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16 mars 2020

Pendant le COVID-19, vétérinaires (comme animaleries) restent ouverts, mais engagés à une biosécurité scrupuleuse

par Vincent Dedet

Temps de lecture  7 min

L'Ordre des vétérinaires a publié ce dimanche soir un communiqué accompagné de « la liste des activités vétérinaires ne pouvant pas être différées et celles devant l'être ». Celui-ci a été rédigé « en étroite collaboration avec les organisations professionnelles vétérinaires syndicales et techniques [FSVF, SNVEL, SNGTV, AVEF et AFVAC], en concertation avec les services du Ministère en charge de l'agriculture ». Il « invite solennellement les vétérinaires à prendre la juste mesure de l'ampleur de la crise sanitaire en cours en s'attachant à appliquer strictement, et avec la rigueur scientifique qui s'impose à eux, les consignes gouvernementales visant à lutter contre la propagation du virus SARS-CoV-2 ».
L'Ordre des vétérinaires a publié ce dimanche soir un communiqué accompagné de « la liste des activités vétérinaires ne pouvant pas être différées et celles devant l'être ». Celui-ci a été rédigé « en étroite collaboration avec les organisations professionnelles vétérinaires syndicales et techniques [FSVF, SNVEL, SNGTV, AVEF et AFVAC], en concertation avec les services du Ministère en charge de l'agriculture ». Il « invite solennellement les vétérinaires à prendre la juste mesure de l'ampleur de la crise sanitaire en cours en s'attachant à appliquer strictement, et avec la rigueur scientifique qui s'impose à eux, les consignes gouvernementales visant à lutter contre la propagation du virus SARS-CoV-2 ».
 

« La profession vétérinaire a pour mission d'assurer la continuité du service auprès des animaux nécessitant des soins qui ne peuvent être différés sans mettre en danger leur santé [voir l'image principale], d'assurer la continuité de la surveillance individuelle ou collective des maladies contagieuses ainsi que les interventions en lien avec la qualité sanitaire des denrées alimentaires d'origine animale conformément aux prescriptions de la Direction générale de l'alimentation et en parfaite coordination avec les Directions départementales de la protection des populations (DDPP) », indique un communiqué de l'Ordre national des vétérinaires et repris par ses Conseils régionaux, diffusé ce dimanche 15 mars au soir.

Visites à domicile ?

Toutefois, au titre de la biosécurité, « il est impératif de n'accepter de prendre en charge un animal, une demande de prescription, une délivrance de médicaments vétérinaires, une demande de cession d'aliments pour animaux, que sur rendez-vous après appel téléphonique préalable. Cette mesure organisationnelle de bon sens vise à réguler le flux des personnes présentes dans une même unité de lieu et de temps en fonction de l'espace disponible ». La continuité des soins se faisant « en gardant à l'esprit l'impérieuse nécessité de restreindre au maximum les déplacements et les interventions jugées non indispensables », « ces règles prudentielles s'appliquent aux visites vétérinaires à domicile ».

Animaleries ouvertes

Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Économie Bruno Lemaire avait annoncé, lors d'une conférence de presse à 14 h que « les animaleries et magasins d'alimentation pour les animaux resteront ouverts. Là aussi pour qu'il n'y ait pas d'inquiétude pour tous ceux qui, légitimement s'inquiètent pour leurs animaux de compagnie ». Il soulignait que la grande distribution assurait que plus de 95 % des références de produits alimentaires étaient disponibles et qu'il n'y aurait pas de pénurie alimentaire « dans les jours ni les semaines à venir ».

Biosécurité scrupuleuse

Le communiqué de l'Ordre vient clore les interrogations suscitées par la publication de l'arrêté du 14 mars 2020 publié au Journal officiel du 15 mars qui, dans son article 1, liste les types d'établissement qui « ne peuvent plus accueillir du public jusqu'au 15 avril 2020 », et où les structures vétérinaires n'étaient pas citées. Ce que reprend le communiqué ordinal : cet arrêté « ne classe pas les établissements de soins vétérinaires parmi les établissements recevant du public soumis à l'obligation de fermeture jusqu'au 15 avril 2020 ». Pour autant, l'Ordre « appelle les vétérinaires à redoubler de vigilance en appliquant scrupuleusement les consignes de prévention. N'ajoutons pas à la crise de santé publique des menaces pour la santé animale ». A ce titre, « il est impératif de respecter les consignes de distance d'un mètre entre les personnes présentes. Le cas échant, des consignes doivent également être rappelées pour maintenir une distanciation d'au moins un mètre dans les éventuelles files d'attente à l'extérieur des établissements de soins vétérinaires ».

Rôdés à la gestion de crise

Le communiqué s'accompagne d'un avertissement liminaire : « les dispositions [qui y sont] exposées (…) sont susceptibles d'évoluer à la lumière de l'évolution de la situation sanitaire ou des constats qui seront fait quant à l'application des mesures prescrites ». Pour autant, il prévient aussi que « les vétérinaires doivent prendre conscience que cette crise sans précédent peut s'inscrire dans un temps long de plusieurs semaines ou de plusieurs mois. Ils doivent s'organiser dans cette perspective durable en visant à ne pas compromettre leur capacité d'intervention au service de la santé animale, en préservant et en protégeant leurs collaborateurs et eux-mêmes de tout risque de contamination ». « Merci de le faire avec pragmatisme, bienveillance, et avec la rigueur scientifique d'une profession rodée à la gestion de crise ».

