13 septembre 2019

Dans le code de la santé publique, le pharmacien est le premier ayant droit du médicament, le seul qui ait le droit de tenir officine ouverte, sans conditionner les ventes à un examen clinique préalable mais, parfois, à une ordonnance préalable. Tout du moins en théorie.

En pratique, près de 80 % des ventes sont réalisées par les vétérinaires et aux alentours de 6 % par les pharmacies selon les statistiques quasi officielles de l'AIEMV (association interprofessionnelle du médicament vétérinaire) [voir LeFil du 5 août 2019]. Toutefois, l'AIEMV ne prend pas en compte les ventes des deux grands laboratoires spécialisées pour les officines, Omega-Pharma (gamme Clément-Thékan) et Auvex (gamme Biocanina). Ni d'ailleurs celles des nombreuses gammes d'APE qui sont vendus exclusivement en animaleries ou hors du circuit vétérinaire.

Pas plus 10 % de part de marché en officine sauf sur les antiparasitaires

Les ventes en pharmacies ne dépassent donc pas 10 % du marché et restent marginales sauf dans quelques classes — les antiparasitaires surtout — ou les pharmaciens concurrencent plus fortement les vétérinaires.

Offisanté publie deux études de marché sur les produits vétérinaires vendus en officines dans deux éditions successives de son « petit journal [électronique] de ma pharmacie » de 2019.

• La première porte sur les antiparasitaires externes et internes des chiens et des chats qui, pour la plupart, peuvent être vendus sans ordonnance. Ce plus gros marché vétérinaire en pharmacie reste en faible croissance : +1,2 % en volume, + 0,6 % en valeur entre 2019 et 2018.
• La seconde s'intéresse aux autres produits, qui, à l'inverse, sont souvent des médicaments soumis à ordonnance. Même s'il n'est pas interdit à un confrère de prescrire des médicaments vétérinaires pour que ses clients aillent se les procurer en pharmacie, il est probable, voire presque certain, que la plupart de ses ventes sont illégales. Cela explique sans doute que ce marché soit en forte baisse : - 5,3 % en volume et -8,7 % en valeur.

Meilleures ventes en officines : Seresto°, Frontline°, Advantix°…

Sur le gros marché des antiparasitaires pour chiens et chats vendus en officines, quatre laboratoires représentent 85 % des ventes, dans l'ordre : Bayer (un tiers des ventes), BI-Merial et Omega-Pharma (21 % de part de marché chacun) loin devant les gammes Biocanina d'Auvex° (8 %). Offisanté signale que les taux de marges des gammes officinales d'Auvex° (Biocanina) et d'Omega-Pharma (Clément-Thékan) de 33 ou 34 % sont bien supérieurs à celles de produits plus concurrencés de Bayer (Seresto°) à 24 % ou BI-Merial à 28 % (Frontline°). Bayer et Auvex sont les seuls à avoir fait croître leurs ventes d'environ 5 % entre 2018 et 2019, les autres laboratoires étant plutôt en légère baisse.

• Chez Bayer, les colliers Seresto° (16 % du marché) tirent les ventes, devant les spot-on Advantix° pour chiens (4 %), Profender° et Advantage° pour chats (2,3 %).
• BI-Merial continue de profiter de la forte notoriété de la marque Frontline° (10 % de part de marché).
• Les ventes des gammes d'antiparasitaires Clément-Thékan (Oméga Pharma) sont plus éparpillées entre différents génériques : Fiprokil° (générique de Frontline°), Milprazikan° (générique de Milbemax°) etc.

61 % des APE et 87 % des API vendus par les vétérinaires

Sur les marques dites vétérinaires d'antiparasitaires externes (APE) ou internes (API) — celles de Bayer, BI-Merial, MSD, Elanco, Virbac, Ceva —, le vétérinaire reste au global largement prédominant avec plus de 60 % des ventes des APE et près de 90 % pour les API. Toutefois, dans ces parts de marché, les gammes dites officinales — celles de Biocanina ou de Clément-Thékan — sont exclues car à 100 % vendues en officines, tout comme les gammes génériques d'APE vendus exclusivement en animaleries ou sur des boutiques en ligne, mais jamais en cliniques vétérinaires.

Pour les antiparasitaires internes, seulement 12 % des ventes des gammes vétérinaires sont donc faites en officine. Pour les antiparasitaires externes, la fuite vers d'autres circuits est plus importante. 13 % de ces gammes dites vétérinaires sont vendues en ligne ou dans les animaleries, notamment pour les colliers et les spot-on dérogatoires (ou en vente libre). Un quart des ventes des gammes vétérinaires est réalisé en officine. Mais le vétérinaire conserve néanmoins la plus grosse part de marché sur ces gammes, avec plus de 60 % des ventes des APE en se concentrant alors sur les gammes les plus récentes qui restent sur prescription, notamment les isoxazolidines.

Un tiers des vermifuges équins vendus (illégalement) en officines

En dehors des antiparasitaires pour chiens et chats, le plus gros marché en officine est celui des vermifuges pour chevaux — 40 % des ventes — devant les anti-inflammatoires stéroïdiens ou non par voie orale (15 %), les produits d'hygiène (14 %), les laits maternisés (10 %) et d'autres topiques et aliments complémentaires.

L'importance des ventes des vermifuges équins en pharmacie explique que quatre laboratoires — MSD avec Panacur° Pâte, BI-Merial avec Eqvalan° ± Duo, Virbac avec Equimax°/Eraquell° et Zoetis° avec Strongid° et Equest° ± Pramox° — représentent chacun 10 % du marché officinal (hors APE et API pour chiens et chats). Tous les vermifuges équins ne pouvant être délivrés que sur prescription, la quasi-totalité de ces ventes sont sans doute illégales et souvent concentrées sur une poignée de pharmacies réputées pour fournir les centres équestres ou les écuries.

La plupart des produits les plus vendus en officines dans les autres classes sont ceux des gammes Thékan-Clément ou de Biocanina.