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6 décembre 2018

Cytopoint° remporte le premier prix Afvac de l'innovation devant Credelio° chat et Tralieve°

par Eric Vandaële

Temps de lecture  5 min

Le lokivetmab Cytopoint° est le premier anticorps monoclonal commercialisé en médecine vétérinaire.
Le lokivetmab Cytopoint° est le premier anticorps monoclonal commercialisé en médecine vétérinaire.
 

Le samedi 1er décembre à 13 heures 30, les résultats du premier prix de l'innovation thérapeutique organisé par l'Afvac ont été proclamés quelques heures avant la clôture du congrès de Marseille.

Pendant deux jours et demi, les congressistes ont voté sur les innovations présentées à ce congrès dans trois catégories : médicament, dispositif médical et santé connectée. Au préalable, un jury de huit personnalités avait sélectionné pour ce vote trois innovations dans chacune de ces catégories. Les choix du jury et des congressistes se sont révélés convergents.

Le premier Ac monoclonal : le lokivetmab, Cytopoint° (Zoetis)

Le premier anticorps monoclonal vétérinaire, le lokivetmab, Cytopoint° (Zoetis), remporte ce premier prix de l'innovation thérapeutique dans la catégorie médicaments.

Dans la pratique, la solution injectable de lokivetmab Cytopoint° est indiquée pour « réduire les signes cliniques de la dermatite atopique canine » sur la base d'une seule injection SC mensuelle à la dose de 10 mg/10 kg. Le lokivetmab agit en bloquant l'interleukine-31 associée au prurit de la dermatite atopique canine (voir LeFil du 31 juillet 2017). Des essais en laboratoire sur des chiens Beagles confirment une efficacité dose-dépendante à la fois rapide, dans les huit heures, et longue, 28 jours. Les teneurs sériques efficaces sont estimées à 2,3 mcg/ml en moyenne sur 28 jours.

Dans un essai clinique terrain européen comparatif sur trois mois contre la ciclosporine (Atopica°), le lokivetmab réduit un peu plus le score de prurit. À l'inverse, sur le score lésionnel Cadesi, la ciclosporine donne des résultats un peu meilleurs que l'Ac monoclonal. Dans cet essai clinique européen, des Ac anti-lokivetmab ont toutefois été détectés sur trois chiens du groupe Cytopoint° (2,1 %), avec une réduction de l'efficacité pour l'un des trois chiens. Aucune interaction négative n'est attendue en cas d'association avec la ciclosporine ou l'oclacitinib (Apoquel°).

Pour adapter la dose au poids de l'animal, Cytopoint° est présenté dans des flacons unitaires d'un ml en quatre dosages : 10 mg (aux alentours de 56 € prix HT centrale, la boîte de deux flacons), 20 mg (80 € HT les deux flacons), 30 mg (115 € HT les deux flacons) et 40 mg (140 € HT les deux flacons).

Les petits comprimés Credelio° Chat : une alternative aux spot-on

Commercialisé en 2017, Cytopoint° devance deux innovations lancées plus récemment en 2018 : Credelio° Chat (voir LeFil du 8 octobre 2018) et Tralieve° (Dechra) (voir LeFil du 24 avril 2018).

Credelio° Chat est la première gamme de tout petits comprimés aromatisés pour chats à base d'une isoxazolidine, le lotilaner, indiquée à la fois contre les puces et les tiques. L'originalité provient donc de cette forme galénique orale pour un antiparasitaire pour le chat alors que les concurrents se présentent en spot-on. Une étude auprès de cent propriétaires de chats en France montre que 14 % d'entre eux ne sont jamais parvenus à appliquer un spot-on. À l'inverse, 35 % des propriétaires « préféreraient un comprimé APE ». 41 % ne rencontrent « pas de problème à administrer un comprimé » (7 % n'y sont jamais parvenus).

Dans les essais terrains sur trois mois, les 211 propriétaires inclus ont tous réussi à administrer les 629 comprimés prévus, soit 100 % de prise avec ou sans nourriture. En pratique, pour des raisons de biodisponibilité, il est indispensable d'administrer ce comprimé avec de la nourriture (ou juste après un repas).

Inédit : le tramadol vétérinaire Tralieve°

Le tramadol est souvent cité comme analgésique dans les publications vétérinaires. Mais, jusqu'en 2018, aucune formulation n'avait d'AMM vétérinaire. Depuis quelques mois, Dechra commercialise la gamme Tralieve° qui comprend une solution injectable à 50 mg/ml de chlorhydrate de tramadol en flacons multiponctionnables, ainsi que deux comprimés appétents et quadrisécables dosés à 20 et 80 mg.

Les solutions injectables sont indiquées contre les douleurs postopératoires à la dose IV ou IM de 2 à 4 mg/kg (0,4 à 0,8 ml/10 kg) toutes les 6 à 8 heures. À la même dose, les comprimés sont destinés à lutter contre les douleurs aiguës ou chroniques.

Analgésique d'action centrale, le tramadol a un mode d'action complexe associé à ses 2 énantiomères et, surtout, à son métabolite primaire : le O-déméthyltramadol.

  • L'énantiomère (+) du tramadol inhibe la capture de la sérotonine.
  • L'énantiomère (-) inhibe la recapture de la noradrénaline.
  • Surtout, le métabolite actif dispose d'une forte affinité aux récepteurs mu des opioïdes.

La puissance analgésique du tramadol est d'environ 1/10 à 1/6 de celle de la morphine. Mais contrairement à la morphine, le tramadol n'a pas d'effet dépresseur sur la respiration (dans un large éventail des doses analgésiques). D'importantes différences individuelles de métabolisation ont été constatées chez l'homme et chez l'animal, ce qui explique des différentes d'efficacité selon les individus.

Catalyst° SDMA : plus précoce que l'urée ou la créatinine

Dans la catégorie des dispositifs médicaux, c'est le test Catalyst° SDMA développé par Idexx qui remporte le prix de l'innovation thérapeutique. La SDMA (symmetric dimethyl arginine) est un nouveau marqueur de la fonction rénale. Car cette molécule est excrétée exclusivement par les reins par filtration glomérulaire. Ce test évalue la fonction rénale avec une sensibilité plus élevée que l'urée ou la créatinine. Cela conduit à des dépistages plus précoces des animaux (pré)insuffisants rénaux.

Protocol Manager : la vaccination sur mesure

Enfin, dans la catégorie « santé connectée », le lauréat est le service gratuit Protocol Manager° de SantéVet et Zoetis. Ce service permet de proposer des protocoles de vaccination sur mesure, personnalisé à chaque animal, chien ou chat, tout en respectant les recommandations internationales et les spécificités françaises, notamment la réglementation antirabique.

Ce protocole personnalisé prend en compte les maladies à risque pour chaque animal (les données sont saisies par le vétérinaire) et les vaccins disponibles dans la clinique. Il permet aussi d'harmoniser les protocoles de vaccination au sein d'une même structure. Le protocole peut être imprimé sous un format pdf ou envoyé par mail au propriétaire.