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Elanco & Proplan

17 septembre 2025

Les chiens (australiens) meurent plus le dimanche, et quand la température dépasse 25°C

par Caroline Driot

Temps de lecture  4 min

Située au Sud-Est de l'Australie, la province de Nouvelles-Galles du Sud enregistre des températures moyennes comprises entre -4 et 39°C, avec un impact significatif sur la mortalité canine au-delà de 25°C. Source : « Australie : Carte administrative ». Encyclopaedia Universalis France.
Située au Sud-Est de l'Australie, la province de Nouvelles-Galles du Sud enregistre des températures moyennes comprises entre -4 et 39°C, avec un impact significatif sur la mortalité canine au-delà de 25°C. Source : « Australie : Carte administrative ». Encyclopaedia Universalis France.
 

Déshydratation, coup de chaleur, décompensation de troubles cardiorespiratoires : les vagues de chaleur affectent directement les santés humaine et animale. Dans l'espèce canine, certains individus en souffrent plus que d'autres. Un double pelage (comme les Samoyèdes ou les chow-chow), un poids supérieur à 15 kg, un âge avancé, des comorbidités, et une conformation brachycéphale constituent ainsi des facteurs de risque avérés de troubles liés à la chaleur (HRI, pour Heat Related Illness en anglais). Cependant, les seuils précis de températures associés à une augmentation de la mortalité chez le chien restent mal connus. Pour combler ce vide documentaire, une vaste étude rétrospective a exploré les variations temporelles de la mortalité canine, et le lien entre le nombre de décès et les températures maximales quotidiennes enregistrées dans la province de Nouvelle Galles du Sud, en Australie.

Au-delà de 25°C, la mortalité augmente avec la température

Les chercheurs ont analysé les données enregistrées entre 1997 et 2017 dans la base VetCompass Australia, qui centralise les dossiers médicaux anonymisés des animaux à travers le pays. L'étude a inclus 217 651 chiens, dont 33 309 signalés décédés (toutes causes confondues). Le nombre de décès quotidien a été croisé avec les données météorologiques issues de l'Australian Water Availability Project, qui enregistre les températures maximales quotidiennes pour un territoire donné, à 5 km près. En Nouvelle Galles du Sud, les températures quotidiennes varient entre - 4°C et 39°C, avec un 95ème percentile à 32 °C. Une journée de chaleur extrême est définie par une température maximale quotidienne supérieure à ce seuil. Sur le plan statistique, la température quotidienne a été traitée comme une variable continue, et comme seuil dichotomique (extrême ou non extrême). Sur la période étudiée, 4,5 décès étaient enregistrés en moyenne chaque jour, avec un 99ème percentile à 12 décès. En dessous de 25°C, l'effet de la température sur la mortalité canine apparaît négligeable. Au-delà de 25 °C en revanche, le risque de décès augmente de manière linéaire et significative, de 0,6% par degré supplémentaire. Les journées de chaleur extrême se caractérisent par une augmentation de 9,5 % du taux de mortalité.

Plus de décès pendant les week-ends et les vacances scolaires

En plein été australien, le jour de l'An et Noël enregistrent les plus grands nombres de décès canins, avec respectivement 42 et 15 morts en moyenne. Des chiffres potentiellement liés aux conditions climatiques, mais aussi aux comportements humains durant les fêtes. Des études menées aux États-Unis, en santé humaine montrent en effet que le jour et le lendemain de Noël — le 26 décembre ou Boxing day, est férié dans la plupart des pays anglosaxons, ainsi que le jour de l'An, qui surviennent tous les trois en hiver, présentent aussi les plus forts taux de mortalité annuels. Indépendamment de la température, les chercheurs australiens ont analysé les variations temporelles de la mortalité canine. Résultat : le risque de mortalité apparaît 1,5 fois plus élevé les weekends et pendant les vacances scolaires. En comparaison avec le vendredi, qui enregistre en moyenne le plus faible nombre de décès, la mortalité augmente de 14 % le samedi, et bondit de 107 % le dimanche. Pour les auteurs, ces résultats peuvent s'expliquer par une augmentation des activités hors domicile ces jours-là (exercice prolongé, risque d'accident sur la voie publique en milieu urbain, de blessure ou de morsure de serpent en milieu rural), ainsi que par une moindre accessibilité des soins vétérinaires, ou une réticence des propriétaires à consulter en urgence, en raison des coûts plus élevés.

Alerte et prévention ciblée

Pour les auteurs, l'ampleur de l'échantillon étudié (plus de 33 000 décès analysés) et la rigueur des modèles statistiques appliqués confèrent une grande robustesse à leurs résultats. Toutefois, la nature rétrospective de cette étude, et certaines contraintes méthodologiques doivent inciter à la prudence, quant à l'extrapolation de ses conclusions. De manière générale, seuls les décès enregistrés dans les dossiers médicaux ont été inclus, ce qui peut sous-estimer les chiffres réels. La qualité des enregistrements peut aussi varier selon les praticiens et les périodes. Par ailleurs, la mortalité étant considérée toutes causes confondues, il n'est pas possible d'isoler les décès imputables à la chaleur. À ce sujet, une précédente étude australienne, ciblée sur l'incidence des troubles liés à la chaleur chez le chien, avait mis en évidence un pic estival en décembre/janvier, notamment pendant les jours les plus chauds.

Une chose est sûre : au rythme actuel du réchauffement climatique, l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des vagues de chaleur est inéluctable. Pour en limiter les impacts sur la santé canine, les auteurs suggèrent la mise en place de systèmes d'alerte intégrés aux dispositifs météorologiques, et renforcés à l'approche des jours fériés et des week-ends estivaux : diffusion de messages de prévention ciblés pour les propriétaires de chiens, sensibilisation aux signes précoces de coup de chaleur et aux gestes de premier secours.