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29 janvier 2019

Zoetis obtient une AMM pour le premier vaccin par voie orale pour chiens, ici contre Bordetella bronchiseptica

par Eric Vandaële

Temps de lecture  5 min

Vaccins oraux chez les enfants
En médecine humaine, surtout dans les pays en développement, des vaccins oraux sont utilisés chez les enfants contre la poliomyélite, les diarrhées à rotavirus…
Vaccins oraux chez les enfants
En médecine humaine, surtout dans les pays en développement, des vaccins oraux sont utilisés chez les enfants contre la poliomyélite, les diarrhées à rotavirus…
 

C'est inédit ! Pour la première fois, un vaccin destiné aux chiens vient d'obtenir une AMM par la voie orale. Jusqu'à présent, chez les carnivores, seuls les renards bénéficiaient, de très longue date, de vaccins inactivés antirabiques par voie orale. Le nouveau vaccin oral qui vient d'être autorisé est évidemment très différent de ces vaccins antirabiques dispersés par hélicoptère pour lutter contre une zoonose majeure. Son AMM datée du 20 décembre 2018 est encore trop récente pour qu'il soit déjà fabriqué et commercialisé.

Un vaccin oral contre Bordetella bronchiseptica

Il s'agit de la version par voie orale d'un vaccin vivant de Zoetis — Versican° Plus Bb — déjà développé par voie intranasale contre la toux de chenil à Bordetella bronchiseptica.

Versican° Plus Bb oral a une composition antigénique presque identique à Versican° Plus Bb Intranasal avec toutefois une plus forte teneur minimale de la souche vivante atténuée 92 B de Bordetella bronchiseptica. Comme les autres vaccins vivants pour les chiens, il se présente en flacons unidoses de lyophilisat avec les flacons unidoses de solvant (1 ml d'eau ppi ou purifiée). Point important, même par voie orale (ou intranasale), les vaccins restent des médicaments sur ordonnance.

Le protocole vaccinal prévoit ici une seule administration orale en primovaccination sur des chiens âgés de 8 semaines d'âge. Le vaccin devrait être appliqué à la seringue directement dans la bouche entre les dents et les gencives.

Le délai d'apparition de l'immunité est de trois semaines. Ce délai est nettement plus long qu'avec les vaccins par voie intranasale : 5 jours avec le vaccin Versican° Plus Bb intranasal (sur des chiots de 8 semaines d'âge), 3 jours contre Bordetella bronchiseptica pour Nobivac° Kc sur des chiots âgés de 3 semaines d'âge.

La durée d'immunité du vaccin oral est de 6 mois. Le rappel est donc recommandé deux fois par an. Avec les autres vaccins contre la toux de chenil, les rappels sont annuels.

Recommandé « pour tous les chiens au contact d'autres chiens »

Selon sa notice officielle, le vaccin est recommandé « pour tous les chiens, en particulier ceux qui sont en contact avec d'autres chiens à travers un chenil, des expositions canines, des séances d'éducation de chiots, des élevages…, ou avec d'autres chiens infectés ».

Le vaccin contenant une souche vivante atténuée de Bordetella bronchiseptica, il convient de ne pas vacciner un chien traité par un antibiotique. Si, dans la semaine qui suit la vaccination, une antibiothérapie est appliquée, la vaccination devra être répétée après l'arrêt de l'antibiothérapie.

Post-vaccination, les chiens peuvent excréter la souche vaccinale de Bordetella bronchiseptica pendant 35 jours par voie orale et 70 jours dans les fèces. Mais il n'est pas nécessaire de séparer les animaux vaccinés et non vaccinés. Toutefois, il convient d'éviter le contact avec les personnes (humaines) ou les animaux immunodéprimés. En outre, « les chats peuvent réagir au contact de la souche vaccinale par des signes cliniques modérés : éternuements, jetage, larmoiement… ».

Par voie orale, les effets indésirables de ce vaccin sont rares (0,01 à 0,1 %) — « un léger écoulement oculaire » — ou très rares (< 0,01 %) : « une légère toux transitoire, des écoulements nasaux, une diarrhée transitoire légère, des vomissements ou une léthargie (dans les 14 jours post-vaccination) », voire une « réaction d'hypersensibilité ».

