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16 avril 2015

Birdsbesafe° : une collerette féline made in USA,

pour laisser des chances aux oiseaux des jardins

par Vincent Dedet

Une fois en place, la collerette Birdsbesafe° est plissée et fait une fraise de 5 cm autour du cou du chat. Ses couleurs bigarrées sont fondées sur l’excellente vision des couleurs des passereaux des jardins. À noter que les reptiles et les amphibiens ont également une bonne vision des couleurs… Dans les dernières versions, la collerette comporte une bande reflétant la lumière, permettant de signaler le chat aux conducteurs nocturnes (cliché birdsbesafe.com).

A défaut de ramener des oiseaux chez vous, votre chat pourra ramener sa fraise… à condition qu’elle soit de couleurs vives ! Deus équipes scientifiques, aux USA et en Australie, viennent de valider l’efficacité d’une collerette en tissu – Birdsbesafe° – à réduire le succès des chats dans leur prédation d’oiseaux.

 
Une fois en place, la collerette Birdsbesafe° est plissée et fait une fraise de 5 cm autour du cou du chat. Ses couleurs bigarrées sont fondées sur l’excellente vision des couleurs des passereaux des jardins. À noter que les reptiles et les amphibiens ont également une bonne vision des couleurs… Dans les dernières versions, la collerette comporte une bande reflétant la lumière, permettant de signaler le chat aux conducteurs nocturnes (cliché birdsbesafe.com).
 

Les propriétaires de chats qui sont en même temps amateurs d’oiseaux des jardins auront un chat ridicule, mais des oiseaux à leur porte… bien vivants. Aux USA, il est estimé que 684 millions d’oiseaux meurent sous les griffes ou les crocs de chats de compagnie chaque année. Au Royaume-Uni, une étude publiée en 2013 a estimé qu’en 5 mois, les chats domestiques avaient fait la peau à 92 millions de proies (oiseaux et mammifères). En Australie, où la faune autochtone est souvent menacée, il est estimé que les chats “consomment” près de 50 % de la population d’oiseaux en milieu citadin chaque année.

Vision des passereaux

Pour limiter ce prélèvement sur les populations d’oiseaux, la propriétaire américaine d’un chat particulièrement prédateur a eu l’idée de lui fabriquer un tour du cou en tissu de couleurs vives, que les oiseaux repèrent aisément. « Sur les 18 mois suivants, George [le chat en question, qui ramenait un oiseau par jour] n’a attrapé que 2 ou 3 oiseaux ». Face à cette efficacité, et à force de se dire que “quelqu’un devrait vendre cela”, la propriétaire a créé son entreprise en 2009, qui vend ces collerettes bigarrées, entretemps baptisées Birdsbesafe°, dans le monde entier (voir le site www.birdsbesafe.com).

Inventeuse

La collerette a une forme de tube, de 50 cm de long, qui une fois en place, est plissée autour du cou du chat. Son inventeuse recommande d’utiliser un collier avec un cran de force, fait pour se rompre si le chat devait être retenu par un obstacle. Le collier doit être placé dans le tube avant de le passer au chat, de manière à ce que l’encombrement – qui vise plus à faire repérer le chat par les oiseaux qu'à l'handicaper – ne se transforme pas en piège… Au-delà des sentiments des propriétaires de chats pour l’avifaune, deux équipes viennent de publier en même temps leur validation de l’efficacité de ce dispositif : l’une aux USA et l’autre en Australie.

Collerette arc-en-ciel

Une équipe de l’université vétérinaire Murdoch, dans l’Ouest de l’Australie, a comptabilisé les oiseaux ramenés à leur domicile par les chats de la banlieue de Perth, sur deux années successives (printemps-été 2012 et 2013). Ces chats étaient tirés au sort pour porter la collerette trois semaines et ne pas la porter les trois semaines suivantes — ou l’inverse. Le propriétaire enregistrait l’arrivée des cadavres d’oiseaux sur les 6 semaines. La première année, trois tissus ont été testés : rouge, jaune et arc-en-ciel. C’est ce dernier qui a permis la plus forte réduction des captures (-59 %, -46% et -72 %, respectivement). En comptant oiseaux, reptiles et amphibiens, qui ont tous une bonne vision des couleurs, la réduction moyenne observée des proies était de 54 % pour la collerette.

Efficacité validée

La seconde année de l’étude, tous les chats enrôlés (n=61) ont porté la même collerette arc-en-ciel, et ont apporté 60 % d’oiseaux en moins pendant qu’ils la portaient (et – 54 % pour les reptiles et les amphibiens). Lorsqu’ils comparent la réduction des captures d’animaux à bonne vision par rapport à ceux à mauvaise vision des couleurs (les mammifères), les auteurs confirment que l’efficacité du dispositif est hautement significative (p<0,001). À la fin des 6 semaines de port de la collerette, les propriétaires ont été interviewés sur l’éventuelle modification du comportement de leur chat. Pour 79 % d’entre eux, il n’y a pas eu de période d’adaptation, et pour 16 % il a fallu 2 jours aux chats pour s’y habituer. Un chat ne s’y est pas habitué, un autre se faisait trop aboyer dessus par les chiens de la maison… Pour 9 % des propriétaires, la collerette « ne marche pas » pour réduire les captures, et 27 % « ne sont pas sûrs que cela marche ». Restent près des deux tiers (64 %) qui se disent convaincus et 77 % indiquent qu’ils vont continuer à faire porter la collerette à leur chat…

19 fois moins

Dans l’étude américaine, réalisée dans l’état de New York, le même protocole a été utilisé en alternant le port de la collerette et son absence (2 semaines à chaque fois). Elle a été réalisé à l’automne 2013 (56 chats) et au printemps 2014 (24 chats). À l’automne, les chats ramenaient 3,4 fois moins d’oiseaux lorsqu’ils portaient la collerette. Au printemps, ils en ramenaient 19 fois moins. Cet effet est très hautement significatif. À la différence de l’étude australienne, il y avait aussi un effet sur les proies mammifères (moitié moins, p=0,008), mais seulement à l’automne. Là encore, 69 % des chats se sont adaptés à la collerette sans phase d’adaptation. C’est donc au propriétaire de choisir de faire porter une fraise bigarrée à son félin, au nom des oiseaux.