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25 février 2019
Règlement médicament (2). Le diable se cache dans les détails des dix nouveaux critères de prescription
Avec la mise en œuvre du nouveau règlement médicament vétérinaire 2019/6 publié le 7 janvier 2019 (voir LeFil du 8 janvier), quels seront les médicaments sur prescription ? Des médicaments sur prescription pourront-ils changer de statut et ainsi vendus sans ordonnance en pharmacies ? Ou inversement ?
Le premier Fil de cette série sur ce nouveau règlement était consacré à l'un de ses articles phare : l'article 105 qui décrit les nouvelles modalités de rédaction d'ordonnances qui seront reconnus partout dans l'Union européenne à partir du 28 janvier 2022 (voir LeFil du 21 février).
Ce second Fil décortique les critères de classification sur prescription d'un médicament et, tout aussi importants, les critères d'exonération de prescription. C'est l'article 34 de ce nouveau règlement qui entrera en application. Apparemment, pas de grand changement. Mais apparemment seulement. Car, sur ce point, le diable se cache sans doute dans les détails.
Toutefois, les nouveaux critères européens de prescription, au nombre de dix, ne sont pas identiques à ceux actuellement en vigueur en France (voir le tableau ci-dessous). Il n'est donc pas exclu que des médicaments changent de statut à partir du 28 janvier 2022 selon l'interprétation que feront les agences du médicament de ces dix critères.
Aujourd'hui, chez les animaux de compagnie, en dehors des vaccins et des nouveaux principes actifs, c'est l'inscription de la substance active en liste I ou II des substances vénéneuses qui conduit le plus souvent à déterminer si le médicament est sur prescription. Ce dispositif français des substances vénéneuses, commun aux médicaments humains et vétérinaires, n'est pas repris dans le règlement européen.
Les dix critères européens de prescription peuvent être classés en trois catégories (voir le tableau ci-dessus) :
Bref, la classification d'un médicament sur prescription devient une décision prise au « cas par cas » et laissée à l'appréciation des agences du médicament. On est donc loin, très loin même, de l'application « aveugle, bête et méchante » du classement actuel des substances vénéneuses à la française. L'application de ces nouveaux critères de prescription pourrait donc bien réserver quelques surprises à partir du 28 janvier 2022.
Les exonérations à l'obligation d'ordonnance prévues à l'article 34 (§3) du nouveau règlement sont plus larges qu'aujourd'hui. Elles excluent toutefois les antimicrobiens, les hormones (anabolisants), les euthanasiques ou les stupéfiants. Mais l'exonération sera désormais aussi possible pour les nouveaux principes actifs (datant de moins de 5 ans), aussi bien chez les animaux de compagnie, que dans les productions animales.
Ces exonérations ne seraient pas générales comme elles le sont aujourd'hui pour tous les médicaments répondant aux mêmes caractéristiques. Mais elles seraient, à l'inverse, décidées au « cas par pas » au moment de l'octroi d'une AMM.
Un médicament pourrait, si les agences du médicament en décident ainsi, être exonéré de prescription si les sept critères d'exonération suivants sont satisfaits :
En outre, le médicament exonéré ne doit présenter aucun risque, y compris en cas de mauvais usage (surdosage) :
Jusqu'à présent, ces sept mêmes critères étaient déjà appliqués en Europe pour exonérer de prescription seulement des médicaments destinés aux productions animales. Avec le nouveau règlement, ces critères pourront être aussi appliqués pour exonérer des médicaments pour chiens ou chats qui, jusque-là, étaient sur prescription obligatoire. En particulier, les nouveaux antiparasitaires externes (avec des substances actives autorisées depuis moins de 5 ans) ne sont aujourd'hui disponibles que sur prescription. Mais certains d'entre eux remplissent (probablement) les sept critères d'exonération prévus dans le projet de règlement.
En le justifiant, les États membres peuvent aussi décider qu'un médicament devrait être à « administration vétérinaire exclusive » [art. 106, § 4].
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