Une seconde solution injectable d'apomorphine, Apovomin°

Dans sa dernière lettre d'information de décembre 2018, l'Agence française du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) signale aussi d'autres AMM octroyées en toute fin d'année 2018 qui ne sont évidemment pas encore référencées en centrales. Développée par Dechra, Apovomin° est ainsi la seconde solution injectable à base d'apomorphine autorisée en France après Emedog° (TVM) depuis 2015.

Les indications comme vomitif chez les chiens sont identiques entre les deux spécialités. Mais il ne s'agit probablement pas ici d'un générique. Car le dosage à 2,56 mg/ml et les présentations en flacons de 5, 10 ou 20 ml diffèrent beaucoup de Emedog : des ampoules de 1 ml dosées à 1 mg d'apomorphine. Pour Apovomin°, les flacons verre multiponctionnables de 5 et 10 ml seront à conserver entre +2 °C et + 8 °C (sans les congeler). Après la première ponction, le flacon se conserve 28 jours si la solution reste incolore. Elle ne devra pas être utilisée si sa couleur vire au vert.

Une troisième solution injectable de diazépam, Solupam°

Autre nouveauté signalée par l'Agence française, Solupam°, du laboratoire néerlandais Le Vet racheté l'an dernier par Dechra. Il s'agit de la troisième solution injectable de diazépam (5 mg/ml) après Diazepam° TVM autorisé en 2014 et, plus récemment en 2018, Diazedor° (Richter Pharma) référencé en centrales actuellement par Axience. Par rapport à ces deux gammes présentées en ampoules verre de 2 ml (sans conservation longue possible après ouverture), Solupam° est conditionné dans des flacons verre multiponctionnables (5, 10 ou 20 ml). Après la première ponction, ce flacon pourra se conserver au maximum 56 jours.

Les indications chez les chiens et les chats et les posologies (par voie IV lente) de Solupam° sont similaires aux deux gammes précédentes de diazépam.

  • Comme anticonvulsivant, la posologie est de 0,5 à 1 mg/kg (soit 0,5 à 1 ml/5 kg). Cette dose peut être répétée jusqu'à trois fois à au moins dix minutes d'intervalle.
  • Contre des « spasmes musculosquelettiques d'origine centrale ou périphérique », la dose peut aller jusqu'à 2 mg/kg, soit 2 ml/5 kg.
  • Comme sédatif, les doses sont plus faibles : de 0,2 à 0,6 mg/kg, soit 0,2 à 0,6 ml/5 kg.
  • Enfin, comme agent pré-anesthésique, la dose est encore plus faible : de 0,1 à 0,2 mg/kg, soit 0,1 à 0,2 ml/5 kg.

Un shampooing de chlorhexidine avec AMM

La lettre de l'Agence du médicament signale qu'elle a aussi accordé en décembre 2018, une AMM comme médicament vétérinaire à un shampooing pour chiens avec AMM à base de chlorhexidine seule : Clearium° développé par Virbac. Deux autres shampooings avec AMM contiennent de la chlorhexidine, mais en association avec le miconazole comme antifongique : Malaseb° (Dechra) et Adaxio° (Ceva). De nombreux autres shampooings à base chlorhexidine sont commercialisés dans la catégorie des biocides en vente libre, dont, entre autres, chez Virbac, le shampooing Pyoderm° à 3 % de digluconate de chlorhexidine.

Clearium° est un shampooing à 17,5 mg/ml de chlorhexidine (soit 31,2 mg/ml en digluconate) présentée en flacon plastique de 200 ml. La chlorhexidine, bien connue comme antiseptique bactéricide, est aussi active contre les levures et, en particulier, contre Malassezia pachydermatis (CMI de 2 à 4 mcg/ml).

Chez les chiens, ce shampoing est indiqué comme « traitement des proliférations de Malassezia pachydermatis à la surface de la peau avec une amélioration des signes cliniques associés ». Un traitement comprend deux applications (de 10 à 50 ml chacune selon la taille du chien) suivies d'un rinçage.

Le protocole thérapeutique s'étale sur six semaines et comprend trois séances de traitement par semaine pendant deux semaines, puis deux séances les deux semaines suivantes et enfin une séance par semaine les deux dernières semaines. Ce schéma est proche de celui recommandé pour l'actuel shampooing Pyoderm°.