Reports de prélèvements

Côté mesures économiques, un courriel de la direction générale des finances publiques a également été adressé aux professionnels le 15 décembre au matin, rappelant aux travailleurs indépendants : « vous pouvez moduler à tout moment votre taux et vos acomptes de prélèvement à la source. Vous pouvez aussi reporter le paiement de vos acomptes de prélèvement à la source sur vos revenus professionnels d'un mois sur l'autre jusqu'à trois fois si vos acomptes sont mensuels, ou d'un trimestre sur l'autre si vos acomptes sont trimestriels. Toutes ces démarches sont accessibles via votre espace particulier sur impots.gouv.fr, rubrique “Gérer mon prélèvement à la source” : toute intervention avant le 22 du mois sera prise en compte pour le mois suivant. Si vous avez un contrat de mensualisation pour le paiement de votre CFE ou de votre taxe foncière, vous avez la possibilité de le suspendre sur impots.gouv.fr ou en contactant votre Centre prélèvement service : le montant restant vous sera prélevé au solde, sans pénalité ».

Chien infecté à Hong Kong

Du côté du loulou de Poméranie détecté infecté à Hong Kong fin février, son infection par le virus SARS-CoV-2 a bien été confirmée. D'abord le 4 mars à la suite de l'obtention d'une analyse « faiblement positive » pour la présence du génome viral dans les cavités buccale et nasales de l'animal à trois reprises entre le 26 février et le 2 mars. « Des experts de l'école de santé publique de l'université de Hong Kong, de la faculté de médecine vétérinaire de de sciences biologiques de l'université de la ville et de l'OIE ont été consultés et se sont accordés à l'unanimité sur le fait que ces résultats suggèrent que le chien ait une infection de bas niveau, et qu'il s'agit probablement d'un cas de transmission de l'Homme à l'animal ». Ensuite le 12 mars, date du dernier communiqué en date sur cet animal, qui précise que des écouvillons nasaux et buccaux ont été réalisés « à 5 reprises depuis fin février et ont [permis de] détecter de faibles niveaux de virus », ce qui – cette fois – confirme sans ambiguïté qu'il y a réplication virale dans la sphère oronasale de ce sujet (plus de contact infectant depuis le 25 février). Ce communiqué précise également que le chien ne présente toujours pas de signes cliniques. Enfin, le séquençage de certains gènes cette souche canine a été réalisé, ainsi que celui des souches « de ses contacts proches [ses propriétaires]. Les séquences virales sont très semblables, indiquant que le virus s'est probablement transmis des personnes infectées au chien ».

Avis de l'Anses

Une saisine a été adressée à l'Anses le 2 mars, sur « le rôle potentiel des animaux domestiques (animaux de rente et de compagnie) dans la propagation du virus SARS-CoV-2 ; le rôle potentiel des aliments dans la transmission du virus ». L'avis a été signé le 9 mars et mis en ligne le 11. C'est-à-dire avant le dernier communiqué de Hong Kong. Logiquement, « selon les experts, la présence d'ARN détecté par RT-PCR au niveau des cavités nasales et orales n'est pas une preuve suffisante pour conclure à une infection de l'animal. Une contamination passive n'est pas à exclure. Au vu de ces éléments, le [groupe d'experts] souligne la nécessité d'investiguer de façon plus approfondie ce cas en réalisant des analyses supplémentaires, et que soit poursuivie la communication des résultats à l'OIE au fur et à mesure de leur réalisation ».  Quant à la voie alimentaire de contamination : après l'analyse des données disponibles, « la voie de transmission du SARS-CoV-2 par voie digestive directe a été écartée par les experts [de l'Anses], dans l'état des connaissances à ce jour ».

Attention aux AINS

Au 15 mars au soir en France, 5 423 cas d'infection au SARS-CoV-2 étaient confirmés par le ministère des Solidarités et de la Santé, dont « plus de 400 cas graves hospitalisés [et] 127 personnes décédées ». La veille, un message « d'actualisation des recommandations Covid 19 » avait été publié par la direction générale de la santé, qui comprend un paragraphe sur « l'utilisation d'AINS chez des patients atteints Covid-19 : des évènements indésirables graves liés à l'utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont été signalés chez des patients atteints de COVID19, cas possibles ou confirmés. Nous rappelons que le traitement d'une fièvre mal tolérée ou de douleurs dans le cadre du COVID19 ou de toute autre virose respiratoire repose sur le paracétamol, sans dépasser la dose de 60 mg/kg/jour et de 3 g/jour. Les AINS doivent être proscrits. A l'inverse, les patients sous corticoïdes ou autres immunosuppresseurs pour une pathologie chronique ne doivent pas interrompre leur traitement, sauf avis contraire du médecin qui les suit pour cette pathologie. Cette recommandation doit être diffusée largement auprès de l'ensemble des professionnels de santé »