titre_lefil
Elanco & Proplan

18 décembre 2025

60 M€ économisés : les antiparasitaires préservent la santé des chiens et des chats… et le porte-monnaie du propriétaire

par Agnès Faessel

Temps de lecture  5 min

Selon l'étude, traiter les chiens toute l'année contre les puces permettrait d'éviter près de 500 000 cas d'infestation au Royaume-Uni (cliché Pixabay).
Selon l'étude, traiter les chiens toute l'année contre les puces permettrait d'éviter près de 500 000 cas d'infestation au Royaume-Uni (cliché Pixabay).
 

Le sujet est pour le moins touchy… et désormais controversé : faut-il continuer à administrer en routine des antiparasitaires chez les chiens et les chats de compagnie, au vu de la toxicité pour l'environnement des molécules utilisées et du risque d'émergence de résistances ? Des traitements ciblés sont-ils préférables, mais associés alors à une démarche plus coûteuse et à un risque de sous-évaluation des infestations ? Les débats sont ouverts.

Les auteurs d'une étude publiée (en libre accès) dans Parasites & Vectors proposent une estimation chiffrée de l'intérêt sanitaire et économique de ces traitements, pouvant servir de support aux réflexions.

4 groupes de parasites ciblés

Ces travaux ont été menés par le bureau d'étude belge Kreavet, initialement créé d'une volonté de « promouvoir un élevage durable en garantissant un approvisionnement alimentaire mondial en produits animaux, tout en contribuant aux moyens de subsistance des agriculteurs et en atteignant des objectifs environnementaux et sociaux » (la résistance aux antiparasitaires est une problématique avérée en élevage de ruminants), en collaboration avec l'école vétérinaire de l'Université de Nottingham (Angleterre) et des membres de l'ESCCAP britannique (European Scientific Counsel Companion Animal Parasites).

L'étude a porté sur 4 groupes majeurs de parasites des chiens et des chats :

  • les ascarides (Toxocara canis et T. cati),
  • Angiostrongylus vasorum,
  • les puces,
  • et les tiques.

2 scénarios considérés

Dans leur modélisation, les auteurs ont considéré 2 scénarios, correspondant aux pratiques actuelles de contrôle du parasitisme chez le chien et le chat en Grande-Bretagne (scénario A), et à une stratégie dite optimale, dans laquelle les propriétaires respecteraient complètement les recommandations de traitement de l'ESCCAP (scénario B).

Le Royaume-Uni a été choisi car des données robustes sur la prévalence des parasites et l'usage des antiparasitaires y sont disponibles (grâce notamment aux réseaux Savsnet et VetCompass).

Les calculs ont permis d'évaluer, d'une part, l'impact des mesures de traitement sur la santé des chiens et des chats, et d'autre part, les coûts associés. Pour ce faire, un grand nombre de variables ont été incluses dans le modèle mathématique (construit sur la base des connaissances scientifiques et épidémiologiques disponibles) :

  • Les populations canines et félines, en évaluant les populations sensibles, infestées et cliniquement infestées ;
  • La prévalence des infestations parasitaires ;
  • Les signes cliniques associés (avec les proportions d'animaux concernés), une diarrhée par exemple, ou une dermatite allergique aux piqûres de puces ;
  • Le nombre d'animaux traités, régulièrement ou occasionnellement, et non traités.

Ainsi, dans le scénario A, il a été estimé que 7,2 % des chiens et 14,6 % des chats reçoivent un vermifuge chaque mois, tandis que 73,8 % et 56,4 % d'entre eux sont vermifugés occasionnellement seulement. Les animaux restant ne sont pas traités. De même, un traitement antipuces est administré tout au long de l'année chez 28,9 % des chiens et 19 % des chats, tandis que 51,2 % et 41 %, respectivement, sont traités plus irrégulièrement. Pour les tiques, enfin, un traitement saisonnier régulier est administré à 25,8 % des chiens et 12,6 % des chats ; 45,7 % et 27,2 % sont traités de manière irrégulière.

Dans le scénario B, les animaux non traités ont été conservés, mais ceux traités occasionnellement ont été considérés comme traités régulièrement, conformément aux préconisations actuelles (toute l'année pour les puces, par exemple). Cela correspond à une prévention des endoparasites augmentée de 197 % chez les chiens et de 140 % chez les chats. L'augmentation est de 67 et 65 %, respectivement, pour les puces, et de 50 et 90 % pour les tiques.

Des millions de cas prévenus

Le bénéfice sanitaire des traitements a été établi en évaluant le nombre de cas d'infestation évités. Ce nombre est ainsi estimé à 5,5 millions sur un an au total dans le scénario A. Et il est augmenté de plus de 70 % dans le cadre théorique d'une meilleure observance (scénario B), atteignant alors 9,3 millions de cas par an.

Ces cas sont particulièrement dus aux tiques chez les chiens et aux puces chez les chats, comme le montre le tableau ci-dessous (pour le scénario A).

°

Les éventuelles maladies vectorielles n'ont pas été prises en compte, ni dans l'évaluation de l'impact sanitaire, ni dans celle des coûts. Et d'autres parasites d'importance, comme Echinococcus, Giardia, Toxoplasma… auraient été intéressant à considérer.

Des dépenses considérables évitées

Ensuite, le bénéfice économique a été évalué, en chiffrant les dépenses qui auraient été associées à ces cas.

Les coûts directs ont été calculés d'après la probabilité qu'un animal infesté développe une maladie clinique, nécessitant une consultation vétérinaire (coût de la consultation, des examens à visée diagnostique, des éventuels soins réalisés, du traitement prescrit… La décontamination de l'habitation en cas d'infestation par des puces était incluse, par exemple).

Au total, l'économie réalisée s'élève à 53 millions de £ (soit environ 60 M€) dans le scénario A, relativement fidèle aux pratiques actuelles ; elle atteint 95,2 millions de £ (108 M€) dans le scénario B, plus idyllique.

Ces résultats chiffrés illustrent concrètement l'importance de la prévention des maladies parasitaires chez les chiens et les chats, et les bénéfices apportés par le respect des préconisations de l'ESCCAP, sous un angle exclusivement sanitaire et économique. Les auteurs signalent toutefois que d'autres recommandations existent, et ils rappellent que d'une manière générale, indépendamment des considérations écologiques, la prévention est à adapter à l'individu et au risque parasitaire local, ce qui repose ainsi sur l'expertise des vétérinaires.