afin de proposer des mesures préventives voire thérapeutiques au besoin.
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