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30 mars 2023

La teigne à Trichophyton mentagrophytes, circonscrite le plus souvent au museau chez le chien

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Distribution des lésions de teigne à Trichophyton mentagrophytes chez 64 chiens.
Source Pieper et al., Vet. Dermatol., 2023.
Distribution des lésions de teigne à Trichophyton mentagrophytes chez 64 chiens.
Source Pieper et al., Vet. Dermatol., 2023.
 

Chez le chien, l'agent le plus courant de la teigne est Microsporum canis, moins souvent M. gypseum, M. persicolor ou… Trichophyton mentagrophytes. Ce dernier est particulièrement prévalent en Inde, mais il est régulièrement identifié aussi dans certains pays d'Europe, comme la Croatie, le Royaume-Unis, l'Italie, la France… Moins étudiée, cette espèce de dermatophyte a fait l'objet d'une étude rétrospective, afin de cerner ses caractéristiques épidémiologiques et cliniques, ainsi que d'évaluer l'efficacité des traitements prescrits. Une fois sur deux, les lésions touchent le museau.

Le complexe T. mentagrophytes

Il est préférable de parler du complexe Trichophyton mentagrophytes, car les formes téléomorphes (stades de reproduction sexuée) que sont Arthroderma benhamiae, A. vanbreuseghemii et A. simii sont désormais distinguées des formes anamorphes (stades asexués) avec Trichophyton interdigitale, T. erinacei et T. quinckeanum.

L'étude a porté ici sur le complexe entier, la distinction des organismes nécessitant des méthodes d'analyse moléculaire (PCR, MALDI-TOF). Les 64 cas inclus (33 mâles et 31 femelles) ont été diagnostiqués entre 1997 et 2020, dans le centre des États-Unis (écoles vétérinaires de l'Iowa et l'Illinois).

Près de 4 cas sur 10 en automne

Les résultats montrent que certaines races apparaissent significativement plus souvent affectées : en particulier celles des groupes des terriers et des chiens de sport (dont le labrador, très populaire outre atlantique, le setter anglais, le springer anglais, le braque allemand…) selon la classification de l'American Kennel Club (équivalent américain de la Société centrale canine). Ces deux groupes représentent respectivement 20 % et 43 % des cas. L'activité de ces chiens est susceptible de favoriser les contacts avec des rongeurs, qui sont des réservoirs pour cette teigne.

En termes de saisonnalité, les diagnostics ont été les plus fréquents en automne (25 chiens, 39 %), avec un pic en octobre (14 chiens, 22 %). Juin (1 chien seulement), et plus généralement l'été (10 chiens, 16 %), totalisent moins de cas. Cette saisonnalité est significativement retrouvée au fil des années, ce qui n'avait pas été observé dans d'autres études.

Des lésions plutôt localisées, sur le museau

Le plus souvent, les chiens présentent des lésions localisées (42 %), voire multifocales (38 %). Une atteinte généralisée est toutefois observée chez 20 % des chiens.

Dans près d'un cas sur deux (48 %), les lésions touchent le museau. Elles touchent le reste de la tête dans 21 % des cas (sauf les oreilles, lesquelles sont elles-mêmes concernées dans 11 % des cas), voir figure en illustration principale.

Ces localisations apparaissent logiques, en lien avec le comportement des chiens reniflant la piste et fouillant les terriers de rongeurs. Dans d'autres études, les extrémités des pattes étaient souvent touchées également, ce qui n'est pas observé ici.

Traitement difficile

Le traitement prescrit était renseigné pour 58 cas (outre 1 cas de guérison spontanée en 2 mois). Un topique a été utilisé chez 53 chiens (crème ou shampoing antifongique le plus souvent), comme traitement seul dans 7 cas (efficace alors pour 2).

Dans les 46 autres cas, il a été associé à un traitement par voie systémique (per os). De la griséofulvine a été administrée dans 3 cas, avec une bonne évolution clinique pour 2. Mais le plus souvent, il s'agit de kétoconazole (n=26), d'itraconazole (n=13) ou de terbinafine (n=9). Ces trois molécules présentent une efficacité similaire en termes de rapidité de guérison (disparition des signes cliniques et culture négative). La guérison a été observée dans respectivement 69, 69 et 56 % des cas, après 3 à plus de 5 mois de traitement. Un traitement long et difficile, comme habituellement contre la teigne.