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20 mars 2020

Covid-19. Après une semaine de crise, les vaccinations des chiens et chats sont à reporter… Et un second chien testé positif à Hong Kong.

par Eric Vandaële

Temps de lecture  8 min

Quels sont les actes qui doivent être différés et ceux qui ne le peuvent pas ?
Tableau LeFil d'après les communiqués de l'Ordre des vétérinaires
Quels sont les actes qui doivent être différés et ceux qui ne le peuvent pas ?
Tableau LeFil d'après les communiqués de l'Ordre des vétérinaires
 

Depuis une semaine, vous ne manquez pas certainement d'informations sur les mesures prises pendant cette crise sanitaire covid-19. Toutes les organisations ont largement communiqué sur cette crise jusqu'à, probablement la saturation de votre boîte mail.

Ce Fil récapitule les textes « officiels » susceptibles d'affecter l'activité des structures vétérinaires présenté sous forme de questions-réponses. Il ne traite pas des dispositions sur sociales ou fiscales, comme la possibilité de se mettre en arrêt maladie pour la garde des enfants, des dispositions sur le chômage partiel et le soutien économiques aux entreprises principalement par des mesures de reports de charges fiscales (et non d'annulation pour le moment).

Les cliniques vétérinaires devraient-elles être fermées au public ? Non

L'arrêté du 14 mars 2020 applicable depuis le dimanche 15 mars (voir ce lien) ordonne la fermeture au public des magasins, sauf les commerces dits essentiels, notamment celui des aliments pour les hommes et les animaux. Les ventes au détail des produits pharmaceutiques (à usage humain ou vétérinaire) et, de manière générale, tous les magasins en lien avec la santé sont aussi considérés comme des commerces essentiels qui peuvent rester ouverts en adoptant les mesures barrières, notamment la distance d'un mètre minimum entre deux personnes.

Les établissements de santé humaine (hôpitaux, cliniques, cabinets médicaux) ou animale (les cliniques vétérinaires…), les centres d'insémination ne sont pas des commerces. Ils ne sont donc pas listés ni dans les établissements à fermer, ni dans les commerces essentiels à préserver. Les mesures barrières sont évidemment à appliquer.

Exemple de mesure barrière en clinique vétérinaire

Pour faire respecter la distance d'au moins un mètre, cette clinique vétérinaire a rajouté des tables devant les comptoirs et fait rentrer les clients un par un sur rendez-vous. Un gel hydroalcoolique est placé à côté du clavier de paiement en carte bancaire et du stylo. Photo : Damien Lebastard.

 

Les établissements qui n'accueillent pas du public ou les services de livraison ne sont pas concernés par ces mesures. Les établissements fermés au public peuvent néanmoins poursuivre leurs activités dans la mesure où cela est possible sans accueillir du public. L'objectif de cette mesure de fermeture au public n'est pas de suspendre toute activité économique mais de stopper autant que possible les contacts entre deux personnes.

Les enfants des vétérinaires peuvent-ils être gardés dans les écoles ? Non

Les écoles, de la crèche jusqu'aux universités, sont fermées jusqu'au 29 mars. Il est maintenu un accueil des enfants de moins de 16 ans des « personnes indispensables à la gestion de crise sanitaire ». Selon un communiqué du ministère de la santé, cela correspond à « tous les personnels des établissements de santé, des Ehpad, des services d'aides à domicile, des professionnels de santé libéraux (médecins, pharmaciens, sages-femmes, infirmières, ambulanciers et biologistes), des services de l'État mobilisés pour la gestion de l'épidémie ». Les vétérinaires et leurs salariés ne sont pas des « personnes indispensables à la gestion de crise sanitaire », ni même les employés des commerces alimentaires.

Les gels hydroalcooliques et masques sont en rupture. Que faire ?

Sur les masques, l'Ordre des vétérinaires a demandé, sans succès, à ce que les praticiens puissent bénéficier des stocks de l'État.

Sur les gels hydroalcooliques, pour faire face à la pénurie, deux arrêtés autorisent, par dérogation, la fabrication et la vente de ces produits par les pharmaciens, les fabricants de médicaments humains, de produits cosmétiques, d'autres produits biocides désinfectants (TP1 à 5). Les vétérinaires ne rentrent pas dans une de ces catégories, même si comme les pharmaciens, ils ont le droit de fabriquer des préparations extemporanées. La composition de ces produits antiseptiques est fixée ainsi dans un ces arrêtés.

Composition des produits hydroalcooliques recommandés

Source. D'après l'arrêté du 13 mars 2020 autorisant par dérogation la mise à disposition sur le marché et l'utilisation temporaires de certains produits hydroalcooliques (JO 14/3/20).

 

En outre, face à l'inflation des prix, un décret fixe des prix plafonds, par exemple, pour la vente au détail, 2 € TTC pour un flacon de 50 ml, 3 € pour celui de 100 ml, 5 € pour celui de 300 ml et jusqu'à 8 € TTC pour un flacon d'un litre.

Les déplacements sont interdits. Comment alors se rendre à la clinique ?

Un décret du 16 mars interdit jusqu'au 31 mars 2020 les déplacements de toute personne sauf dérogation justifiée (attestation). Les infractions peuvent être sanctionnées par une amende forfaitaire de 135 €.

