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27 mars 2023

L'activité physique est négativement associée au déclin cognitif chez le chien âgé

par Vincent Dedet

Temps de lecture  3 min

L'activité physique des chiens est associée de manière négative au déclin cognitif lié à l'âge, selon une étude nord-américaine réalisée à partir de 11 000 chiens, dont 2,5 % étaient atteints de cette affection. La ligne rouge pointillée est l'hypothèse nulle ; les estimations avec l'intervalle de confiance figurent en noir - elles sont significatives quand l'intervalle de confiance n'empiète pas sur l'hypothèse nulle (Bray et coll., 2023).
L'activité physique des chiens est associée de manière négative au déclin cognitif lié à l'âge, selon une étude nord-américaine réalisée à partir de 11 000 chiens, dont 2,5 % étaient atteints de cette affection. La ligne rouge pointillée est l'hypothèse nulle ; les estimations avec l'intervalle de confiance figurent en noir - elles sont significatives quand l'intervalle de confiance n'empiète pas sur l'hypothèse nulle (Bray et coll., 2023).
 

L'activité physique est négativement associée à un moindre niveau de déclin cognitif chez le chien âgé, mais aussi à la rapidité de ce déclin. Ces résultats sont une confirmation, pas une surprise, mais ils portent sur un grand nombre d'animaux et sont donc robustes. Ils ne valent pas lien de causalité, mais viennent conforter le fait qu'une activité physique régulière est souhaitable chez l'animal âgé – comme chez son maître.

Deux volets de questionnaire

L'étude a été réalisée dans le cadre du “dog ageing project” aux USA (https://dogagingproject.org/), qui consiste à suivre une cohorte de plusieurs milliers de chiens pour évaluer l'évolution de leur état cognitif. Toutefois, pour valider l'hypothèse selon laquelle activité physique et déclin cognitif seraient négativement associés, les auteurs ont réalisé une étude transversale, à partir des données de la cohorte complétées en 2020. Dans le questionnaire rempli à l'inclusion, puis lors du suivi, les maîtres doivent renseigner le fait que le chien ait une activité physique (inactif, activité modérée ou élevée), de quel niveau (marche, trot, course, et la durée quotidienne). Ils remplissent une semaine plus tard une évaluation de comportement, permettant d'estimer le statut cognitif de leur animal. Pour éviter un biais de déclaration, cette évaluation est baptisée « enquête sur le comportement social et acquis des chiens ». Les réponses permettent de fournir une note allant de 16 (pleine possession de ses moyens) à 80 (le « pire de l'état cognitif dégradé »). Il permet d'évaluer la sévérité des symptômes, mais aussi les changements survenus sur les 6 mois précédent la réponse au questionnaire et la probabilité estimée que l'animal soit atteint de déclin cognitif lié à l'âge.

Associations négatives

Sur la période de l'étude, les données relatives à 11 584 chiens de 6 à 18 ans d'âge ont été saisies ; 287 sujets présentaient un déclin cognitif lié à l'âge (2,5 %). Les auteurs ont construit trois modèles statistiques, de complexité croissante, pour analyser l'association entre activité physique et troubles cognitifs. Dans les trois modèles, l'association était négative et statistiquement significative, et ce pour les trois paramètres (sévérité, changement dans les 6 mois et probabilité de survenue de la sénilité, voir l'illustration principale) :

  • pour la sévérité des symptômes de dysfonctionnement cognitif au moment du questionnaire (p < 0,001),
  • pour l'ampleur de l'aggravation des symptômes sur un intervalle de 6 mois (p<0,001),
  • et pour le fait que le chien ait atteint un niveau clinique de déclin cognitif (note de 50 et plus,  p<0,001).

L'association (négative) entre activité physique et déclin cognitif est donc robuste.

D'autres facteurs

Les auteurs observent aussi une association négative avec la sévérité des signes cliniques et le changement sur les 6 derniers mois et le fait que le chien ait eu un entraînement (sportif) dans son histoire de vie. Si l'animal prend par voie orale quotidiennement « des suppléments neuroprotecteurs » (les auteurs citent de l'huile de poisson), c'est associé négativement à la sévérité des signes de déclin cognitif (mais pas aux deux autres paramètres). Il n'y a pas d'association entre la prise de suppléments contre l'arthrose et aucun de ces trois paramètres. L'état de santé de l'animal influe aussi. Ainsi, chacun des troubles suivants est associé de manière positive et significative à une note élevée de déclin cognitif : déficience sensorielle (visuelle et/ou auditive), troubles endocriniens, orthopédiques, neurologiques, parodontologiques et présence d'un cancer. Les auteurs soulignent qu'en faisant la même analyse statistique après avoir retiré les chiens ayant une note de 50 et plus, ils obtiennent les mêmes associations, « pouvant indiquer que ces facteurs ont un effet avant que le déclin cognitif n'atteigne un seuil clinique ». Cet aspect est nouveau dans l'évaluation de l'état des animaux et mériterait d'être mieux exploré, pour une détection précoce d'une évaluation défavorable (préclinique) des animaux.

Pas (encore) de causalité

Les auteurs restent prudents dans leur conclusion car « ces résultats sont compatibles avec l'hypothèse selon laquelle l'activité physique peut partiellement atténuer les risques de troubles cognitifs liés à l'âge. Mais ils sont également compatibles avec l'hypothèse selon laquelle les chiens souffrant de troubles cognitifs font moins d'exercice, ou que des variables confusionnelles non identifiées influencent les changements dans l'activité physique et les fonctions cognitives » des animaux.