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21 juin 2019
Pourquoi le cannabis est-il interdit en thérapeutique, même dans la cascade, mais permis dans les aliments
Le cannabis, et ses dérivés, l'huile de chanvre ou le cannabidiol (CBD), peuvent rendre les vétérinaires schizophrènes… à défaut de les rendre plus zen !
Comment ce paradoxe est-il possible ? Explications dans ce Fil.
Interrogée sur ce point par l'Ordre des vétérinaires, l'Agence du médicament (Anses-ANMV) indique que « les produits contenant des tétrahydrocannabinols (THC) ou du cannabidiol (CBD) [les substances actives du cannabis ou chanvre] pouvant revendiquer des allégations thérapeutiques comme analgésique chez les chiens et chats, relèvent du statut du médicament vétérinaire » avec AMM.
Pour l'agence, le recours dans le cadre de la cascade à des préparations extemporanées ou à des médicaments humains à base de cannabidiol (CBD) ou de 9-delta-tétrahydrocannabinol (ou 9-THC ou THC, la principale substance psychoactive du chanvre), ou, à l'avenir, du cannabis thérapeutique à usage humain est donc interdit. Car il existe de nombreux médicaments vétérinaires analgésiques avec AMM. Pour cette agence, le vétérinaire ne manque donc pas de médicaments disponibles au point qu'il serait nécessaire de recourir à du cannabis ou à ses dérivés dans un but thérapeutique.
Le cannabis et sa résine sont classés parmi dans les stupéfiants, ainsi que les THC. Le cannabidiol n'est pas, à ce jour, explicitement classé dans les stupéfiants (ni dans les substances vénéneuses). Mais, le site drogue.gouv.fr considère que les interdictions qui s'appliquent au cannabis (interdiction de détention, d'achat ou de vente, d'usage, de production etc.) s'appliquent aussi au cannabidiol. Car il s'agit évidemment d'un « produit obtenu à partir du cannabis ».
Actuellement, deux médicaments humains à base de cannabidiol ou de 9-THC bénéficient d'une ATU avec une prescription restreinte à l'usage hospitalier. Ils ne sont donc pas disponibles en officines ni pour les médecins de ville, ni a fortiori pour les vétérinaires. Ces deux médicaments sous ATU sont les suivants :
Une expérimentation est aussi envisagée à partir de 2020 chez l'homme avec du cannabis dit « thérapeutique » pour lutter contre certaines douleurs neuropathiques réfractaires ou certaines formes d'épilepsie. L'Académie de pharmacie s'oppose d'ailleurs à l'emploi de ce terme de « cannabis thérapeutique » si les produits qui sont utilisés ne sont pas des médicaments avec AMM, mais des extraits de chanvre « composés de 200 principes actifs différents et variables en quantités et en proportion selon les modalités de culture, de récolte, de conservation ». Sans le statut de médicament, le terme de « thérapeutique » ou de « médical » ne devrait pas, selon l'Académie, être utilisé pour une forme de cannabis. Car cela serait « abusif et illicite ».
Il est en effet proposé que ce cannabis thérapeutique expérimental soit à base d'huile et fleurs séchées de chanvre, sous des formes orales (solutions buvables, ou capsules) sublinguales ou inhalées (en vaporisation mais pas sous des formes qui seraient fumées).
Le cannabis étant un stupéfiant, le code de la santé publique (art. R. 5132-86) interdit sa culture, son transport, sa détention, ses ventes (ou cessions), son acquisition ou simplement son emploi. Mais, le même article de code de la santé prévoit aussi des dérogations à ces interdictions pour permettre la culture et l'exploitation de variétés de cannabis sans propriétés stupéfiantes, souvent appelé chanvre agricole ou industriel. Des aides européennes sont même accordées aux agriculteurs qui cultivent ce change dépourvu de propriétés stupéfiantes.
Ces variétés de chanvre ne contiennent donc pas ou très peu de substances psychoactives, notamment de 9-delta-tétrahydrocannabinol (ou 9-THC ou THC), le plus abondant des cannabinoïdes présent dans le cannabis. Le cannabidiol (CBD) est en revanche moins abondant dans le chanvre (de 0,1 à 3 % de la matière sèche) et considéré comme pas ou peu psychoactif.
Un arrêté d'application précise donc les modalités d'application de cette dérogation qui s'applique aussi au cannabidiol, extrait du chanvre agricole.
Enfin, aucun des produits finis, même des aliments fabriqués à partir de ce chanvre légal (ou du cannabidiol qui en est extrait), ne peut revendiquer une allégation thérapeutique, sauf, évidemment, s'il s'agit d'un médicament avec AMM.
Dans le cas des aliments pour animaux, les graines de chanvre agricole (ou chènevis), l'huile de chanvre et le tourteau de pression de chanvre et de chènevis sont inscrits au catalogue officiel des matières premières des aliments pour animaux publié dans le règlement européen 2017/1017 (JOUE 21/6/17). Ce catalogue officiel harmonise les dénominations et les caractéristiques des matières premières des aliments pour animaux. Un contrôle de la teneur en THC (< 0,2 %) est exigé dans les graines de chanvre.
Des aliments pour animaux (chiens et chats) peuvent donc, à l'évidence, être préparés à partir de ce chanvre agricole légal, avec toutefois un taux de THC indétectable dans l'aliment (produit fini), dans l'huile de chanvre, et < 0,2 % dans les graines de chanvre.
Le taux de cannabidiol n'est pas plafonné par cette réglementation européenne sur l'alimentation animale.
Une recherche google montre que de très nombreuses gammes de produits pour chiens (et chats) sont présentées comme contenant du chanvre et/ou de cannabidiol (surtout l'huile de CBD), pour la plupart avec le statut d'aliments pour animaux en s'appuyant sur les inscriptions du chanvre (graines, huile, tourteau) dans le catalogue officiel.
En voici quelques exemples vendus, pour la plupart, en direct au propriétaire d'animaux. La liste est loin d'être exhaustive.
Souvent, pas toujours, des allégations thérapeutiques sont assez clairement citées : douleur, anxiété, stress, arthrose, tumeurs, épilepsie, tremblements, spasmes… voire des troubles cutanés. Le risque est alors élevé d'une requalification de ces produits en médicament vétérinaire, ce qui reviendrait alors à les interdire.
Dans le circuit vétérinaire, Virbac lance aussi actuellement un aliment complémentaire pour chiens et chats, Anibidiol° Plus à base d'huile de chanvre et de vitamines B3 et B6. Les granulés sont présentés en boîte de 30 sachets de 5 g avec par sachet la composition suivante : 38 mg d'huile de chanvre, 16 mg de vitamine B3 (niacine) et 2,5 mg de vitamine B6 (pyridoxine). Le tarif d'achat centrale pour les vétérinaires est aux alentours de 30 € HT.
Dans sa présentation (voir ce lien), Virbac se garde bien de citer, même implicitement, une allégation thérapeutique. Il est juste mentionné qu'il s'agit « d'un aliment complémentaire pour animaux qui contient de l'huile de chanvre ». Seule la dénomination commerciale, Anibidiol°, évoque le cannabidiol et donc le cannabis.
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