  • Pour les vétérinaires (et les autres professionnels de santé), la carte professionnelle ou le caducée peuvent servir de « laissez-passer ». D'où une recrudescence de véhicules fracturées pour des de vols de caducées. Il convient d'éviter de laisser son véhicule stationné avec ce caducée.
  • Pour le personnel des vétérinaires (ASV), l'attestation professionnelle peut être signée par le vétérinaire employeur avec une validité permanente (voir ce lien).
  • Pour les clients, l'attestation classique est à utiliser au « cas par cas » pour se rendre dans une clinique vétérinaire en cochant selon les cas :
  • Pour les éleveurs, la case « achats de fournitures nécessaires à l'activité professionnelle »,
  • Pour les propriétaires d'animaux de compagnie, la case « achats de première nécessité » pour l'achat d'aliments, de médicaments… ou la case « déplacements pour un motif de santé » pour amener un animal malade en consultation.

Quels sont les actes qui doivent être différés et ceux qui ne le peuvent pas ?

Pour répondre à cette question, de nombreux communiqués de l'Ordre des vétérinaires ont été diffusés en concertation avec les autres organisations professionnelles vétérinaires, ce qui en augmente le poids en cas de litige.

La liste des actes vétérinaires à maintenir (seulement après appel téléphonique) ou à différer s'est affinée au fur et à mesure de cette semaine (voir le tableau ci-dessus). Les mesures barrières doivent être appliquées. Un gel hydroalcoolique est évidemment recommandé à l'entrée et à la sortie de la clinique.

Pour éviter les attentes dans un lieu confiné, il est recommandé de n'autoriser l'entrée qu'à un seul client à la fois dans le hall d'accueil, et donc seulement sur rendez-vous, même pour les urgences.

Les demandes des clients qui ne peuvent être différées sont celles qui présentent :

  • Un risque sanitaire, comme la diffusion de maladie contagieuse comme la grippe ou la rhinopneumonie équine ;
  • Un impact économique élevé, comme les soins aux juments durant la saison de monte qui démarre (en évitant les déplacements même dans ce cadre).
  • Un risque pour le bien-être animal, notamment la prise en charge des urgences, l'accès aux médicaments et aux aliments.

En revanche, peuvent être différées,

  • Les vaccinations des animaux de compagnie après consultation des enseignants de médecine préventive des écoles vétérinaire et du groupe spécialisé de l'Afvac (GEMP),
  • Les visites de BSE (bilans sanitaires d'élevage) et les visites sanitaires obligatoires (bovins, petits ruminants, porcins et équidés),
  • Certaines opérations de prophylaxie (sauf si la mise à l'herbe des bovins exige que ces actes soient réalisés avant),
  • Certains actes de prescription-délivrance sans caractère d'urgence,
  • Les visites à domicile des animaux de compagnie dans des zones urbaines denses, devraient, si possible, être évités, le risque de transmission étant alors à l'évidence bien plus élevé que dans une zone rurale pour les visites rurales ou équines,
  • Les actes d'ostéopathie et de médecine alternatives (physiothérapie).

Ces directives professionnelles sont évidemment à apprécier au cas par cas, selon l'état de santé présumé des animaux pour lesquels le vétérinaire est appelé.

Et si mon appareil de réanimation pouvait servir aux hôpitaux ?

Le ministère de la santé a demandé à l'Ordre des vétérinaires de recenser les appareils d'anesthésie et de réanimations des vétérinaires qui accepteraient de les mettre à disposition des hôpitaux humains, si cela s'avérait nécessaire « pour faire face à un afflux de personnes malades nécessitant une réanimation ».

L'Ordre relaie cet appel et demande aux vétérinaires qui l'acceptent de compléter jusqu'au lundi 23 mars 2020 un formulaire sur les appareils de réanimation, d'anesthésie, les concentrateurs d'oxygène et les scopes qui pourraient être mis à la disposition des hôpitaux humains (voir ce lien).

Peut-on éviter des achats paniques qui créent des pénuries ?

Les rumeurs puis l'annonce du confinement total ont provoqué depuis le début de semaine des comportements d'achats inhabituels et sans doute très excessifs, notamment sur le commerce alimentaire.

Les achats de petfoods chez les vétérinaires n'ont pas été épargnés par cette frénésie. Les volumes d'achats ont triplé dans les centrales. Dans une moindre mesure, les volumes achats de médicaments ont aussi doublé. De tels achats tendent évidemment la distribution en gros qui sont aussi confrontés à la crise sanitaire. Ils sont surtout susceptibles de générer des pénuries alors que les stocks seraient suffisants dans une situation normale d'achats.

Les chiens peuvent-ils être porteur ? Non sauf qu'il y a un second cas…

Pour le moment, le covid-19 n'est pas considéré comme une zoonose. A l'exception d'un seul chien effectivement infecté à Hong Kong, le virus n'a pas été retrouvé sur un animal domestique

Toutefois, le 19 mars, les autorités de Hong Kong ont annoncé qu'un second chien vient d'être testé positif pour le coronavirus du covid-19, un berger allemand (voir ce lien). Le scénario est le même que dans le premier cas. La propriétaire du chien a été hospitalisée pour covid 19 et ses deux animaux (un autre chien croisé accompagne ce berger allemand) sont arrivés aux services de la quarantaine officielle hier. Les animaux en bonne santé apparente ont fait l'objet de prélèvements. Les résultats sont revenus positifs pour le berger allemand (sans préciser s'il s'agit de faiblement positif ou pas) et négatif pour le croisé. La presse de Hong Kong précise que le berger allemand est âgé de deux ans et le croisé de quatre (voir ce lien). Les services de la quarantaine indiquent que les deux chiens sont placés dans des chenils différents et que les prélèvements (écouvillons oraux et nasaux) seront renouvelés dans les jours à venir. Quatre chats sont également dans cette quarantaine pour les mêmes raisons et font l'objet de tests. En l'absence d'information sur les résultats, il faut sans doute en déduire qu'ils sont négatifs.