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4 février 2020
Affluence, nouveautés et projets, programme sur mesure… le congrès e-vet confirme son succès en 2020
Pour sa seconde édition, le congrès sur la "médecine vétérinaire connectée" e-vet a parié une nouvelle fois sur ses choix précédents, en proposant une journée alternant conférences en salle plénière, interventions ciblées par espèces et courtes présentations d'acteurs du domaine. Un programme qui avait plu l'an passé pour la première édition (voir LeFil du 11 février 2019). Organisé dans un espace bien adapté à ce format (New Cap Event Center sur le quai de Grenelle à Paris), e-vet 2020 a attiré un public plus nombreux, associant start-up, industriels du médicament, du petfood comme du service numérique, GIE et réseaux de cliniques… praticiens curieux ou passionnés.
e-vet est co-organisé par l'Afvac, l'Avef et la SNGTV, et bénéficie de l'implication du think-tank Vet IN Tech.
La première conférence a « planté le décor », en laissant Eleanor Green de l'université du Texas aux USA présenter l'évolution de la relation clients dans les cliniques vétérinaires. Prenant exemple sur le concept à succès développé par Disney, notre consœur conseille de considérer le propriétaire comme un hôte et non un client, et de veiller à ce que sa visite soit une expérience si positive qu'elle l'incite à revenir. Il convient alors de dépasser ses attentes, en le recevant de manière personnalisée (appeler son animal par son nom), dans un environnement propre et accueillant (pour lequel les détails comme les abords, l'aménagement où la décoration ont leur importance), où l'objectif du service apporté est clair (soigner les animaux), notamment. En termes de recrutement, les collaborateurs ne doivent pas chercher à trouver un emploi, mais à rejoindre une culture de travail.
Les progrès technologiques, avec le développement de la télémédecine et des outils connectés, mais aussi de la génomique et de la robotique, s'accélèrent de manière exponentielle. Et, selon Eleanor Green, les vétérinaires devraient déjà se projeter dans « ce qui sera ». Par exemple, la communication avec des avatars, qui expriment des émotions (contrairement aux robots), ou la création de nouveaux services comme des "uber pets" pour le transport d'animaux.
Les aspects éthiques et juridiques de l'e-médecine posent toutefois question, particulièrement la propriété et l'exploitation des données collectées, mais aussi la fiabilité des outils connectés, qui nécessiterait d'être systématiquement validée au travers d'études rigoureuses.
La dernière conférence de la journée s'est justement intéressée à ces points. Louis Schweitzer, président du tout nouveau "Comité d'éthique Animal Environnement Santé" créé fin 2018 par le Conseil national de l'Ordre, a fait l'état des lieux des travaux en cours. Les objets connectés font en effet partie, avec l'euthanasie, des 2 premiers sujets dont le Comité s'est saisi. L'avis de ce dernier n'étant pas finalisé, son président a livré sa perception personnelle. Très enthousiaste sur les extraordinaires progrès que la médecine connectée est susceptible d'apporter, il a listé les 3 principaux risques identifiés.
À ce stade des réflexions, les recommandations envisagées sont la mise en place de normes (ce qui est long et complexe s'agissant de normes européennes), la construction de bases de données sur les techniques, les matériels et leurs usages (ce qui nécessite des études objectives) et le développement de "bonnes pratiques d'emploi".
Face à la diversité du public, le programme du congrès proposait des séries d'interventions simultanées, d'abord en lien avec le domaine d'activité vétérinaire. La « plénière Afvac », par exemple, s'est concentrée sur l'état des lieux et les perspectives d'avenir de la médecine connectée dans trois domaines : l'ophtalmologie, la neurologie et la cardiologie.
Des membres de la « délégation française Vet IN Tech » s'étant déplacée au CES de Las Vegas (consumer electronic show) début janvier ont également partagé ce qu'ils y avaient découvert de plus marquant : en santé humaine par exemple, un dispositif permettant de déclencher des actions à partir d'un bouton où se fixe le regard, et en santé vétérinaire une table d'anatomie virtuelle. Les principales tendances à venir portent sur le développement de robots de compagnie pour les chiens et les chats, de boîtes de dialogue à distance (entre l'animal et son maître), de l'impression 3D de prothèses…
Réparties ensuite dans 7 salles, de courtes présentations d'outils ou de programmes, déjà commercialisés ou en cours de développement, étaient menées en parallèle. Particulièrement bien minutées, ces sessions permettaient aux congressistes d'assister à la carte à celles correspondant à leurs centres d'intérêt personnels : guêtres connectées en équine, chatbot, litière pour chat ou calculateur de ration ménagère en canine, analyse de l'ambiance du bâtiment et du comportement des animaux d'élevage en rurale, etc. etc. etc. Des outils toujours plus malins, diversifiés et ouvrant moult perspectives d'exploitation pour améliorer ou simplifier le travail du vétérinaire.
Et si la question est récurrente, la réponse se répète également, et reste rassurante : non, l'intelligence artificielle ne peut pas remplacer l'intelligence humaine et le métier de médecin ou de vétérinaire évoluera sans disparaître. Dans sa conférence, Pascal Gené (IBM Watson Health) a rappelé que l'Homme pilote l'intelligence artificielle (IA) : il en définit les objectifs, la conçoit, en vérifie les résultats, assure sa maintenance, décide de son utilisation… ou non, etc. Combiner intelligence humaine et artificielle permet en revanche de corriger les biais de chacune. L'être humain présente des limites d'ordre cognitif, mais face à l'imprévu, il sait réagir bien mieux que le meilleur des programmes d'IA.
Selon notre confrère, le projet de loi sur la bioéthique, actuellement en cours de préparation, prévoit d'imposer une garantie humaine dans l'interprétation des résultats issus des programmes d'IA, l'obligation de l'information du patient (n'allant pas jusqu'à son consentement) sur l'exploitation de ses données, la décharge de la responsabilité du concepteur du programme (ou de l'outil) sur l'usage qui en est fait ensuite, mais l'éventuelle responsabilité des professionnels de santé quant à leur non-utilisation dans le cadre de l'obligation de moyens… Nul doute que l'organisation d'e-vet 3, déjà annoncé, saura s'en inspirer. Rendez-vous début 2021.
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